« Virez-la ! » : En Conseil des ministres, nouvel appel au limogeage de la Procureure Générale
Ben Gvir a taxé Baharav-Miara de "partialité" et d'inaction face aux "menaces contre le Premier ministre". Selon Karhi, une "majorité absolue" des ministres veulent sa destitution
En l’absence de la procureure générale Gali Baharav-Miara, lors du Conseil des ministres de ce matin, des ministres du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont, une fois de plus, demandé son limogeage.
Selon des fuites révélées par des médias israéliens, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a reproché à Baharav-Miara de ne pas s’être présentée au Conseil des ministres et de travailler « de manière partiale ».
Ardent défenseur du limogeage de Baharav-Miara, Ben Gvir aurait qualifié les récents propos du chef de l’opposition démocrate, Yair Golan, de « séditieux et menaçants » et affirmé que la procureure générale « refusait d’enquêter » sur ce qu’il a présenté comme des menaces à l’encontre du Premier ministre et à l’encontre des ministres.
« Je ne comprends pas pourquoi la question de la destitution n’est pas soulevée », a déclaré la ministre des Transports, Miri Regev, en demandant au ministre de la Justice, Yariv Levin, de l’évoquer sans délai.
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, a abondé dans son sens et demandé au gouvernement de « la renvoyer », assurant qu’il y avait « une majorité absolue en faveur de sa destitution ».
Lorsque le ministre de l’Éducation Yoav Kisch – qui a souligné que le Conseil des ministres devait « agir avec sagesse » – a noté que Ben Gvir avait conditionné son vote du budget à l’éviction de Baharav-Miara, le ministre d’extrême droite a reproché à ses collègues de botter en touche depuis un an sur la question de l’éviction de la procureure générale.
Otzma Yehudit, le parti d’extrême droite de Ben Gvir, a voté à deux reprises contre des projets de loi de finances liés au budget 2025 suite à l’annulation, en toute dernière minute, d’une réunion de la coalition Netanyahu consacrée au limogeage de Baharav-Miara, début décembre.
Depuis lors, les dirigeants de la coalition se seraient accordés sur le principe d’une audience disciplinaire avant le limogeage de l’intéressée – mais Ben Gvir aurait insisté pour aller encore plus vite.
Bien que la coalition n’ait pas officiellement annoncé sa décision, Karhi a semblé confirmer les informations de la semaine dernière en disant : « La décision des membres de la coalition d’entamer le processus de destitution de la procureure générale est une étape courageuse et nécessaire pour remédier aux graves distorsions qui se sont enracinées au coeur du système judiciaire israélien ».
Selon la radio publique Kan, les membres de la coalition envisageraient d’attendre quelques mois pour la limoger afin de ne pas prêter le flanc aux accusations de politisation de la question.
Selon la chaîne N12, le procureur général adjoint Gil Limon a déclaré dimanche aux ministres qu’il n’était « pas souhaitable d’évoquer cette [affaire] en présence du Premier ministre en raison d’une question de conflit d’intérêts ».
Le limogeage de la procureure générale pourrait enfreindre les termes de l’accord de prévention des conflits d’intérêts conclu en 2020, un accord qui était destiné à garantir que Netanyahu n’utiliserait pas les pouvoirs du gouvernement pour influencer son procès pénal pour corruption, fraude et abus de confiance.
Bien que Netanyahu n’apparaisse dans aucun des propos qui ont fuité du Conseil des ministres, deux porte-paroles des services du Premier ministre ont déclaré au Times of Israel qu’il était bien là, et ce en dépit de photos de la réunion.
Netanyahu devrait subir une anesthésie complète pour une opération de la prostate, ce dimanche, et rester hospitalisé plusieurs jours, a déclaré dimanche son avocat au tribunal de district de Jérusalem.
De plus en plus de députés et ministres de la coalition sont favorables au limogeage de la procureure générale en raison de son refus d’avaliser certaines des mesures controversées et sans précédent que le gouvernement cherche à promouvoir, qu’elle juge illégales.
Ces désaccords – que ce soit sur la sélection du chef de la fonction publique ou sur les subventions pour les garderies – n’ont fait que croitre au gré des enquêtes diligentées sur les actes répréhensibles présumés commis par des assistants du Premier ministre Netanyahu.
Pour autant, tous les ministres ne sont pas favorables au limogeage de Baharav-Miara, comme en a témoigné le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a estimé qu’il était « préférable d’opter pour un processus de partage des pouvoirs du poste de procureur général au lieu de diviser le peuple ».
En décembre, à la Knesset, le ministre de la Justice, Levin, avait donné le sentiment qu’il n’y avait pas suffisamment de ministres favorables au limogeage de Baharav-Miara et il avait demandé aux ministres qui ne l’avaient pas encore fait de « venir dire la vérité à la population ».
Le parti Yesh Atid, du chef de l’opposition Yair Lapid, a réagi aux appels au limogeage de la procureure générale en reprochant au gouvernement totalement « hors sol » de Netanyahu de s’acharner sur Baharav-Miara alors même que « les otages se meurent à Gaza, que les réservistes ploient sous la charge, que la moitié du pays est réveillée chaque nuit par des missiles venus du Yémen et que l’économie israélienne s’effondre ».