17 élus demandent à Blinken de répondre à « l’urgence humanitaire » à Gaza
Sans mentionner le Hamas, les législateurs veulent que l'administration Biden prenne la tête des efforts de reconstruction et s'engage davantage sur la question
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Dix-sept sénateurs démocrates ont écrit mardi au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, pour lui demander de se pencher sur la « situation d’urgence humanitaire » dans la bande de Gaza, après la guerre du mois dernier, entre Israël et les groupes terroristes dans l’enclave côtière.
« Pour que ce cessez-le-feu soit durable et évite un renouvellement du cycle de la violence, il est essentiel que nous améliorions les conditions désastreuses dans la bande de Gaza, qui ne font que contribuer au désespoir et alimenter davantage l’extrémisme », ont écrit les législateurs dans la lettre, dont les auteurs sont les sénateurs Chris Van Hollen, Tim Kaine et John Bennett, Chris Murphy et Jeff Merkley, et rapportée en premier par Axios.
L’administration Biden a déjà exprimé son intérêt à s’engager dans les plans de reconstruction de Gaza, et M. Blinken était dans la région la semaine dernière pour des entretiens à ce sujet.
Il a déclaré que l’effort serait mené par les Nations unies en coopération avec l’Autorité palestinienne pour s’assurer que l’aide financière n’atteigne pas le groupe terroriste du Hamas, qui dirige de facto la bande de Gaza, après en avoir chassé le Fatah en 2006.
La lettre, également signée par les sénateurs Patrick Leahy, Brian Schatz, Bernie Sanders, Elizabeth Warren, Raphael Warnock, Sherrod Brown, Martin Heinrich, Jack Reed, Patty Murray, Sheldon Whitehouse, Jeanne Shaheen et Maggie Hassan, ne mentionne pas le Hamas, mais se concentre spécifiquement sur « les besoins croissants de la population civile. »
Les sénateurs demandent à M. Blinken de « faire pression sur toutes les parties pour permettre une aide sans entrave », d’annoncer un nouveau financement bilatéral pour l’aide humanitaire et au développement, y compris l’accès à l’eau potable, et d’encourager d’autres pays donateurs, dont Israël, à se joindre à l’effort.
Ils ont déclaré qu’il fallait pousser Israël à ouvrir les points de passage d’Erez et de Kerem Shalom aux piétons et aux marchandises et que les Etats-Unis devaient également s’efforcer « d’assouplir d’urgence, et à terme de lever, les dures restrictions à la liberté de mouvement qui bloquent les habitants de Gaza »; une critique apparente des politiques actuelles d’Israël à l’égard de l’enclave côtière dirigée par le Hamas, qui, selon Jérusalem, sont nécessaires pour des raisons de sécurité.
Alors que le ministère de la Défense a annoncé après le cessez-le-feu du 20 mai que les habitants de Gaza, cherchant à se faire soigner en Israël, seraient à nouveau autorisés à entrer dans le pays, les groupes de défense des droits humains affirment que ce n’est pas le cas, et qu’un patient atteint d’un cancer est décédé cette semaine après s’être vu refuser un permis.
Les sénateurs ont soutenu le rétablissement du financement humanitaire américain pour Gaza au niveau d’avant Trump, soit 360 millions de dollars par an.
Ils ont également demandé au président américain Joe Biden de nommer un ambassadeur en Israël, un consul général à Jérusalem, chargé de la coordination avec les Palestiniens, et un chef de mission de l’USAID.
M. Biden devrait nommer l’ancien secrétaire d’Etat adjoint à la gestion et aux ressources, Thomas Nides, comme prochain ambassadeur en Israël dans les semaines à venir.
Lors de sa visite en Israël, M. Blinken a déclaré que les Etats-Unis envisageaient de rouvrir le consulat, qui faisait office de mission de facto auprès des Palestiniens.
La mission de l’USAID pour la Cisjordanie et Gaza est actuellement dirigée par un chef intérimaire.
« Nous vous demandons instamment d’intensifier l’engagement diplomatique des Etats-Unis afin de diriger la communauté internationale et de faire face à ce moment », ont ajouté les sénateurs, reprenant la ligne de conduite adoptée par les démocrates progressistes ces dernières semaines, qui ont critiqué l’approche relativement passive de l’administration vis-à-vis du conflit.
Les responsables de Biden ont espéré rétrograder le conflit israélo-palestinien de leur liste de priorités afin de se concentrer sur d’autres questions de politique étrangère, sans doute plus urgentes et moins insolubles, comme la lutte contre les adversaires mondiaux que sont la Chine et la Russie, en plus du changement climatique, mais la guerre de Gaza du mois dernier a ramené Washington sur le devant de la scène, alors que la communauté internationale recherchait un cessez-le-feu.