Une soirée consacrée à l’antisémitisme le 28 janvier sur France 2
Deux documentaires inédits, "Antisémitismes" d'Ilan Ziv et "Chronique d’un antisémitisme d’aujourd’hui" de Georges Benayoun, seront diffusés, entrecoupés d’un débat en plateau
Le 27 janvier prochain, journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, marquera le 75e anniversaire de la « libération » des camps de la mort.
Le lendemain, à partir de 21h05, France 2 rendra hommage aux victimes avec une soirée spéciale continue sur l’antisémitisme.
Deux documentaires inédits seront diffusés, entrecoupés d’un débat en plateau.
Le premier documentaire, « Antisémitismes », réalisé par l’Israélien Ilan Ziv, retrace l’histoire de l’antisémitisme en France, de l’affaire Dreyfus au début du siècle dernier au meurtre de Mireille Knoll en 2018. Le débat qui suivra la diffusion sera consacré à la question « Peut-on en finir avec l’antisémitisme ? »
« Le réalisateur Ilan Ziv démontre la manière dont les vieilles haines sont instrumentalisées pour en alimenter de nouvelles en France comme en Europe », indique la note d’intention du film.
« Fermement ancré dans le présent, le documentaire démontre comment les traditions et stéréotypes antijuifs médiévaux ont alimenté un mouvement antisémite moderne bien plus complexe et plus meurtrier. Un mouvement qui a été utilisé par diverses forces politiques pour combattre la démocratie, ainsi qu’une vision de la société héritée des Lumières. »
En 2014, Ilan Ziv avait réalisé la série-documentaire « Capitalisme », diffusée sur Arte. Celle-ci a dépassé le million de vues en replay selon Arte. Né en 1950, il a combattu lors de la guerre de 1973. Il est diplômé de l’école de cinéma de l’université de New York.
Suivra en deuxième partie de soirée le documentaire « Chronique d’un antisémitisme d’aujourd’hui », réalisé par Georges Benayoun. Le film prend Toulouse « pour laboratoire de la dérive d’une société française qui assiste presque impuissante à la répétition de violences contre les citoyens juifs, à la montée d’un climat délétère et anxiogène qui, après des siècles d’intégration, pousse les Juifs à s’installer pour longtemps dans un exil intérieur, dernière étape avant le ‘judaïsme clandestin’ ».
Le film narre ainsi le quotidien des Juifs dans la ville Rose depuis l’attentat contre l’école Ozar Hatorah et vise à faire comprendre que « le ressentiment, l’hostilité que suscitent les Juifs chez certains n’est pas un problème pour les seuls Juifs mais concerne tous les Français ».
« Beaucoup de films sur le sujet ont été faits en banlieue parisienne, je trouve qu’ils rendent partiellement compte de la réalité », avait estimé à l’automne dernier Georges Benayoun dans une interview avec le journal La Dépêche.
« Pourquoi Toulouse ? C’est la quatrième ville de France, il y a eu l’école Ozar Hatorah, et surtout c’est une ville radicale, de gauche qui a abrité de nombreux résistants et anarchistes, ajoute-t-il. Nous sommes partis à sa découverte, nous voulions saisir l’antisémitisme en mutation de cette ville. »
Interrogé sur les conditions de tournage, qui a duré trois mois, il explique : « Ce qui m’a profondément étonné et troublé pendant ce tournage, c’est le nombre de réponses négatives que nous avons reçues, notamment de la part du milieu culturel et intellectuel de la ville, juif et non juif. On s’est entendu dire que parler était dangereux, ils craignaient les représailles. Certains ont témoigné caché, je ne m’attendais pas à ça. »
« À Toulouse, il y a une énergie formidable, des gens remarquables, mais une marque sombre. Les rabbins sont insultés et reçoivent des crachats tous les jours ; parmi ceux qui ne voulaient pas témoigner, il y a une mère et sa fille qui ont été exfiltrées de chez elles, car elles étaient la cible d’antisémites. L’idée de ce film, c’est d’alerter. »
Georges Benayoun, auteur et réalisateur, a produit de nombreuses séries et films à succès. Dans « L’assassinat d’Ilan Halimi » de Ben Izaak, sorti en 2014, il s’était déjà intéressé au phénomène de l’antisémitisme. Son dernier film, « Complotisme, les alibis de la terreur », pour lequel il a travaillé en tant que producteur, analysait lui le complotisme islamiste.
Il a été récompensé du César du meilleur film en 1995 pour « Les Roseaux sauvages » d’André Techiné, en tant que producteur délégué.