Yad Vashem : Un genou à terre, Biden ému par des survivantes de la Shoah
Au premier jour de sa visite israélienne, le président US a longuement parlé à deux rescapées des camps nazis, disant à l'une d'entre elles "Dieu vous aime"
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
La visite effectuée mercredi par le président américain Joe Biden au musée de la Shoah de Yad Vashem de Jérusalem, au cours de laquelle il a rendu hommage aux victimes du génocide et au cours de laquelle il a aussi parlé longuement avec deux survivantes, a été un moment d’émotion fort.
Après une cérémonie de bienvenue qui s’est déroulée à l’aéroport Ben Gurion, Biden s’est rendu à Yad Vashem, où il a ravivé la Flamme éternelle dans la salle du souvenir.
Le président a aussi déposé une gerbe sous une dalle où les cendres de victimes de camp d’extermination ont été enterrées.
Biden était accompagné, pendant la cérémonie, par le président Isaac Herzog, le Premier ministre Yair Lapid, le ministre de la Défense Benny Gantz, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan. Le rabbin Israel Meir Lau, président du Conseil de Yad Vashem et survivant de la Shoah, et le président de Yad Vashem Dani Dayan étaient également présents.
Lapid avait insisté de manière à ce que Gantz, fils d’un survivant du génocide, puisse participer à la visite.
Après le dépôt de gerbe, une chorale a chanté « A Walk to Caesarea » ou « Eli, Eli », une chanson qui avait été écrite par Hannah Szenes, résistante juive hongroise pendant la Seconde Guerre mondiale, qui avait été exécutée en Hongrie, en 1944.
L’instant le plus bouleversant de la visite a été la longue et chaleureuse conversation de Biden avec deux survivantes de la Shoah, Rena Quint et Giselle (Gita) Cycowicz. Le président américain a demandé aux deux femmes de rester assises avant de poser un genou à terre devant elles.
Cycowicz était née en 1927 à Chust, qui faisait alors partie de la Tchécoslovaquie. Elle avait été enfermée dans le ghetto avant d’être envoyée à Auschwitz-Birkenau et d’être finalement transférée dans un camp de travaux forcés, selon Yad Vashem.
An incredibly powerful moment at the end of the memorial ceremony at Yad Vashem as @POTUS Biden gets down on one knee to speak to two Holocaust survivors. pic.twitter.com/LK7auidByI
— Yair Zivan (@YairZivan) July 13, 2022
Quint, pour sa part, avait vu le jour en 1935 à Piotrkow Trybunalski, en Pologne. En 1942, sa mère et ses deux frères aînés avaient été déportés au camp d’extermination de Treblinka, où ils avaient été assassinés. Rena et son père, de leur côté, avaient été envoyés au camp de concentration de Buchenwald, où son père avait été tué. Elle avait finalement été transférée au camp de concentration de Bergen-Belsen.
Biden, connu pour être une personnalité recherchant le contact et appréciant les échanges avec le public, très tactile, s’est trouvé dans son élément en compagnie de ces deux femmes, leur tenant la main et engageant une conversation facile. Herzog, Lapid et Blinken – dont le beau-père est un survivant de la Shoah – l’ont rejoint au fil de la conversation, ainsi que les autres hauts-responsables qui l’accompagnaient dans son déplacement.
« Je veux juste que vous sachiez que dans la famille Biden, aucune femme n’est plus âgée qu’un homme quel qu’il soit », a dit Biden aux deux survivantes, déclenchant les rires.
« Comme ma mère me le disait : ‘Dieu vous aime’, ma chère », a continué Biden. « Elle n’était pas juive : elle était Irlandaise ».
Today, I paid a visit to the hallowed ground of Yad Vashem where I had the distinct honor of meeting Dr. Gita Cycowicz and Ms. Rena Quint, two Holocaust survivors.
I vow to continue our shared, unending work to fight the poison of antisemitism wherever we find it in the world. pic.twitter.com/h0YaU8kZaN
— President Biden (@POTUS) July 13, 2022
Biden a signé le livre d’or de Yad Vashem après la cérémonie de dépôt de gerbe, soulignant que c’était un honneur pour lui d’être de retour sur le sol israélien ainsi que l’importance de la commémoration de la Shoah.
« C’est un grand honneur pour moi de revenir dans ce qui est mon foyer d’affection », a écrit Biden. « Nous ne devrons jamais, jamais oublier – parce que la haine n’est jamais définitivement vaincue, elle ne fait que se cacher. Nous devons apprendre à toutes les générations qui nous suivront que cela pourra recommencer – à moins que nous nous souvenions. C’est ce que j’enseigne à mes enfants et à mes petits-enfants. Plus jamais ça ».
Biden passera 48 heures en Israël et en Cisjordanie avec un programme qui comprend des rencontres bilatérales avec des responsables israéliens ; la cérémonie d’ouverture des Maccabiades sportives, les Jeux olympiques juifs ; une visite dans un hôpital de Jérusalem-Est qui prend en charge des Palestiniens et un entretien avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Bethléem.
Il partira ensuite directement en Arabie saoudite pour prendre part à un sommet réunissant les leaders arabes de la région, connu sous le nom de GCC+3, avant de retourner dimanche aux États-Unis.
C’est le dixième voyage de Joe Biden en Israël et il a profité de son discours prononcé à son arrivée sur le tarmac de l’aéroport Ben Gurion pour rappeler sa toute première visite, à la veille de la guerre de Yom Kippour, en 1973, quand Golda Meir était Première ministre et que l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin était alors l’un de ses conseillers.