900 djihadistes tués dans la bataille pour Mossoul, selon Washington
L'offensive, lancée le 17 octobre sur 3 fronts, se concentre pour le moment sur les localités des alentours de Mossoul

Un général américain a estimé jeudi que près de 900 combattants du groupe Etat islamique (EI) auraient été tués depuis le début de l’offensive des forces irakiennes sur Mossoul et sa région, que des déplacés continuent de fuir en petit nombre.
Près de 12 000 personnes ont pour l’heure été contraintes de quitter leurs foyers en raison des opérations militaires visant à reprendre la deuxième ville d’Irak, dernier bastion des jihadistes dans ce pays, selon le gouvernement irakien.
Au onzième jour de l’offensive, le général américain Joseph Votel a indiqué que les forces irakiennes avaient « probablement tué environ 800 à 900 combattants de l’EI » jusqu’à présent.
Dans un entretien accordé à l’AFP, le chef du Commandement central de l’armée américaine (Centcom) a toutefois souligné qu’il était difficile de fournir des chiffres précis car les combattants de l’EI se déplacent en petits groupes autour de Mossoul et tentent de se fondre dans la population.
L’offensive, lancée le 17 octobre sur trois fronts (est, nord et sud), se concentre pour le moment sur les localités des alentours de Mossoul et progresse à un rythme relativement rapide, selon des responsables militaires.
Mais la résistance devrait être plus importante lorsque les forces irakiennes tenteront de franchir les lignes de défense de l’EI et d’entrer dans la ville où l’EI avait déclaré un « califat » en juin 2014.
Des experts estiment qu’une chute de Mossoul pourrait sonner le glas de l’existence territoriale de l’EI en Irak mais sûrement pas de l’influence de ce groupe qui a prospéré en partie sur la frustration de la minorité sunnite.
‘Régime de la mort’
La perspective de devoir livrer une véritable guérilla urbaine à environ 3 000 à 5 000 djihadistes, selon une estimation américaine, retranchés dans une agglomération de 1,5 million d’habitants d’après l’ONU, fait craindre un déplacement de population à grande échelle.
Ce possible afflux massif de civils inquiète grandement la communauté humanitaire dans un pays qui a enregistré déjà plus de 3,3 millions de déplacés depuis le début en 2014 de l’expansion djihadiste.
Pour l’heure, le ministère irakien pour les migrations a comptabilisé plus de 11 700 déplacés.
« En terme de préparation, l’ONU et les agences humanitaires comme la nôtre tablent sur le déplacement de jusqu’à 200 000 personnes dans les prochains jours », a indiqué le Conseil norvégien pour les réfugiés, précisant que les capacités d’accueil des camps étaient pour l’heure de 60 000.
Dans le camp de Khazir, à l’est de Mossoul, Saddam Dahham a raconté à l’AFP ses deux ans de calvaire sous le joug jihadiste: « On n’avait pas le droit de fumer, d’utiliser des téléphones, de regarder la télévision, on était obligés de se laisser pousser une longue barbe ».
« On vivait sous le régime de la mort », se rappelle ce Kurde sunnite, qui s’est empressé d’utiliser le rasoir offert dans un kit humanitaire dès son arrivée dans le camp, avec son épouse et leurs trois enfants.
Deux femmes yézidies rescapées des persécutions de l’EI, qui avaient en 2014 enlevées et forcées à l’esclavage sexuel de nombreuses jeunes filles de cette communauté, ont reçu jeudi le prix Sakharov du Parlement européen, qui distingue des personnes s’étant illustrées dans la défense des droits de l’Homme.
‘Isoler Raqa’
Satisfaite du « progrès considérable » de l’opération de Mossoul, la coalition internationale antijihadistes menée par Washington veut maintenant s’attaquer à Raqa.
Une offensive aura lieu « dans quelques semaines » a affirmé mercredi le secrétaire à la Défense américain Ashton Carter. Il s’agit d’abord de « générer et positionner les forces » qui iront « isoler » cette ville du nord de la Syrie.
Plus encore qu’à Mossoul, dont la reprise est préparée depuis plus d’un an, l’opération sur le fief syrien de l’EI Raqa s’annonce difficile.
Dans le chaos qu’est devenu le conflit syrien, qui a déjà fait 300 000 morts et où acteurs locaux, régionaux et internationaux s’opposent sur de multiples fronts, identifier les forces susceptibles de donner l’assaut et les convaincre de travailler ensemble semble relever d’une gageure.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé jeudi que les opérations militaires menées depuis fin août par la Turquie dans le nord syrien allaient s’étendre à Raqa, après Minbej, ville dont il avait dit la veille qu’il voulait la « nettoyer » des milices kurdes soutenues par Washington qui la contrôlent.
M. Erdogan a affirmé avoir partagé ses intentions avec son homologue américain Barack Obama lors d’un entretien téléphonique mercredi soir. « Venez, expulsons ensemble Daech (acronyme arabe de l’EI) de Raqa. Nous pouvons le faire ensemble, nous en avons la capacité », a-t-il déclaré.