Washington entend être « vigilant » sur l’emploi des fonds iraniens
"Nous resterons vigilants, nous surveillerons l'utilisation de ces fonds et nous aurons la possibilité de les geler à nouveau si nécessaire", a déclaré Matthew Miller
Les États-Unis disent vouloir être « vigilants » quant à l’utilisation par l’Iran des six milliards de dollars gelés en Corée du Sud et qui seront débloqués dans le cadre de l’accord conclu avec Téhéran sur un échange réciproque de prisonniers.
« Nous resterons vigilants, nous surveillerons l’utilisation de ces fonds et nous aurons la possibilité de les geler à nouveau si nécessaire », a déclaré le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, en précisant que le Département du Trésor aurait la haute main et les moyens de surveiller ces fonds.
« On aura de la visibilité sur leur utilisation de cet argent et les moyens de contrôler [le processus] », a-t-il ajouté devant la presse à Washington.
Les États-Unis ont confirmé lundi qu’ils allaient autoriser le transfert de six milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, dans le cadre de cet accord conclu en août.
Selon Washington, l’Iran n’a le droit d’utiliser ces six milliards de dollars que pour des achats humanitaires tels que des denrées alimentaires et des médicaments.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a toutefois affirmé lundi que l’Iran pourrait acheter « tout bien non-sanctionné » par les États-Unis, et « utiliser pleinement ces fonds débloqués », pas seulement pour acheter « des médicaments et de la nourriture ».
Les adversaires républicains du président Joe Biden ont protesté, décrivant le président comme acceptant le paiement d’une « rançon » à un État considéré par Washington comme soutenant le terrorisme, ce que le porte-parole a réfuté. « Les États-Unis ne donnent rien à l’Iran et ne lui verse pas d’argent. »
Il a précisé que les fonds étaient en cours de transfère sur des comptes bancaires au Qatar en transitant par des banques intermédiaires européennes, initialement réticentes à y participer.
Dans le cadre des sanctions américaines contre l’Iran, de telles transactions sont en effet interdites, ce qui explique les dispenses accordées par le secrétaire d’État américain Antony Blinken afin de libérer les fonds iraniens.
L’Administration Biden a reconnu avoir fait des « choix difficiles », soulignant que sa priorité était de libérer les Américains et que l’argent appartenait au préalable à l’Iran.
Le porte-parole s’est gardé, par ailleurs, de fixer un calendrier pour l’échange de prisonniers – cinq citoyens américains détenus en Iran contre 5 Iraniens détenus aux États-Unis – tout en indiquant que cela n’aurait pas lieu « cette semaine ».
Dans le cadre de l’accord, Téhéran a placé cinq détenus américains d’origine iranienne en résidence surveillée avant leur probable transfert au Qatar pour être libérés, peut-être en parallèle de l’Assemblée générale de l’ONU, la semaine prochaine à New York, à laquelle devrait participer le président iranien Ebrahim Raïssi.