Une ligne à haute tension va être installée dans la plus ancienne forêt d’Israël
Le projet de la compagnie d'électricité prévoit l’abattage de centaines d’arbres, certains âgés de plus d’un siècle, dans la forêt de Hulda, plantée en 1907 à la mémoire de Herzl
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

La compagnie israélienne d’électricité prévoit d’ériger de très hauts pylônes pour soutenir un câble à haute tension qui coupera à travers le premier parc jamais établi en Israël par le KKL-JNF Fonds national juif et exigera la coupe de centaines d’arbres, dont certains sont centenaires.
La forêt de Hulda, située à une dizaine de kilomètres au sud-est de la ville de Rehovot dans le centre d’Israël, a été plantée en 1907 à la mémoire de Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique, disparu trois ans plus tôt.
S’étendant sur une vingtaine d’hectares et visité par quelque 300 000 à 400 000 personnes chaque année, c’est le premier centre forestier du pays. Il comprend une vieille maison nommée en l’honneur de Herzl (bien qu’il n’y ait jamais vécu), des aires de loisirs, des monuments commémoratifs et un sentier de randonnée.
Dans les années 1980, les planificateurs ont réservé un corridor pour l’infrastructure électrique et, dans les années 1990, après l’approbation d’un plan directeur national en 1991, des pylônes transportant une ligne à haute tension ont été installés, trois dans la forêt, au moins six le long du ruisseau Shaham et d’autres en zones naturelles.

A présent, la compagnie d’électricité israélienne veut construire un second câble à haute tension, avec un nouvel ensemble de pylônes, parallèle aux anciens, pour l’aider à répondre à la demande croissante d’électricité du pays et à acheminer l’énergie renouvelable produite dans le sud d’Israël, vers la région centrale densément peuplée.
Le KKL et le Conseil régional veulent que le câble soit enterré et/ou déplacé sur la route 6, autoroute à quelques kilomètres de là, qui traverse tout le pays.
Les deux centrales électriques de Gezer et Tsafit, qui seront connectées au nouveau câble, sont également à proximité de la Route 6.
De plus, les arbres le long de l’autoroute sont beaucoup plus jeunes que ceux du parc, ils sont donc plus faciles à remplacer.
Rotem Yadlin, directrice du Conseil régional de Gezer, qui comprend principalement des kibboutzim, des moshavim et d’autres petites communautés, se bat pour changer l’emplacement prévu pour cette seconde ligne à haute tension depuis deux ans et demi.

Il y a un peu plus d’un mois, après que la compagnie d’électricité a déposé des matériaux sur les lieux sans en informer le conseil, elle a fait appel au tribunal de district central de Lod, mais a perdu. La Cour a statué que le plan répondait à toutes les exigences « bureaucratiques » et que la construction pouvait se poursuivre.
Des terres agricoles au nord et au sud de la forêt ont déjà été défrichées pour la mise en place de pylônes, mais ces derniers n’ont pas encore été installés.
« La commission nationale de l’infrastructure n’a pas encore décidé exactement où sera le câble, mais la compagnie d’électricité passe à l’action sur le terrain », a déclaré Yadlin au Times of Israël, se demandant si les tribunaux interviendraient un jour pour défendre l’environnement.
Ni la commission nationale de planification des infrastructures (connue sous son acronyme hébreu, Vattal), ni la compagnie d’électricité, ni le ministère de l’Energie, n’avaient consulté le Conseil à quelque stade que ce soit, a-t-elle déclaré.
« Toutes les demandes que j’ai faites — que ce soit pour enterrer les câbles, les installer le long de la route 6, ou même rendre les pylônes moins laids — ont été rejetées », a-t-elle dit.
« Lorsque le Plan-cadre national de 1991 a été approuvé, cinq millions de personnes vivaient dans le pays. Dix familles vivaient à Mishmar David. Il y en a maintenant 350, qui se trouvent à seulement 150 mètres de la ligne électrique existante et se trouveront à seulement 120 mètres de la nouvelle ligne prévue. »
Yadlin fait allusion à l’introduction du nouveau Plan directeur national pour les infrastructures électriques (NOP41), qui doit être approuvé par le gouvernement. Ce plan demande que différents types d’infrastructures soient combinés en un seul endroit dans la mesure du possible pour éviter de nuire aux zones ouvertes.
En préambule, ce NOP41 souligne l’importance de « la préservation et l’entretien des paysages, des valeurs que représentent la culture et le patrimoine, l’agriculture, l’environnement, avec une continuité d’espaces naturels, de la biodiversité et des écosystèmes naturels et de leurs services essentiels à l’humanité ». ainsi que l’accès des espaces naturels au public, pour les loisirs, l’éducation et le tourisme.
« Il y a les mots et il y a la réalité », dit Rotem Yadlin. « Je m’attendais à des initiatives innovantes de la part de la « Startup Nation ». Mais absolument pas, ils travaillent selon un plan qui a été approuvé il y a 35 ans. La planification est démodée et ne tient pas compte des espaces naturels. Ils optent simplement pour l’option la plus facile sans prendre en compte la beauté des sites. »
Ce projet nécessitera probablement l’abattage de quelque 300 à 400 arbres, soit plus d’un hectare.

Gilad Mastai, directeur du KKL de la région de Shfela , a déclaré qu’il avait non seulement présenté son opposition au plan, mais qu’il informerait également le haut responsable des forêts du ministère de l’Agriculture de son opposition au déracinement des arbres.
« Regardez toute cette région de vignes, de vergers et de champs agricoles. Elle est couverte de pylônes et de poteaux pour l’éclairage, les téléphones, les réseaux cellulaires, l’électricité. Quelqu’un a-t-il demandé pourquoi nous avons besoin de tant de poteaux ? »
Il a ajouté qu’un second câble haute tension interférerait avec un grand projet du KKL pour améliorer la forêt.
« C’est terrible de détruire un petit parc comme celui-ci. Ces câbles créent du bruit et des radiations, les gens ne voudront plus venir », a déclaré Mastai.
Le ministère de l’Énergie a déclaré que la mise en place de la nouvelle ligne à haute tension, à côté de la ligne existante répondait aux exigences du Plan-cadre national 41 en utilisant une zone existante zonée pour l’infrastructure électrique, plutôt que d’en développer une nouvelle.
« Le ministère de l’Énergie a effectué plusieurs visites le long du parcours en collaboration avec les parties prenantes », a déclaré une porte-parole. « Déplacer la ligne à un autre endroit nuirait probablement à d’autres intervenants. »
Une déclaration de la commission d’urbanisme et de construction du district de la région Centre indique qu’il « examine toujours la meilleure option pour la pose du dernier tronçon du tracé ».
Une porte-parole de la compagnie d’électricité a déclaré qu’avant « la mise en œuvre des plans sur le terrain, tous les travaux ont été coordonnés avec les propriétaires fonciers et le Conseil régional de Gerez, y compris une lettre à la directrice du Conseil régional en juillet 2021 ».
Elle a ajouté que « toutes les options avaient été examinées d’un point de vue environnemental ».