France: 3 figures d’extrême droite condamnées pour l’agression de journalistes
Deux de ces individus jugés et condamnés sont Yvan Benedetti et Hervé Lalin, deux figures d’extrême droite connues pour leur violence et leurs positions racistes et antisémites
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi trois figures de l’extrême droite française, qui ont été reconnus coupables de « dégradation ou détérioration du bien d’autrui en réunion lors de manifestation sur la voie publique ».
La justice a prononcé à l’encontre de chacun des trois individus une peine de 150 jours-amendes à 10 euros, soit 1 500 euros d’amende.
Ils étaient jugés pour avoir agressé des journalistes de l’émission « Quotidien », et avoir détruit une partie de leur matériel.
Deux de ces individus jugés et condamnés sont Yvan Benedetti et Hervé Lalin (dit Ryssen), deux figures d’extrême droite connues pour leur violence et leurs positions racistes et antisémites.
Le Parisien rappelle qu’ils ont déjà été condamnés respectivement six fois et 21 fois pour des faits de diffamation, de rébellion, d’outrage ou encore de violence.
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Devant la justice, Yvan Benedetti a expliqué « être le responsable indirect de la situation, car les responsables directs sont les journalistes, si on peut les qualifier comme ça, plutôt des ‘fonds de poubelle’, venus faire de la provocation comme ils le font souvent ».
Les faits remontent au 6 octobre 2019, alors que les opposants à l’ouverture de la procréation médicalement assistée pour toutes manifestaient en France.
À Paris, rue de Vaugirard, trois hommes avaient pris à partie une équipe de l’émission de télévision « Quotidien », diffusée sur TF1. Leur but était alors de « saboter leur reportage de m…, en déréglant » le matériel audio et sonore des journalistes, a expliqué Yvan Benedetti à la barre.
Bousculé, le journaliste reporter d’images était tombé en arrière, et l’un des individus avait porté trois coups violents dans la caméra, détruisant celle-ci.
Le prévenu a dit « regretter » aujourd’hui son geste.
« J’ai fait ça parce que j’étais énervé », a-t-il tenté d’expliquer.
Son avocat a indiqué que les frais relatifs à la destruction de la caméra avaient été remboursés, ce qui a conduit au désistement des victimes à se constituer partie civile lors du procès.
La procureure avait demandé dans ses réquisitions la relaxe des prévenus sur les faits de « violence en réunion », pour lesquels ils étaient également poursuivis. Selon elle, ceux-ci n’étaient « pas suffisamment caractérisés ».
Elle avait néanmoins maintenu la circonstance aggravante de « dégradation en réunion », relevant qu’il n’était pas question de savoir qui avait fait quoi lors de cette « action collective imputable aux trois ».
Les avocats de la défense avaient eux mis en avant les différentes actions – et donc les différentes intentions – des prévenus. Ils avaient ainsi demandé l’abandon de la circonstance aggravante de dégradation en réunion.
Sur Twitter, Yvan Benedetti a réagi en se disant être victime de « délit de sale gueule natio ».
En septembre dernier, Benedetti avait été condamné à Paris à 10 000 euros d’amende pour contestation de crimes contre l’humanité, en raison d’un article remettant en cause le bilan du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le tribunal l’avait également condamné à verser 1 500 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros au titre des frais de justice à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), qui s’était constituée partie civile.
Dans un article mis en ligne en mai 2020 sur le site « Jeune Nation », dont il est directeur de publication, Yvan Benedetti qualifiait les 6 millions de morts de la Shoah de chiffre « inventé », qui « repose sur une affabulation », « un chiffre symbolique issu de la propagande sioniste ».
« Sous couvert d’une recherche de vérité supposée historique, par les propos poursuivis, Yvan Benedetti exprime une minoration outrancière du nombre de victimes de la Shoah » et utilise des « ressorts éprouvés du négationnisme, tel que le discrédit des témoins », avait souligné le tribunal judiciaire de Paris.
En juin 2021, il avait déjà été condamné pour négationnisme, à la même peine, pour une vidéo du militant d’extrême droite Hervé Lalin (dit Ryssen) publiée sur « Jeune Nation », intitulée « Les Juifs, l’inceste et l’hystérie ».
Conseiller municipal à Vénissieux, près de Lyon, dans les années 2000, il avait été exclu du Front national pour s’être qualifié lui-même « d’antisioniste, antisémite et antijuif ».
Il avait pris la tête en 2012 de L’Œuvre française, mouvement pétainiste fondé en 1968 et dissous après la mort en juin 2013 du militant antifasciste Clément Méric lors d’une rixe avec des skinheads d’extrême droite.
Condamné en 2019 à huit mois de prison avec sursis pour non dissolution de ce groupuscule, il s’était également affiché parmi les « gilets jaunes ».