Yoav Kisch: Le rassemblement à Tel Aviv était un « méga-attentat contre la santé »
L'élu Likud reconnaît "l'ampleur de la crise économique", mais il faut empêcher les rassemblements; Yaalon, de l'opposition, dénonce la gestion d'Amir Ohana

Le vice-ministre de la Santé, Yoav Kisch (LIkud) a condamné dimanche une manifestation de masse à Tel Aviv contre la politique économique du gouvernement pendant la pandémie COVID-19, la qualifiant d’“attaque terroriste contre la santé”, tandis qu’un député de l’opposition a accusé le ministre de la Police d’avoir « envoyé » des agents sur les manifestants lors des affrontements qui ont suivi le rassemblement.
Quelque 10 000 personnes ont participé à une manifestation samedi soir sur la place Rabin de Tel Aviv, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un soutien financier insuffisant aux Israéliens économiquement touchés par les mesures de confinement du gouvernement pour contenir le virus.
Cette manifestation, la plus importante en Israël depuis le début de la pandémie, a eu lieu alors que le pays fait face à une recrudescence de nouvelles contaminations de coronavirus, ce qui a conduit le gouvernement à réintroduire des restrictions strictes sur les rassemblements et l’activité économique.
M. Kisch, membre du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’il reconnaissait « l’ampleur de la crise économique », mais qu’il était déterminé à empêcher les rassemblements pour freiner la propagation du virus.
« Nous faisons tout pour empêcher les rassemblements et nous payons un prix élevé (socialement et économiquement) pour arrêter le virus et puis [nous] voyons les images de la place hier. Une méga attaque terroriste contre la santé », a-t-il écrit sur Twitter.

Le ministre des Finances, Israel Katz, a cependant soutenu la manifestation, après avoir déclaré samedi qu’il n’y avait pas de raison de manifester car le gouvernement n’avait pas perdu le contrôle de l’économie.
« Les manifestations font partie de la démocratie… exprimer une protestation est légitime. Je pense qu’il s’agit surtout des mois précédents où les gens avaient le sentiment que l’aide [financière] n’était pas suffisante », a-t-il déclaré dimanche dans une interview à Radio 103FM.
Katz, qui, avec Netanyahu, a rencontré les organisateurs de la manifestation vendredi dans le but de les convaincre d’annuler le rassemblement, s’est vu demander s’il pensait que la manifestation avait été organisée par des opposants politiques au Premier ministre.
« Je ne pense pas que ce soit le cas », a-t-il déclaré. « Plus tard, visiblement, j’ai entendu des commentaires très durs ».
Katz semblait faire référence aux manifestants qui, après le rassemblement, ont bloqué les routes et se sont heurtés à la police à plusieurs endroits. Les vidéos sur les médias sociaux montraient des échauffourées entre les policiers et les manifestants alors que certains scandaient « Bibi rentre chez toi », en utilisant le surnom du Premier ministre.

Dans certains cas, la police a utilisé des agents à cheval et du gaz au poivre pour disperser la foule. Vingt personnes ont été arrêtées.
Le député Yesh Atid-Telem Moshe Yaalon s’en est pris dimanche au ministre de la Sécurité publique Amir Ohana, un autre allié de Netanyahu au sein du parti du Likud, à cause de la réaction de la police.
« Le ministre de la Sécurité de Netanyahu est en train de lâcher la police contre les manifestants anti-régime. Voilà à quoi ressemble une dictature », a-t-il écrit sur Twitter.
Yaalon était auparavant un député du Likud et a été ministre de la Défense sous Netanyahu, mais il est devenu ces dernières années un critique virulent du Premier ministre.
Dimanche, certains des organisateurs du rassemblement de la place Rabin ont pris leurs distances par rapport aux manifestations qui ont eu lieu par la suite, au cours desquelles des poubelles ont été incendiées et une pierre a été jetée à travers la vitrine d’une banque.
« Nous sommes contre la violence. La manifestation a été exemplaire jusqu’au bout », a déclaré Shai Birman, qui dirige une organisation de propriétaires de restaurants et de bars, à la Douzième chaîne d’information.
Mais il a aussi dit que « les dérives étaient prévisibles ».
« Le gouvernement israélien ignore la population en Israël depuis plus de six mois déjà. Il a atteint un point de rupture et une crise de confiance entre la nation et son dirigeant. Cette crise de confiance est sans rapport avec le rassemblement. Elle couve depuis longtemps et elle a éclaté hier », a-t-il déclaré.
ההפגנה מחריפה – מפגינים ניפצו באבנים את דלת הכניסה של בנק דיסקונט באבן גבירול @GLZRadio pic.twitter.com/fpaRk46ohU
— ליה ספילקין | Lia Spilkin (@LiaSpilkin) July 11, 2020
La manifestation de samedi a eu lieu alors qu’Israël est confronté à un taux de chômage de quelque 21 %, soit 850 000 personnes, dont beaucoup disent craindre pour leur avenir et dont de nombreuses entreprises risquent de s’effondrer.
Il y a eu une colère généralisée de la part de divers secteurs de l’économie dont les membres disent que le gouvernement ne fait pas assez pour les aider à surmonter la crise, accompagnée d’une indignation concernant la mauvaise orientation présumée de l’aide financière et les complexités bureaucratiques pour obtenir de l’aide.
Les Israéliens sans emploi affirment que les promesses de soutien financier faites par le gouvernement ces derniers mois sous forme de subventions, d’allocations de chômage et de divers autres mécanismes d’aide n’ont pas été tenues dans certains cas et se sont révélées lamentablement inadéquates pour remédier à leur situation.
Alors qu’Israël est confronté à l’augmentation alarmante des cas de coronavirus ces dernières semaines, Netanyahu a dû faire face à une vague de critiques sur la manière dont le gouvernement a géré les retombées économiques de la pandémie, les sondages indiquant une désapprobation croissante de sa gestion de l’économie.