Yariv Levin élu président temporaire de la Knesset
Ce vote ouvre la voie à l'adoption d'une série de mesures législatives nécessaires à la formation d'un gouvernement rassemblant des partis de droite, d'extrême droite et religieux
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Le Parlement israélien a élu mardi un nouveau président, un vote qui ouvre la voie à l’adoption d’une série de mesures législatives nécessaires à la formation d’un nouveau gouvernement rassemblant des partis de droite, d’extrême droite et religieux.
Yariv Levin, un proche du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu, chef de file du Likud (droite) vainqueur des élections législatives de novembre, a été élu avec 64 voix, soit l’ensemble des élus soutenant la nouvelle coalition. Il remplace Mickey Lévy, du parti centriste Yesh Atid du Premier ministre sortant, Yair Lapid.
Levin, 53 ans, avait déjà présidé la Knesset entre 2020 et 2021 et a plusieurs fois été ministre depuis 2015.
La candidate de l’opposition Merav Ben Ari du parti Yesh Atid a obtenu 45 voix et le chef de Hadash-Taal Ayman Odeh en a obtenu cinq.
Ce changement de président de la Knesset, dont la fonction principale est de déterminer l’agenda législatif, ouvre la voie au vote d’une série de projets de loi pour attribuer les portefeuilles ministériels négociés par le Likud et ses alliés.
Il s’agit notamment de modifier la loi pour permettre à Aryeh Deri, leader de la formation orthodoxe séfarade Shass, de devenir ministre, malgré sa condamnation pour fraude fiscale au début de l’année.
L’accord avec le Likud prévoit que Aryeh Deri, sera ministre de l’Intérieur et de la Santé pendant deux ans, et ensuite ministre des Finances en rotation avec Betzalel Smotrich, chef de file du parti HaTzionout HaDatit.
Une autre loi permettra l’extension des champs d’action de l’actuel ministère de la Sécurité intérieure, qui deviendra ministère de la Sécurité nationale et supervisera la police, sous la direction du ténor de l’extrême droite, Itamar Ben-Gvir.
Ce dernier, qui s’est fait connaître pour ses diatribes et provocations antipalestiniennes, a exigé que les opérations des gardes-frontières en Cisjordanie, jusque-là dans le giron de l’armée, soient rattachées à son ministère.
Il est également question de permettre à Smotrich de devenir un ministre indépendant contrôlant les constructions en Cisjordanie au sein du ministère de la Défense ; et rendre plus difficile pour les députés rebelles de se détacher de leurs factions parlementaires sans sanction, un projet de loi spécifiquement souhaité par le Likud.
Benjamin Netanyahu a obtenu vendredi une prolongation de dix jours du délai initialement imparti pour former un gouvernement de coalition. Il était arrivé en tête des législatives du 1er novembre avec ses alliés d’extrême droite et ultra-orthodoxes, et avait été officiellement désigné le 13 novembre pour former un gouvernement.
À huit jours de l’annonce d’un gouvernement, Netanyahu doit encore conclure un accord de coalition complet avec l’un des trois partis d’extrême droite et des deux partis ultra-orthodoxes qui doivent rejoindre le Likud dans le gouvernement le plus extrémiste d’Israël.
Bien que la nomination de Levin ne soit envisagée que comme une mesure temporaire visant à confier à une personne de confiance et expérimentée la tâche de faire adopter rapidement la législation souhaitée, aucune disposition ne prévoit la nomination d’un président temporaire de la Knesset. Levin a plutôt été élu à titre permanent, étant entendu qu’il quittera son poste peu de temps avant de prêter serment au prochain gouvernement, et deviendra très probablement son ministre de la Justice.
Netanyahu a remercié Levy pour son mandat de président de la Knesset et Levin pour « ce travail pendant deux semaines, ou quel que soit le temps que cela prendra. »
Se mettant directement au travail pour commencer le matraquage législatif, Levin devrait organiser des votes préliminaires sur les quatre projets de loi demandés par Otzma Yehudit, HaTzionout HaDatit, Shas et Likud plus tard dans la journée de mardi.
Initialement prévue pour lundi, l’élection de Levin a été retardée d’un jour après que l’opposition entrante a menacé de faire une longue obstruction. En guise de compromis, il a été convenu de repousser le vote à 10 heures mardi matin, les résultats finaux étant reportés à 11 heures en raison de l’insistance de Levy sur le vote manuel.
Néanmoins, l’opposition et la coalition entrantes ont contribué à une discussion houleuse avant le vote, avec des récriminations mutuelles et un chahut inter-bloc.
On s’attend également à ce que les nouveaux députés de l’opposition essaient de retarder la législation au sein des commissions.
Quelques instants avant d’annoncer le vote pour son remplacement, Levy a souhaité bonne chance à son successeur et a appelé au maintien de la « dignité » du plénum.
« J’espère qu’il saura trouver les bons équilibres afin de maintenir la dignité de l’autorité législative. J’ai un grand respect pour cette chambre, qui est le cœur battant de la démocratie israélienne », a déclaré Levy.
« J’espère que les députés continueront à servir tous les citoyens du pays avec un sens de la révérence et du sacré », a-t-il ajouté.
L’AFP a contribué à cet article.