A 90 ans, l’Agence juive se redéfinit comme pôle du monde juif tout entier
En amont de la rencontre du conseil d'administration, l'agence a annoncé un nouveau plan stratégique qui comprend l'emphase sur les liens entre les communautés de la Diaspora
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Alors que l’Agence juive pour Israël vient de souffler cette année ses 90 bougies, l’institution renouvèle sa vision pour la prochaine décennie. Plus simplement « pour Israël », l’agence accordera la priorité aux liens entre les communautés de la Diaspora – et à la sensibilisation de la communauté non-juive dans la lutte contre l’antisémitisme.
Dans un monde juif de plus en plus divisé, l’agence continue de tenter de combler l’écart qui s’est creusé entre Israël et la diaspora. Mais, dans un changement sensible de cap, elle redoublera d’efforts dans sa représentation des communautés juives dans les couloirs de la Knesset israélienne et ses tentatives visant à influencer la politique gouvernementale en leur nom.
La mise en oeuvre du plan stratégique, avec notamment l’allocation d’un budget, commencera seulement après son adoption lors de la rencontre annuelle du Conseil d’administration à Jérusalem, du 27 au 29 octobre.
Dans un communiqué révélant ces changements, le président de l’Agence juive, Issac Herzog, a estimé que « c’est un moment historique pour une organisation qui a eu un rôle déterminant dans l’histoire dans la vie des Juifs, au cours des 90 dernières années. Aujourd’hui, nous redéfinissons notre mission stratégique pour la décennie à venir sur la base des défis que les Juifs doivent affronter aujourd’hui ».
Selon le plan stratégique, l’agence va redoubler d’efforts pour sensibiliser à l’immigration en Israël – elle a fait venir environ trois millions d’immigrants depuis la fondation de l’Etat. En même temps, elle reconnaît de plus en plus que la sécurité de ces Juifs qui décident de ne pas partir vers l’Etat juif est de la plus haute importance – et de son ressort.
Dans un communiqué, l’agence a fait savoir qu’elle « combattra avec vigueur les manifestations d’antisémitisme et d’anti-sionisme ».
Elle tente déjà de lutter contre le mouvement du BDS sur les campus, par le biais d’une partie de ses 2 000 émissaires. Avec la mise en oeuvre du nouveau plan, il y aura plus de personnels délégués sur le terrain pour aider à donner du courage aux Juifs et pour éduquer les non-Juifs.
Selon une conversation en coulisses, l’organisation a d’ores et déjà « renforcé de manière spectaculaire son travail en marge de la communauté juive ». Parmi les initiatives prises, des rencontres avec des gouvernements internationaux ainsi qu’un travail éducatif local.
De la même manière, l’agence est parvenue à élargir les programmes d’éducation consacrés à la diaspora juive dans les écoles israéliennes. Ainsi, un nouveau programme pour les élèves de CM2 est actuellement en cours de développement et livré aux enseignants par le biais du ministère de l’Education.
Une partie essentielle de la réussite future est un nouvel empressement de l’agence à collaborer et à établir des partenariats avec les organisations existantes à travers tout le monde juif. L’agence travaillera comme plateforme globale et coordinatrice/responsable des nombreuses organisations juives qui existent dans le monde – et dont les missions se chevauchent souvent.
Par le biais de la collaboration, a dit Herzog dans un communiqué, « nous oeuvrerons à fournir des solutions concrètes aux plus grands défis que le monde juif doit relever à l’heure actuelle : Combler les divisions parmi les Juifs, construire un pont à deux voies entre Israël et les communautés juives du monde entier, encourager l’Alyah et assurer la sécurité des Juifs dans le monde entier ».
Il y a également une nouvelle emphase mise sur l’identité juive à un niveau mondial : Relier les Juifs des différentes communautés les uns avec les autres, plutôt que simplement avec Israël. L’agence espère également, d’une manière ou d’une autre, amener les Juifs laïcs ou non-affiliés de la diaspora « dans l’histoire juive », a déclaré un responsable en coulisses.
L’agence dit avoir identifié une série de nouveaux besoins par le biais d’une série de rencontres avec des chefs communautaires et des penseurs juifs dans le New Jersey et à Milan. Dans ce qui est probablement le volet le plus ambitieux du plan, « l’Agence juive cherchera également à garantir l’implication des Juifs du monde entier dans le façonnement du visage de la société israélienne ».
Comme cela a pu être constaté à travers le pavillon de prière pluraliste du mur Occidental, dans l’impasse, et dans les tentatives de légiférer sur la conversion au judaïsme en-dehors du cercle du rabbinat israélien, les Juifs de la diaspora n’ont connu qu’un succès limité dans l’esquisse des politiques et de la société israélienne.
La directrice-générale de l’Agence juive Amira Ahronoviz est à la tête de cette nouvelle vision de l’organisation et elle semble optimiste sur sa réussite probable.
Elle a indiqué dans un communiqué : « Seule la construction d’un pont bilatéral sur lequel pourront marcher ensemble les Juifs des communautés du monde entier et la société israélienne, tout en approfondissant leur connaissance les uns des autres, leur appréciation et leur amour, pourra nous permettre de créer une vision de succès mutuel, d’alliance conjointe et d’avenir uni pour les Juifs ».