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Une loi sur le contrôle de la Bibliothèque nationale par le gouvernement bloquée

Un conseiller juridique du Trésor a statué que le dossier ne devait pas être voté dans le cadre du budget, notant "l'étrangeté" et "l'irrégularité" de son approbation au cabinet

Un rendu architectural du nouveau bâtiment de la Bibliothèque nationale d'Israël, dont l'ouverture est prévue en 2023. Le bâtiment a été conçu par le cabinet suisse Herzog & de Meuron. (Crédit : Herzog & de Meuron 2022)
Un rendu architectural du nouveau bâtiment de la Bibliothèque nationale d'Israël, dont l'ouverture est prévue en 2023. Le bâtiment a été conçu par le cabinet suisse Herzog & de Meuron. (Crédit : Herzog & de Meuron 2022)

Le ministère des Finances a bloqué l’initiative prise par le cabinet d’élargir le contrôle gouvernemental sur la Bibliothèque nationale d’Israël, selon des informations qui ont filtré dimanche, après la tentative des ministres de le faire à travers la prochaine Loi des Arrangements – une enveloppe législative qui accompagne le budget de l’État et qui détermine la manière dont les fonds seront déboursés.

La législation qui a été proposée par le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, permettrait au gouvernement de déterminer la composition du conseil d’administration de la Bibliothèque, une initiative qui aurait été prise pour pousser vers la sortie son recteur, Shai Nitzan – qui n’est autre que l’ancien procureur de l’État qui a été une personnalité déterminante dans la décision prise de traduire en justice le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour corruption présumée.

Le cabinet avait approuvé ce plan malgré l’opposition exprimée par la procureure-générale Gali Baharav-Miara, qui avait déclaré qu’il n’avait pas été soumis à la procédure appropriée.

Mais Haaretz a signalé dimanche que, ces derniers jours, le conseiller juridique du Trésor, Asi Messing, a notifié le ministre de l’Éducation qu’avec le soutien de la procureure-générale, le dossier ne serait pas inclus dans la Loi des Arrangements, faisant remarquer qu’il « ne fait en aucun cas partie » du plan budgétaire.

« Il a été soumis séparément, il n’a pas été réexaminé comme c’est nécessaire par des professionnels du ministère des Finances, il n’est pas conforme aux objectifs acceptés dans le plan économique, je ne l’ai pas moi-même accepté et il n’a pas été approuvé par la procureure-générale », a-t-il indiqué.

Messing a ajouté que cette addition de dernière minute « a été faite de manière étrange et irrégulière ».

Kisch pourra encore soumettre la proposition de façon séparée mais elle ne pourra pas être adoptée de manière accélérée aux côtés du budget.

Les articles publiés par les médias israéliens sur ce projet de loi ont noté que les politiciens de droite avaient pris pour cible la Bibliothèque depuis un an – depuis la nomination à sa tête de l’ancien procureur de l’État Shai Nitzan.

Le député Yoav Kisch, alors président de la commission des Affaires internes à la Knesset, le 12 juillet 2018. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Nitzan avait été fortement impliqué dans la préparation des poursuites pour corruption intentées contre le Premier ministre. Il avait fait l’objet de critiques de la part de Netanyahu et de ses alliés tout au long de l’enquête sur le Premier ministre dans le cadre de trois enquêtes, et plus particulièrement depuis le dépôt des chefs d’accusation – corruption, abus de confiance et fraude – contre lui.

Nitzan a depuis été dépeint, sans preuve, par les alliés du Premier ministre comme un activiste de gauche déterminé à démettre le Premier ministre de ses fonctions par des moyens illégitimes.

Pour sa part, l’université hébraïque de Jérusalem a prévenu que si le gouvernement allait de l’avant avec le projet de loi visant à apporter un changement fondamental à la loi sur la Bibliothèque Nationale, l’établissement retirerait ses ouvrages de l’institution.

Comme l’a rapporté la Douzième chaîne, l’université – dont les documents représentent environ un tiers du contenu total de la bibliothèque – a envoyé une lettre à Kisch, l’avertissant qu’elle « n’hésiterait pas à exiger le retour de tous les livres et documents donnés à la bibliothèque » si l’indépendance de la bibliothèque venait à être compromise sans délibération ni négociation.

La lettre a ajouté que l’université pourrait également couper son financement à la Bibliothèque Nationale.

Le matériel universitaire de la bibliothèque comprend les écrits d’Isaac Newton, les archives des travaux de Shaï Agnon, la copie originale de l’hymne israélien Hatikva écrite par Naftali Herz Imber, la Haggadah Rothschild, considérée comme la plus ancienne Haggadah de Pessah au monde, les écrits de Rambam et plus encore.

L’ancien procureur général de l’État, Shai Nitzan, s’exprime lors de la conférence Calcalist à Tel Aviv, le 31 décembre 2019. (Miriam Alster/FLASH90)

La Bibliothèque Nationale d’Israël a été fondée en 1892 en tant que centre mondial de préservation des trésors spirituels du peuple juif. En 2007, la Knesset a promulgué la loi sur la Bibliothèque Nationale, lui conférant un statut indépendant par la loi, afin de documenter la création culturelle dans l’État d’Israël et de permettre au grand public d’accéder gratuitement aux collections uniques qu’elle abrite. Auparavant, la bibliothèque était la propriété exclusive de l’université hébraïque.

Les décisions gouvernementales tendant à prendre le contrôle de la bibliothèque s’inscrivent dans un contexte de manifestations de grande ampleur contre le projet de réforme du système judiciaire, qui comprend notamment une nomination des juges par le pouvoir politique.

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