Une peintre israélienne primée montre que la vie est pleine de couleurs
Sa collection représente la diversité de la culture israélo-éthiopienne et des autres communautés noires en Israël
La couleur de la peau représente tout dans les portraits individuels et collectifs qui composent « Nzuri », la collection de 23 peintures de Michal Mamit Vorka réalisés à Tel Aviv qui retracent l’histoire des luttes de d’autres peuples, mais aussi sa propre histoire.
La collection a permis à Vorka, âgée de 36 ans, de remporter le prix Miron Sima 2019 pour l’Art visuel, en la classant parmi une nouvelle génération d’artistes d’origine éthiopienne qui s’identifient à leur communauté. Tous veulent représenter leur combat de tous les jours visant à être mieux acceptés dans la société israélienne.
La collection est actuellement exposée à la Maison des Artistes de Jérusalem jusqu’en mai, et sera ensuite présentée à la Galerie Hezi Cohen à Tel Aviv (33 rue Lilienblum).
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Ces peintures à l’acrylique sont des portraits figuratifs, des représentations rêveuses d’individus ou de groupes de personnes. Une femme se dresse à côté d’une plante en pot, alors que son écharpe blanche, légère, flotte autour de ses épaules ; un homme en tunique de chef cuisinier se tient dans le coin d’un bâtiment ; un autre arbore un châle blanc entourant son sweat à capuche sombre.
On retrouve également des tableaux frappants comme une œuvre intitulée « Shabbat » qui représente un shilling éthiopien et un rabbin qui marche à côté d’un panier de basketball. Dans « Sigd », trois personnes sont habillées en noir. Elles semblent sur le point de célébrer une fête juive éthiopienne. « Après l’école » montre une mère et ses enfants, alors qu’ils semblent être confrontés à un policier, lui aussi d’origine éthiopienne.
Tout le monde n’est évidemment pas Israélien d’origine éthiopienne, mais tous les personnages ont une couleur de peau sombre et sont souvent peints en contraste de murs, de tuiles ou de sols blancs ou d’une couleur vive. Leurs expressions sont sérieuses et intenses. D’apparence silencieuse, il semblent parfois bouillonner de colère.
Selon Vorka, les décors de fond blanc représentent l’architecture Bauhaus blanche de Tel Aviv. Elle a cherché à introduire la communauté éthiopienne et africaine dans ce paysage immaculé et figé.
Beaucoup de modèles de Vorka lui étaient étrangers. Ils sont tous d’origine africaine, mais pas forcément des Israéliens éthiopiens. Certains sont des migrants africains, des demandeurs d’asile vivant et luttant au quotidien à Tel Aviv. D’autres ont des parcours et des histoires différentes.
Elle en a rencontré certains au travail, dans un café de Tel Aviv, et d’autres alors qu’ils étaient assis sur un banc, à regarder les gens passer. Demander à ces étrangers de prendre la pose pour elle lui a demandé un certain courage. La plupart refusaient, tout particulièrement les femmes.
« Le café était notre point de rencontre, à cause de ce que nous sommes, a déclaré Vorka. Nous sommes pareils. »
Vorka, une diplômée de l’école de Shenkar qui a aussi étudié la peinture et le dessin à l’école Studio Jérusalem d’Israël Hershberg, a fini par trouver ses muses. Elle organisait des rencontres, et finissait habituellement ses ébauches en une heure environ.
Alors qu’elle les dessinait, ils lui parlaient de leurs vies, partageant parfois quelques éléments, et parfois même beaucoup de leur histoire.
« Je leur pose des questions sur leur vie, sur leur journée, a déclaré Vorka. Je dessine et je me concentre sur tout ce qui est éthiopien et africain dans leur vie, comment ils perçoivent le monde. »
Certains objets reviennent dans toute la collection, comme par exemple des écharpes blanches éthiopiennes tissées à la main en netela, et des paniers tissés qui sont posés dans un coin d’un salon dans « Sigd ».
Les portraits et les scènes présentent des questions sur l’identité, a déclaré l’artiste. Dans les œuvres, à travers de petits détails ou des titres, on retrouve une petite ambiguïté.
Une peinture, intitulée « Barkan vin derrière les noirs, 2018 » présente une bouteille de vin solitaire qui pointe le bout de son goulot derrière l’épaule du modèle, avec son netela transparent qui flotte dans le vent. Le titre fait référence au licenciement d’employés éthiopiens de l’entreprise viticole Barkan pour répondre aux critères de produit casher. Cette décision a ensuite été annulée après avoir provoqué un tollé.
Une grande toile intitulée « En attendant Avera Mengistu, 2018 » fait référence à Avraham Avera Mengistu, un Israélien d’origine éthiopienne avec des problèmes psychiatriques qui est entré à Gaza en 2014 et qui est depuis porté disparu. La communauté éthiopienne s’est tout le temps plainte que son cas ne bénéficiait pas de la même attention que celle accordée aux Israéliens ashkénazes.
La voix de Vorka, celle d’une artiste, d’une femme et d’une Israélienne d’origine éthiopienne, est représentée avec force dans ces portraits luxuriants et très méticuleux. Elle s’est placée au cœur du monde dans lequel elle évolue, tout en sachant aussi laisser de l’espace aux autres.
“Nzuri” par Michal Mamit Vorka, à la Maison des Artistes de Jérusalem, jusqu’au 11 mai 2019.
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