Une ministre marocaine appelle à « l’institutionnalisation de la religion juive »
Nezha El Ouafi, membre du parti islamiste PJD, est également revenue sur l’histoire du judaïsme dans le pays, ainsi que sur sa position exemplaire lors de la 2e Guerre mondiale
Nezha El Ouafi, ministre marocaine déléguée auprès du ministère des Affaires étrangères chargée des Marocains résidant à l’étranger, a appelé samedi dernier lors de l’ouverture de l’université d’hiver à Ifrane à « l’institutionnalisation de la religion juive au Maroc », a rapporté le site d’information article19.ma.
Elle est également revenue sur l’histoire du judaïsme au Maroc, ainsi que sur la position du pays lors de la Seconde Guerre mondiale. Les Juifs du Maroc n’avaient alors pas été touchés par la Shoah. Le Sultan Mohammed Ben Youssef, puis le Roi Mohammed V, avaient refusé que les lois anti-juives du régime de Vichy soient appliquées aux sujets juifs marocains, alors même que le Maroc était sous protectorat français.
La ministre a ajouté qu’au « fil du temps, la société marocaine a développé un sens aigu de l’entente et de l’acceptation de l’Autre et a fait preuve d’une volonté inébranlable de préserver la mémoire commune aux adeptes des Trois Religions et de conserver plus particulièrement l’esprit de coexistence et de concorde qui prévalait durant la période andalouse »
Nezha El Ouafi est membre du Parti de la justice et du développement, premier parti politique marocain. Il se situe à droite sur l’échiquier politique et est d’idéologie islamiste. Le PJD compte 125 sièges (sur 395) à la Chambre des représentants (chambre basse du Parlement), et 12 conseillers (sur 120) à la Chambre des Conseillers (chambre haute du Parlement).
Outre son poste de chargée des Marocains résidant à l’étranger, Nezha El Ouafi est aussi Secrétaire d’Etat chargée du Développement Durable.
Estimée aujourd’hui à moins de 3 000 âmes, la communauté juive marocaine reste la plus importante du monde arabo-musulman. Le pays abrite le seul musée d’art et d’histoire hébraïque de la région, fondé en 1998 à Casablanca. Les touristes israéliens qui viennent sur les traces de leurs ancêtres sont les bienvenus.
Le Maroc a une position encore plus particulière puisque le préambule de sa constitution évoque son « affluent hébraïque », que des juifs marocains ont occupé des postes de ministres, et que Mohammed VI, comme son père avant lui, en compte un parmi ses conseillers – André Azoulay.
C’est sous l’impulsion royale qu’ont été menés ces dernières années des programmes de rénovation des cimetières juifs et des quartiers urbains où vivait autrefois cette communauté qui comptait 200 000 à 300 000 membres avant les vagues de départ liées à la création de l’Etat hébreu en 1948 puis à l’indépendance du pays en 1956.