32 M de shekels pour la restauration de l’ancienne capitale d’Israël en Cisjordanie
Les fonds serviront à développer le parc archéologique de Sebastia, près de Naplouse, qui recèle des vestiges de dix périodes, et que se disputent Israéliens et Palestiniens
Le gouvernement a approuvé dimanche un budget de 32 millions de shekels pour la restauration et le développement du site archéologique de Sebastia près de la ville de Naplouse en Cisjordanie, un site historique qui a longtemps été négligé et qu’Israéliens et Palestiniens se disputent depuis des dizaines d’années.
La proposition a été soumise par la ministre de l’Environnement, Idit Silman, le ministre du Tourisme, Haim Katz, et le ministre du Patrimoine, Amichai Eliyahu, qui affirment que l’Autorité palestinienne, qui supervise certaines zones de Cisjordanie, tente de prendre le contrôle du site de manière illégale, selon un article paru dans le quotidien Haaretz. Ils écrivent dans leur proposition que l’Autorité palestinienne a récemment « déclaré Sebastia site du patrimoine palestinien et encourage les activités illégales et destructrices dans la région dans le but de prendre le contrôle du site », tout en « endommageant gravement les antiquités se trouvant sur le site ».
Sebastia est situé à quelques kilomètres au nord-ouest de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Connue en hébreu sous son nom biblique de Shomron, la ville était la capitale du royaume israélite du Nord au cours des 9e et 8e siècles avant JC, fondée par le sixième roi d’Israël, Omri.
Israéliens comme Palestiniens revendiquent le site comme leur patrimoine culturel exclusif. Cependant, le site n’a pratiquement pas été développé et n’a pas fait l’objet de fouilles. Israël contrôle le parc archéologique contenant les objets anciens, qui se trouve dans la zone C, mais la ville de Sebastia se trouve dans la zone B, sous le contrôle conjoint des Israéliens et des Palestiniens. La municipalité est dirigée par des responsables palestiniens qui affirment vouloir administrer le parc, mais ne disposent pas des ressources nécessaires pour le développer.
Le financement approuvé par le gouvernement israélien, provenant de huit ministères, dont ceux du Tourisme, de l’Environnement, de la Culture et des Sports, de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie, servira à créer un centre touristique sur le site, à construire de nouvelles routes d’accès, à cartographier les zones vierges et à renforcer l’application de la loi pour prévenir toute activité illégale, selon la presse israélienne.
Selon la proposition, l’autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) disposera de 60 jours pour formuler un plan global de restauration et de développement du site.
Le site de Sebastia comporte des vestiges datant de dix périodes, de l’âge du fer à l’époque moderne. Les couches d’histoire qui se superposent remontent à près de 3 000 ans, des rois bibliques aux conquérants romains, en passant par les croisés et les Ottomans.
Des fragments de maisons, des murs et un palais de l’âge du fer sont encore visibles.
Après sa destruction par les Assyriens en 721 avant notre ère, la ville est devenue la capitale provinciale de la région conquise. Elle a connu un nouvel essor sous les Grecs, mais a été détruite par le souverain hasmonéen Jean Hyrcan. Son fils Alexandre Jannée a reconstruit la ville et l’a repeuplée avec les Juifs.
À l’époque romaine, le roi Hérode la rebaptisa en l’honneur d’Auguste César – Sébaste se dit Auguste en grec. À son apogée, Sébastia était une ville et un comptoir importants ; les vestiges de son théâtre romain, de son temple, de ses palais, de son forum, de son hippodrome et de sa place du marché sont encore visibles aujourd’hui.
Au cours des siècles de son long déclin, Sebastia a été un important centre chrétien, on peut le voir grâce aux ruines d’une église byzantine dédiée à saint Jean-Baptiste, où la légende dit qu’il a été exécuté et où sa tête a été enterrée.
Une cathédrale des Croisés transformée en mosquée subsiste dans le village palestinien moderne voisin, vestige de l’ancienne gloire de la ville croisée qui porte le même nom.
Sebastia est également une place importante dans l’histoire de l’archéologie. La première fouille archéologique entièrement américaine en Palestine ottomane a été menée à Sebastia par une équipe parrainée par Harvard en 1908.
Malgré l’importance historique de Sebastia, le site a à peine été fouillé. La dernière fouille archéologique a eu lieu en 1967, quand la Cisjordanie était encore sous contrôle jordanien. Depuis lors, seules quelques opérations de sauvetage ont eu lieu.
Les visites du site par les touristes israéliens sont limitées.
Ilan Ben Zion a contribué à cet article.