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Analyse

2e tour Lion-Berkovitch: les hassidim pourraient obtenir les clés de la capitale

Soutenu par la plupart des ultra-orthodoxes, Moshe Lion reste en tête de la course pour la mairie de Jérusalem le 13 novembre, à moins que certains rabbins n'en décident autrement

Marissa Newman

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Les sympathisants célèbrent l'arrivée du candidat à la mairie de Jérusalem Moshe Lion à son QG de campagne, le 30 octobre 2018. (Hadas Parush/Flash90)
Les sympathisants célèbrent l'arrivée du candidat à la mairie de Jérusalem Moshe Lion à son QG de campagne, le 30 octobre 2018. (Hadas Parush/Flash90)

Il est bien connu dans le monde politique de Jérusalem qu’un « accord » de dernière minute entre le maire Nir Barkat et les principales communautés hassidiques de la capitale a fait basculer le vote en sa faveur en 2013 (51 %) face à son rival de l’époque Moshe Lion (45 %).

À ce jour, les deux parties nient officiellement qu’un tel accord ait été conclu. Mais à l’approche du vote de 2013, le puissant chef religieux des hassidim de Gur a refusé de soutenir Lion et a donné à ses fidèles la liberté de vote, se dissociant de la communauté ultra-orthodoxe dans son ensemble et offrant à Barkat un second souffle. Belz a emboîté le pas, et lorsque Barkat a remporté un nouveau mandat de cinq ans, les analystes ont souligné que le vote des Hassidim a été un facteur clé.

Mardi, Lion s’est retrouvé au second tour de l’élection municipale de Jérusalem avec 33 % des suffrages, soit quelque 80 000 voix. Le 13 novembre, il affrontera un autre rival de type Barkat, le président d’Hitorerut, Ofer Berkovitch, qui a obtenu 29 % au premier tour, soit quelque 70 000 voix.

Actuellement, Lion semble le mieux placé pour gagner : Ses supporters ultra-orthodoxes affichent toujours des taux de participation élevés et de nombreux partisans du candidat battu Zeev Elkin, qui comme lui est orthodoxe et a des racines politiques au Likud, devraient le soutenir au second tour.

Mais aujourd’hui, comme en 2013, le vote des Hassidim – ainsi que celui des autres partisans de la ligne dure – pourrait s’avérer décisif.

Les sympathisants célèbrent l’arrivée du candidat à la mairie de Jérusalem, Ofer Berkovitch, à son QG de campagne, alors qu’il mène dans les premiers résultats des élections municipales pour Jérusalem, le 30 octobre 2018. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Lion et Berkovitch vont se disputer les électeurs des candidats Elkin et Yossi Deitsch, qui n’ont pas réussi à se qualifier pour le deuxième tour (le deuxième tour est organisé entre les deux premiers candidats, si personne n’obtient 40 % des suffrages). Elkin, le ministre des Affaires de Jérusalem, soutenu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, est arrivé troisième avec environ 20 %, suivi par l’ultra-orthodoxe Deitsch, avec 17 % (résultats non définitifs).

Deitsch avait été soutenu par la faction majoritairement hassidique Agoudat Israel, qui avait refusé d’unir ses forces à celles des factions ultra-orthodoxes Shas et Degel HaTorah pour soutenir Lion, tout comme en 2013.

Entre Elkin et Deitsch, ce sont quelque 88 000 électeurs de Jérusalem qui sont désormais sollicités, en supposant que les taux de participation soient les mêmes dans deux semaines. Alors que les Israéliens ont bénéficié pour la première fois d’une journée de congé pour aller voter aux élections locales mardi, ce qui a donné une légère mais non spectaculaire augmentation du taux de participation, le deuxième tour du 13 novembre sera un jour ouvré ordinaire (désolé, les amis).

Le candidat à la mairie de Jérusalem Zeev Elkin et son fils prient au mur Occidental, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le matin des élections municipales, le 30 octobre 2018. (Aharon Krohn/Flash90)

Répartition des sièges

Un regard sur la répartition des 31 sièges du conseil municipal de la ville lors de l’élection de mardi (les résidents votent séparément pour le maire et la liste du conseil municipal) offre un aperçu de la répartition des populations politiques disparates de Jérusalem.

Notamment, le soutien de Lion semble dépendre fortement – presque exclusivement – des ultra-orthodoxes, avec quelque 40 000 électeurs de Degel HaTorah et 33 000 de Shas qui ont élu leurs conseillers respectifs (environ cinq-six sièges chacun), alors que le parti Notre Jérusalem de Lion ne parvient pas à atteindre le seuil pour obtenir un poste au conseil avec quelque 2 % des votes (résultat non définitif). S’il est élu maire, il aura besoin d’une autorisation spéciale du ministère de l’Intérieur pour diriger le conseil sans qu’aucun représentant de sa liste n’y figure, selon les médias israéliens.

Lion a obtenu quelque 79 000 voix pour le poste de maire mardi soir après une campagne quelque peu terne dans laquelle il est apparu largement dépendant des soutiens des rabbins Haredi (lors d’une récente réunion publique à Jérusalem, quand on lui a demandé ces impressions sur la campagne, Lion a dit qu’il pensait que ce serait plus facile).

Mardi également, le parti YaHadout HaTorah d’Agoudat Israel a obtenu quelque 25 000 voix au conseil, soit trois sièges. Hitorerut de Berkovitch a obtenu le plus grand nombre de voix, soit six sièges, avec 43 000 voix.

Un Israélien accroche des affiches de campagne pour les élections locales dans le centre de Jérusalem le 30 octobre 2018. (Crédit : THOMAS COEX / AFP)

De son côté, le parti d’Elkin, « Jerusalem vaincra », n’a recueilli que 11 000 voix, ce qui signifie que plus des trois quarts des 47 000 habitants qui ont voté pour le ministre Likud ont soutenu d’autres listes pour le conseil municipal.

Les électeurs énigmatiques d’Elkin seront probablement partagés au prochain tour entre Lion et Berkovitch, certains s’attendront à ce que le premier soit perçu comme un pilier du Likud (il a été chef du bureau de Netanyahu) et d’autres le rejetteront probablement en raison de sa longue alliance avec Avigdor Liberman, dirigeant de Yisrael Beytenu, et Aryeh Deri, dirigeant du Shas. Le résultat de la prochaine course dépendra en grande partie des caprices de ces électeurs, dont on sait peu de choses sur eux.

Mais même en supposant généreusement que Lion récupérera les trois quarts des voix d’Elkin – soit quelque 35 000 électeurs – et conservera ses 80 000 soutiens Haredi mi-novembre, la victoire ne lui est pas forcément assurée, si dans un retournement de situation, Berkovitch réussi à obtenir le vote des Hassidim et de la ligne dure des Haredi, et si le taux de participation augmente chez les laïcs.

Il s’agit notamment des 70 000 sympathisants de Berkovitch, des 25 000 électeurs d’Agoudat Israel (Deitsch a recueilli 41 000 voix, les 16 000 restants venant d’autres quartiers non identifiés), des 8 000 électeurs radicaux de Bnei Torah de la Jerusalem Faction, qui avaient soutenu Elkin, ainsi que des quelques milliers de personnes qui avaient votés pour Elkin et Deitsch, qui mettrait les deux au coude à coude.

Les guerres des Haredi vs. Shabbat

Toutefois, cela dépendra de la question de savoir si les divisions internes des Haredim triomphent ou non des considérations religieuses.

Les élections locales de 2018 ont été particulièrement acrimonieuses parmi les différents courants de Juifs ultra-orthodoxes dans tout le pays – une tendance qui s’est surtout manifestée dans la ville centrale d’Elad, où la faction lituanienne Degel HaTorah a présenté son propre candidat contre le candidat sortant, Yisrael Porouch, du parti Agoudat Israel, ce qui a provoqué de vives réactions de colère.

Yitzhak Pindrus. le 30 mai 2011. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

La Cour suprême de justice a finalement disqualifié le candidat de Degel HaTorah, Yitzhak Pindrus, en raison de son déménagement partiel de Jérusalem à Elad pour y briguer la mairie. Mais les calomnies ont continué et les tensions à Jérusalem se sont aggravées lorsque les factions ultra-orthodoxes Shas et Degel HaTorah ont pris parti pour Lion et ont rejeté Deitsch, de Agoudat Israel. Et lorsque Deitsch n’a pas abandonné la course, dans un geste perçu comme une diversion du soutien de Lion, les esprits se sont encore plus enflammés.

Pendant ce temps, la Faction de Jérusalem, ardemment opposée au projet de loi, est confrontée à un dilemme : il sera difficile de soutenir un candidat considéré comme de mèche avec Liberman en novembre, alors que le gouvernement rédige sa loi d’enrôlement Haredi. Un récent article de Yedioth Ahronoth suggérait que la candidature de Lion faisait partie d’un accord politique plus large sur le projet de loi. En conséquence, les 8 000 électeurs pourraient se retrouver dans la position délicate de soutenir Berkovitch pour contrarier Lion et le reste des ultra-orthodoxes – ou ils pourraient ne pas voter du tout.

Dans les semaines à venir, la question de savoir s’il y a un rapprochement interne Haredi déterminera probablement avec qui Agoudat Israel se range dans la capitale. Comme l’a montré la course de 2013, les dirigeants rabbiniques hassidiques ont longtemps critiqué Lion et hésité à le soutenir, quitte à avoir pour résultat un maire laïc.

Mais ils évalueront les coûts par rapport à un candidat dont les critiques ultra-orthodoxes ont affirmé à plusieurs reprises qu’il chercherait à changer le statu quo dans la capitale, en particulier sur les questions relatives au Shabbat.

Pour sa part, Berkovitch s’est ouvertement engagé à ne pas céder aux pressions ultra-orthodoxes.

Mais s’ils sont rassurés à ce sujet par Berkovitch, les faiseurs de rois hassidiques qui ont juré, au début de la campagne électorale, de mettre un terme à la vie nocturne du marché Mahane Yehuda pourraient se retrouver dans une position très ironique : soutenir discrètement, en secret, le candidat arriviste dont les soirées dans le marché il y a dix ans ont permis à son mouvement politique Hitorerut de prendre son envol.

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