A la frontière du Golan, l’EI gagne du terrain et les rebelles modérés dépérissent
Selon son porte-parole, l'Armée syrienne libre, ne recevant plus de financement occidental, est au bord de l'effondrement au sud de la Syrie
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Alors que des frappes aériennes russes ont pris mercredi et jeudi pour cible des groupes rebelles dans le centre et le nord de la Syrie, dont la plupart ne seraient pas affiliés à l’Etat islamique, les groupes islamistes se renforcent dans le sud du pays, avec des combattants opérant désormais ouvertement à proximité de la frontière avec Israël, a déclaré jeudi un porte-parole de l’opposition syrienne.
Parlant au Times of Israel depuis la Jordanie, où il sert au sein du centre de commandement conjoint occidentalo-arabe à Amman connu sous le nom de MOC, le porte-parole des unités de l’Armée syrienne libre (ASL) engagées dans les provinces de Daraa et Qouneitra a déclaré que selon des estimations, de 500 à 700 combattants de l’État islamique sont actuellement actifs dans les villes de Jamlah et Ash-Shajarah, adjacentes à la frontière israélienne au sud du plateau du Golan.
Plus à l’est les forces modérées tentent de repousser les combattants de l’EI qui essayent d’occuper al-Lajjah, une région au nord de la ville de Basr al-Harir.
[mappress mapid= »4462″]
Les entraînements en Jordanie des combattants rebelles modérés par les pays occidentaux n’ont pas eu lieu depuis cinq mois, a-t-il ajouté, et aucune arme ni munition n’est parvenue à l’Armée syrienne libre sur le front sud en trois mois.
« La situation actuelle est très mauvaise », a déclaré le porte-parole.
« Aucune bataille [contre les forces d’Assad] n’a lieu dans notre secteur car il n’y a pas de munitions. »
Alors que le régime d’Assad maintient son emprise sur la ville de Daraa, près de la frontière jordanienne, les villages environnants sont en grande parie contrôlés par les forces rebelles.
En plus de la pénurie en munitions, les salaires des combattants de l’Armée syrienne libre ont également été réduits de 60 %, a confié le porte-parole.
Un soldat moyen de l’ASL gagne seulement 70 dollars par mois, comparativement aux 300 dollars que gagnent les combattants islamistes du Front al-Nosra avant ou aux salaires de leurs homologues de l’Etat islamique, qui peuvent atteindre 500 dollars. Ces deux dernières organisations sont classées comme des groupes terroristes par les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux.
« Quand les Etats occidentaux ne sont pas à la hauteur dans leur soutien à nos forces, ils aident l’EI et al-Nosra, » a-t-il affirmé.
« Si les pays donateurs ne prennent pas une position ferme, la plupart des combattants du front sud passeront dans les deux mois à l’EI ou à al-Nosra. La pénurie de salaires et de munitions les humilie, et ils ne tiendront pas longtemps ».
L’année dernière, une faction entière de combattants, les Brigades des Martyres du Yarmouk, possédant 40 chars et véhicules blindés, a fait allégeance à l’Etat islamique et à son chef Abou Bakr Al-Baghdadi, a-t-il rappelé.
Le Times of Israel n’a pas pu obtenir de confirmation de source indépendante des informations fournies par le porte-parole de l’ASL.
Le porte-parole a supputé que la coupe dans le financement était une réaction des Occidentaux à l’échec des rebelles modérés pour s’emparer de la ville de Daraa et dans une opétration militaire au nord vers Damas dans le cadre de l’opération Tempête du Sud aux mois de juin et juillet de cette année.
« Les jeunes combattants sont attirés par ces organisations, qui prétendent représenter la religion », a-t-il confié.
« Ils croient que toute personne parlant au nom de la religion a raison et veut libérer le pays, alors qu’en fait, c’est le contraire qui est vrai. Ils utilisent simplement l’islam comme un prétexte, mais n’ont aucun lien avec lui. »