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60 M de personnes dans le monde ont une affinité avec le judaïsme ou Israël

En quête de convertis, d'olim et de pro-Israéliens, le ministère suggère un projet-pilote parmi 5 millions de descendants d'aïeux Juifs convertis au christianisme

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des immigrants Bnei Menashe arrivent depuis l'Inde à l'aéroport Ben Gourion en 2006. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)
Des immigrants Bnei Menashe arrivent depuis l'Inde à l'aéroport Ben Gourion en 2006. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Environ 60 millions de personnes dans le monde ont une affinité avec le judaïsme ou Israël et notamment de nombreux groupes et individus qui pourraient être amenés à se convertir ou à immigrer vers Israël, selon une commission établie par le ministère des Affaires de la diaspora.

Dans ce qu’elle qualifie « d’opportunité stratégique sans précédent », la commission appelle à cartographier les communautés potentielles, à fournir des matériels d’apprentissage sur le judaïsme, l’Etat juif et l’hébreu et à créer un parcours particulier pour ceux qui sont intéressés par l’idée de travailler, de vivre et peut-être de se convertir au judaïsme ou de venir en Israël, a rapporté mercredi le quotidien Haaretz.

Les rabbins orthodoxes se sont immédiatement opposés à cette idée, disant que le judaïsme n’est pas une religion prosélyte. Les Juifs réformés ont déclaré que le gouvernement s’intéressait davantage à expulser des personnes qui étaient considérées comme insuffisamment juives qu’à en recruter de nouvelles – une référence à des cas où des individus ont vu leur citoyenneté révoquée pour des raisons variées.

Le ministère des Affaires de la diaspora a indiqué dans une déclaration que le rapport n’avait pas encore été adopté et que l’objectif poursuivi n’était pas une conversion massive, mais plutôt le renforcement des relations entre Israël et les communautés juives à l’étranger.

L’une des recommandations du rapport est de réexaminer le potentiel de ces communautés étrangères à servir comme des représentants positifs de l’Etat juif qui puissent également aider dans la lutte contre l’antisémitisme.

Le ministre de l’Education, Naftali Bennett, dirige une réunion de son parti HaBayit HaYehudi à la Knesset, le 12 mars 2018 (Miriam Alster / Flash90)

Le rapport a été commandé en 2016 par Naftali Bennett, ministre des affaires de la Diaspora mais aussi de l’Education, qui dirige le parti de droite religieux HaBayit HaYehudi.

Visant à conseiller le gouvernement sur les politiques concernant ce qu’il appelle les « larges communautés » en quête de reconnaissance israélienne, de liens et même de citoyenneté au sein de l’Etat juif, la commission a présenté son rapport au secrétaire de cabinet la semaine dernière.

Parmi les millions de recrues potentielles, le rapport identifie les descendants de Juifs qui ne sont pas éligibles à l’immigration en Israël sans conversion officielle – ceux qu’on appelle les Marranes, les descendants des Juifs espagnols et portugais contraints à la conversion au chirstianisme il y a plusieurs siècles ; les descendants des « Marranes rouges » d’Europe de l’est, qui cachaient leur judaïsme sous le régime communiste ; les communautés qui se déclarent juives mais ne sont pas officiellement reconnues, comme les Falashmura en Ethiopie et les Bnei Menashe en Inde ; les groupes d’Afrique et d’Asie qui revendiquent une connexion plus distante au judaïsme et d’autres groupes dans le monde qui se sentent idéologiquement et spirituellement proches du peuple juif.

Le rapport classe ces groupes en cercles de proximité, avec plus de 14 millions de personnes dans le groupe le plus proche (les Juifs en Israël et à l’étranger), suivis par neuf millions de personnes qui pourraient avoir droit à l’immigration sous les termes de la Loi du retour ; de cinq millions d’individus qui sont descendants de convertis ; et de près de 35 millions de personnes qui sont d’ores et déjà connues pour entretenir des affinités avec l’Etat juif.

La Loi du Retour donne des droits de citoyenneté aux gens qui ont au moins un grand-parent juif ou qui sont mariés à un juif.

En tout, dit le rapport, ce sont environ 60 millions de personnes qui peuvent être définies comme des « potentiels futur », avec parmi elles des individus qui ne le savent tout simplement pas.

Les chrétiens évangéliques du monde entier chantent et récitent des prières lors de la conférence des présidents de Jérusalem au Centre international des congrès de Jérusalem, le 22 septembre 2013 (Crédit : Flash90)

Les recommandations de la commission incluent la création d’un projet pilote à destination des descendants des convertis par la force, la création d’une base de données en ligne qui comprendrait des informations généalogiques, la planification de permis d’entrée spéciaux qui permettraient aux non-Juifs intéressés d’étudier et de travailler en Israël et l’établissement à l’étranger d’instituts dont l’objectif serait de faire se propager les cultures juive et israélienne comme le font, par exemple, les instituts Goethe ou français en Allemagne et en France.

Le rabbin Dov Lior, chef du conseil des rabbins de Judée et Samarie, a déclaré à Haaretz que le prosélytisme ne correspondait pas au judaïsme et qu’il était important avant tout de ramener les Juifs qui s’en sont éloignés à la pratique religieuse.

Le rabbin Uri Sherki a indiqué au journal que tandis qu’il soutient le renforcement de la connexion avec les non-Juifs, il craint que certains d’entre eux soient plus intéressés par l’établissement d’un lien entre les Juifs et le christianisme.

Le rabbin Gilad Kariv, directeur-général du mouvement réformé en Israël, a estimé que le rapport reflétait bien le point de vue du judaïsme réformé. Il a ajouté qu’une telle approche était rejetée de manière répétée par le gouvernement israélien, qui « se préoccupe davantage d’élever des murs entre les Juifs » et d’expulser des gens de l’Etat d’Israël.

Gilad Kariv (Crédit : CC BY Gilad Kariv/Facebook)

Le docteur Shuki Friedman de l’Institut israélien de la démocratie a indiqué qu’il ne voyait aucune chance que le gouvernement mette en oeuvre les recommandations de la commission.

Il a estimé que l’attention devait d’abord se porter sur le fait de trouver des solutions pour le demi-million à peu-près de citoyens israéliens qui ont obtenu la permission d’immigrer sous les termes de la loi du retour et qui servent au sein de l’armée, qui vivent et travaillent dans le pays mais qui ne sont pas reconnus par le judaïsme orthodoxe comme des membres de cette confession.

Parmi eux, de nombreux migrants venus des Etats de l’ex-Union soviétique.

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