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40 ans après l’attaque israélienne d’Osirak, l’Iraq veut développer son nucléaire civil

Un porte-parole militaire confirme la réunion de haut niveau sur le développement d'un programme pacifique pour à diversifier les ressources du pays riche en pétrole

Photo partagée sur le compte X de Mohammed Shia al-Sudani, Premier ministre irakien (au centre), dirigeant une réunion à Bagdad le 30 août 2023. (Crédit : Porte-parole du Premier ministre irakien)
Photo partagée sur le compte X de Mohammed Shia al-Sudani, Premier ministre irakien (au centre), dirigeant une réunion à Bagdad le 30 août 2023. (Crédit : Porte-parole du Premier ministre irakien)

Le  porte-parole militaire d’Irak a déclaré que le gouvernement irakien développe un programme nucléaire civil, un développement qui pourrait s’avérer problématique, quelque quarante ans après la destruction du réacteur d’Osirak à Bagdad par un raid israélien audacieux.

Le Premier ministre Mohammed Chia al-Soudani a discuté du développement d’un programme nucléaire pacifique lors d’une réunion du Conseil ministériel pour la sécurité nationale mercredi, selon le général de division Yehia Rasool.

Le réacteur serait utilisé pour produire de l’électricité, le pays riche en pétrole cherchant à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles polluants, a précisé Rasool sur X, le site de réseaux sociaux anciennement connu sous le nom de Twitter.

Les deux parties ont discuté du « lancement de la construction d’un réacteur nucléaire limité à des fins pacifiques », a-t-il ajouté.

D’autres ministres ont participé à la réunion, ainsi qu’une commission technique sur l’énergie nucléaire, a indiqué M. Rasool.

L’Irak parle depuis plusieurs années de la possibilité de relancer son programme nucléaire, mais ces discussions ont rarement dépassé le stade des discussions de bas niveau, freinées par l’instabilité endémique ainsi que par l’opposition véhémente d’Israël et de la communauté internationale à une telle initiative en l’absence d’une supervision rigoureuse.

L’électricité est une question politique sensible en Irak, car malgré les énormes réserves de pétrole du pays, son réseau électrique délabré ne suffit pas à répondre à la demande en période de pic et les Irakiens endurent chaque été des coupures de courant qui durent des heures.

Muqtada Haider tourne les interrupteurs pour transférer l’électricité aux maisons privées à Bagdad, Irak, vendredi 10 septembre 2021. (Crédit : Hadi Mizban/AP)

Ravagé par des dizaines d’années de conflits et de sanctions internationales, cet État pétrolier dépend des importations de gaz iranien pour un tiers de ses besoins énergétiques. Il est également en proie à une corruption endémique.

Pour réduire sa dépendance au gaz iranien, Bagdad a exploré plusieurs possibilités, notamment les importations en provenance de pays du Golfe comme le Qatar, ou la récupération du gaz brûlé dans les champs pétrolifères.

En 1981, Israël a partiellement détruit un réacteur en construction à Osirak, au sud de Bagdad, officiellement conçu à des fins pacifiques, mais dont on craignait qu’il ne serve en réalité à fabriquer une arme atomique.

En 2003, les troupes américaines ont envahi le pays sur la base de fausses allégations selon lesquelles celui-ci cachait des armes de destruction massive (ADM), notamment des armes nucléaires présumées.

Israël est le seul pays du Moyen-Orient à posséder l’arme nucléaire, selon certains rapports publiés à l’étranger ; la communauté internationale craint par ailleurs le déclenchement d’une course aux armements nucléaires dans la région si certains pays devaient obtenir le feu vert pour commencer à enrichir de l’uranium.

Les tentatives de l’Iran d’enrichir de l’uranium, dont le but serait également pacifique, ont été sanctionnées et ont fait l’objet de menaces d’attaque de la part d’Israël et des États-Unis.

L’Arabie saoudite a récemment intensifié ses pressions pour obtenir le feu vert des États-Unis pour son propre programme nucléaire civil, en le présentant comme une condition préalable à la normalisation de ses relations avec Israël.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, aurait demandé à Brett McGurk, coordinateur pour le Moyen-Orient du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, des éclaircissements sur le programme saoudien présumé lors de leur rencontre à New York cette semaine.

Au début du mois, le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a déclaré dans une interview qu’Israël ne voyait pas nécessairement d’inconvénient à ce que l’Arabie saoudite développe un programme nucléaire civil. Le bureau de Netanyahu a ensuite publié une déclaration pour minimiser ces propos, mais une source proche du Premier ministre a été citée par la presse israélienne réaffirmant qu’Israël « n’exclut pas » l’idée que Ryad enrichisse son uranium.

Des militants de Greenpeace devant une cuve de mélange d’oxyde d’uranium sur le site de l’installation nucléaire de Tuwaitha à Osirak, en Irak, le 24 juin 2003. (Crédit : CRIS BOURONCLE / AFP)

« Certains pays de la région peuvent disposer de l’énergie nucléaire à des fins civiles. C’est une autre histoire que celle d’un programme d’armement nucléaire », a affirmé Dermer lors d’une interview accordée à PBS. Interrogé sur la mesure dans laquelle Israël pourrait être ouvert à la possibilité d’acquiescer à la demande de l’Arabie saoudite de disposer de « capacités nucléaires civiles, avec enrichissement », en échange d’une normalisation, Dermer a répondu : « Comme pour beaucoup d’autres questions, le diable se cache dans les détails, et nous devrons être attentifs aux accords finaux ».

Le dirigeant irakien Soudani est arrivé au pouvoir l’année dernière avec une coalition de partis soutenus par l’Iran et est considéré comme proche de l’Iran, bien qu’il ait également essayé de forger des liens avec les États-Unis et la Turquie.

Le rédacteur en chef de Zman Yisrael, Yaron Friedman, a contribué à cet article.

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