21e Knesset : Les députés arabes quittent la salle pendant l’hymne israélien
Tous les élus des partis Hadash-Taal et Raam-Balad sont sortis pendant l'Hatikva. Trois parlementaires ont manqué toute la cérémonie
Tous les députés des partis arabes Hadash-Taal et Raam-Balad ont quitté la salle pendant l’hymne national, « Hatikva » (l’espoir), à la fin de la cérémonie de prestation de serment de la 21e Knesset qui a eu lieu mardi.
De plus, trois des 120 parlementaires élus lors du dernier scrutin – la Travailliste Shelly Yachimovich ainsi qu’Aida Touma-Sliman et Yousef Jabareen de Hadash Taal – étaient absents lors de la cérémonie. Ils devront prêter serment avant d’assumer officiellement leurs responsabilités de députés.
Yachimovich avait prévenu qu’elle manquerait la cérémonie. Touma-Sliman a justifié son absence en invoquant une réunion familiale à l’étranger prévue depuis longtemps.
« Et, en me saisissant de cette opportunité, je prête allégeance à l’égalité civique et nationale en faveur de la minorité arabe palestinienne, je jure de résister à l’occupation et de me battre pour la paix qui ne pourra être réalisée que par l’établissement d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale », a écrit Touma-Sliman sur Twitter.
Pour sa part, Jabareen a fait savoir qu’il avait pris la décision de rester chez lui.
« Je n’avais pas envie de participer à la cérémonie. Je me sens étranger, en quelques sortes, à tous les symboles de l’Etat déployés là-bas », a-t-il déclaré à la chaîne Kan.
« J’ai préféré rester dans le nord et participer à la fête organisée pour la promotion en Première ligue israélienne du Hapoal Umm al-Fahm », a ajouté Jabareen, se référant à un club de football de la ville arabe israélienne d’Umm al-Fahm, dans le nord du pays.
Hadash-Taal est arrivé en tête des suffrages à Umm al-Fahm où la formation a récolté 80 % des votes.
Durant la cérémonie de mardi, les députés arabes Ahmad Tibi et Osama Saadi ont également quitté la salle lors de la diffusion d’en enregistrement du tout premier président David Ben-Gurion qui déclarait l’indépendance du nouvel Etat en 1948.
Au début du mois d’avril, les leaders de Hadash-Taal avaient informé le président Reuven Rivlin qu’ils ne recommanderaient personne au poste de prochain Premier ministre israélien.
La faction est une alliance entre un parti socialiste qui souligne la coopération entre Juifs et arabes et une faction exclusivement arabe.
Durant la rencontre avec Rivlin, le chef du parti Ayman Odeh avait fustigé le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour ce qu’il avait qualifié de « campagne électorale de division ».
« Nous avons vécu la campagne électorale la plus difficile marquée par des incitations débridées de la part du Premier ministre », avait déclaré Odeh à Rivlin. « Une telle chose n’avait jamais eu lieu depuis 1948 ».
Netanyahu a été condamné le mois dernier par les Arabes israéliens et leurs alliés après avoir déclaré qu’Israël n’était pas « l’Etat de tous ses citoyens. Selon la loi sur l’Etat-nation que nous avons adoptée, Israël est l’Etat-nation du peuple juif – et de personne d’autre ».
Il avait également suscité la controverse en 2015, le jour des élections, lorsqu’il avait publié une vidéo recommandant vivement aux électeurs de droite de se rendre aux urnes parce que les Arabes israéliens « arrivaient en masse » dans les bureaux de vote.
Hadash-Taal avait également âprement critiqué le Likud pour avoir facilité l’installation de caméras cachées dans des bureaux de vote dans les communautés arabes le jour du scrutin, cette année.
Touma-Sliman a envoyé une lettre, le 15 avril, au procureur-général Avichai Mandelblit, demandant à ce qu’il réclame la collecte, par la police, des caméras et autres matériels enregistrés par les activistes du Likud dans les bureaux de vote arabes.
Le Likud a admis être à l’origine du placement de 1 200 caméras cachées dans les bureaux de vote arabes – une initiative que les responsables trouvaient justifiée, disant qu’elle était nécessaire pour contrer ce qu’ils avaient qualifié de haut-risque de fraude électorale.
« C’est une démarche sans précédent d’incitation directe et délibérée qui a été effectuée ici par Netanyahu, cette fois par l’action, et pas seulement par la parole », avait écrit Touma-Sliman.
52 % des électeurs arabes éligibles ont mis un bulletin dans l’urne lors du dernier scrutin, a estimé un statisticien arabe israélien, Yousef Makladeh. D’autres ont avancé un chiffre inférieur. Lors des élections de 2013 et 2015, 54 % et 63,7 % respectivement des Arabes israéliens avaient voté, selon des estimations post-électorales qui avaient été réalisées à ce moment-là.
Hadash-Taal a remporté six sièges dans le scrutin du 9 avril et Raam-Balad en a gagné quatre.