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A la recherche de coupables de la Shoah, là où peu de gens ont cherché

Les Musulmans nazis, les gardiennes des camps, et les « chasseurs de primes » néerlandais sortent du placard des archives

Lors de la libération de Bergen-Belsen en avril 1945, les gardiens et les SS ont défilé (Crédit : Wikimedia Commons)
Lors de la libération de Bergen-Belsen en avril 1945, les gardiens et les SS ont défilé (Crédit : Wikimedia Commons)

BOSTON – Avec un nouvel accès aux archives et d’autres sources primaires, les historiens sont en train de supplanter l’image d’archétype des hommes aryens nazis comme étant les seuls auteurs de crimes pendant l’Holocauste.

Les « sous-groupes », auparavant cachés, sont maintenant exposés un portrait à la fois, allant de femmes qui gardaient les camps de la mort aux chasseurs de primes néerlandais de Juifs qui étaient cachés.

Et tandis que les chercheurs découvrent un tableau des Européens impliqués dans l’assassinat des Juifs et d’autres groupes pendant le règne d’Hitler, les motivations des auteurs sont examinées individuellement.

Fouillant dans 70 ans de fichiers et allant de porte en porte à la recherche de témoins, les chercheurs affinent la méthode relativement nouvelle de l’ « Holocauste comme une histoire locale ».

Cette tendance se fonde sur la méthode généralisée de l’ « Holocauste comme l’histoire universelle », une approche qui met l’accent sur les interactions entre les victimes et les auteurs « ordinaires » – zoomant sur l’action, pour ainsi dire, et explorant l’histoire d’un site avant et après la guerre.

Sans surprise, certaines de ces enquêtes en froissent quelques uns.

Dans le livre de 2015 de Sarah Helm « Ravensbruck : Vie et mort dans le camp de concentration pour les femmes d’Hitler », l’historienne a fait la biographie du camp lui-même, où 132 000 femmes et des enfants ont été emprisonnés.

En se penchant sur les transcriptions et les archives des procès d’après-guerre ouvertes au public après la chute de l’Union soviétique, Helm a fait la lumière sur la fonction moins connue de Ravensbruck qui était également un camp d’entraînement de SS pour les femmes pour qu’elles puissent devenir les gardiennes des camps de concentration.

« L’écrasante majorité de ces gardiennes de sexe féminin ont facilement été en mesure de revenir dans le tissu social des zones d’occupation d’après-guerre car elles n’ont généralement pas été considérées avec le même mépris que les hommes SS ont été considérés », a déclaré Daniel Patrick Brown, auteur des études sur la participation des femmes dans le monde masculin des SS, y compris leur formation à Ravensbrück.

« Cela a aidé, bien sûr, que les femmes n’avaient pas le tatouage ‘révélateur’ de sang que chaque homme SS avait », a ajouté Brown dans une interview avec Times of Israel.

Après la libération de Bergen-Belsen en avril 1945, la tristement célèbre gardienne du camp, Irma Grese, qui était en charge des cellules de la mort, a été photographiée avant son procès (Crédit : Wikimedia Commons)
Après la libération de Bergen-Belsen en avril 1945, la tristement célèbre gardienne du camp, Irma Grese, qui était en charge des cellules de la mort, a été photographiée avant son procès (Crédit : Wikimedia Commons)

Tout comme Anne Frank est devenue un symbole approprié et ‘fourre-tout’ des victimes juives, une gardienne particulièrement horrible – Irma Grese, surnommée « la bête blonde de Birkenau et de Belsen » – en est venue à incarner les coupables féminines en général.

La publication en 2013 du livre de Wendy Lower, « Hitler’s Furies: German Women in the Nazi Killing Fields », a contribué à élargir les connaissances sur le rôle des femmes au-delà du stéréotype de Grese.

Selon Lower, un demi-million de « femmes ordinaires » de « la génération perdue » de l’Allemagne – y compris les enseignantes, les infirmières et les secrétaires – ont travaillé à proximité des sites où le génocide a eu lieu, aussi bien en tant qu’assistantes et même en tant que bourreaux.

« Presque toutes les histoires de l’Holocauste laissent de côté la moitié de ceux qui ont peuplé la société, comme si l’histoire des femmes se passent ailleurs », a écrit Lower dans son introduction.

« Les histoires dramatiques de ces femmes révèlent le côté plus sombre de l’activisme des femmes », a-t-elle expliqué. « Ils montrent ce qui peut arriver quand les femmes de milieux et de professions variées sont mobilisées pour la guerre et consentent au génocide ».

Une expert sur l’Holocauste en Ukraine, Lower a documenté les atrocités commises en temps de guerre à travers l’Europe. En examinant encore plus à l’est que les savants de l’époque soviétique étaient en mesure de le faire, et en élargissant le cercle des auteurs pour inclure les collaborateurs et des passants, son travail encapsule les tendances actuelles dans les études sur la Shoah.

Se concentrer sur les lentilles des chercheurs

« L’image est assez claire maintenant » sur les citoyens néerlandais qui ont servi en tant que chasseurs de primes pendant la guerre, a déclaré le journaliste néerlandais et l’historien Ad van Liempt.

Après l’exhumation des dossiers de police et d’autres documents liés à la déportation des Juifs néerlandais, van Liempt estime que 15 000 Juifs, qui étaient dans la clandestiné, ont été capturés par des collaborateurs nazis qui étaient motivés par la récompense accordée. Dans son livre publié en 2012, « Jew Hunt », expose des fichiers sur 250 policiers néerlandais qui ont organisé des unités pour localiser et arrêter les Juifs qui étaient cachés.

« Chaque grande ville des Pays-Bas avait ces unités », a déclaré van Liempt au Times of Israel dans une interview.

En février 1941, les occupants nazis d'Amsterdam ont réuni 427 hommes juifs lors de leur première « razzia » et la déportation des Juifs des Pays-Bas. Seulement deux de ces hommes ont survécu à la guerre (Crédit : Wikimedia Commons).
En février 1941, les occupants nazis d’Amsterdam ont réuni 427 hommes juifs lors de leur première « razzia » et la déportation des Juifs des Pays-Bas. Seulement deux de ces hommes ont survécu à la guerre (Crédit : Wikimedia Commons).

Mais il est probable qu’il y avait beaucoup plus que 250 agents de police qui ont participé à des activités de résistance anti-nazie, [mais] « les 250 qui ont collaboré en cette façon brutale ont fait beaucoup plus de mal à la réputation de la police néerlandaise que tout autre groupe dans l’Histoire », a déclaré van Liempt.

Pendant deux décennies dans sa poursuite des chasseurs de primes, l’historien a dit qu’il s’est parfois attiré la colère de ceux qui l’accusaient d’être « trop critique ».

« Mais les faits des fichiers [de la police] ne peuvent pas être discutés ou refusés », a déclaré van Liempt, qui est né quatre ans après la guerre.

Des auteurs inattendus et d’improbables descendants

Alors que les chercheurs examinent l’est, certains étudient le rôle des Musulmans recrutés pour la Waffen-SS en Yougoslavie. Jusqu’à 42 000 musulmans ont été recrutés pour les troupes SS et la police par les nazis, et des milliers d’entre eux ont participé au meurtre des Juifs et des Chrétiens orthodoxes en Bosnie et en Serbie, respectivement.

Pendant des décennies, la participation des musulmans dans l’Holocauste a été dévoilée par le biais d’une photo montrant une réunion datant de 1941 entre Hitler et Haj Amin al-Husseini, le mufti de Jérusalem.

Ce dont on se rappelle moins est que les divisions musulmanes des SS, qui ont été recrutées en partie par al-Husseini, étaient les auteurs principaux de l’Holocauste en Bosnie. Les unités musulmanes ont également participé à l’assassinat des Juifs en Grèce et en Russie.

Une photo de la  rencontre de 1941  entre Adolf Hitler et le leader palestinien Hadj Amin al-Husseini (Crédit : Heinrich Hoffmann Collection/Wikipedia)
Une photo de la rencontre de 1941 entre Adolf Hitler et le leader palestinien Hadj Amin al-Husseini (Crédit : Heinrich Hoffmann Collection/Wikipedia)

Selon l’auteur d’ « IBM et l’Holocauste », Edwin Black, la boucherie menée par les SS musulmans en Europe de l’Est était de grande enverdure, même selon les normes nazies et a impliqué une collaboration surprenante.

« L’Oustachi de Yougoslavie [était] une alliance islamo-catholique de tueurs nazis si horribles et bestiaux que même Berlin a frémi devant l’horreur de la boucherie », a écrit Black dans son livre de 2010, « THe Farhud : Roots of the Arab-Nazi Alliance During the Holocaust ».

« Cette armée d’assassins enragés et horribles, les Oustachis, et les trois divisions d’arabo-nazies de la Waffen SS composées de dizaines de milliers de volontaires musulmans ont terrorisé les gens de toutes confessions en Yougoslavie », a écrit Black. Parmi les camps où travaillaient des SS musulmans, il y avait Jasenovac, cité par les survivants pour son incomparable brutalité.

Les motivations religieuses mises à part, une nouvelle source d’informations sur les auteurs provient d’une source inattendue : leurs petits-enfants.

Amon Goeth, le commandant SS brutal du camp de concentration de Plaszow près de Cracovie, en Pologne (Crédit : Wikimedia Commons)
Amon Goeth, le commandant SS brutal du camp de concentration de Plaszow près de Cracovie, en Pologne (Crédit : Wikimedia Commons)

La troisième génération de chercheurs de vérité est un groupe diversifié, et inclut une femme noire allemande qui a découvert que son grand-père était Amon Goeth, le commandant nazi impitoyable rendu célèbre par le film « La Liste de Schindler ».

Dans son livre publié en 2015, « Mon grand-père m’aurait tué : une femme noire découvre le passé nazi de sa famille », Jennifer Teege s’est autant concentrée sur son grand-père, tristement célèbre, que sa grand-mère, l’amant de guerre de Goeth. Tout au long de sa vie, la grand-mère de Teege – Ruth Irene Kalder – a nié que Goeth avait commis des atrocités, en essayant de cacher ses actions à sa fille et sa petite-fille.

Après avoir trébuché sur la vérité par hasard dans une bibliothèque de Hambourg, Teege, dont le père est nigérian, a découvert le rôle de sa grand-mère, à la fois en tant que spectatrice et négationiste. Elle a visité le camp de concentration de Plaszow et Cracovie, où Goeth a brutalement liquidé le ghetto juif.

Jennifer Teege à côté de l'ancien ghetto juif de Cracovie, en Pologne, de son livre de 2015 « Mon grand-père m'aurait tué » (Crédit : Autorisation)
Jennifer Teege à côté de l’ancien ghetto juif de Cracovie, en Pologne, de son livre de 2015 « Mon grand-père m’aurait tué » (Crédit : Autorisation)

« Je veux voir où mon grand-père a commis ses meurtres », a écrit Teege au sujet de son plan pour visiter la Pologne. « Je tiens à me rapprocher de lui – et ensuite mettre une certaine distance entre lui et moi », a déclaré la petite-fille d’un monstre SS.

Les archives et l’archéologie comme témoins

En quelques années, il n’y aura pas de survivants ou d’auteurs vivants pour témoigner. Pour se préparer à ce jour, les chercheurs sont en train de creuser plus profondément que jamais dans toutes sortes d’archives et creusent littéralement sur les sites d’assassinat en masse pour retrouver les artefacts pour témoigner de l’avenir.

Selon les chercheurs, le rôle des témoins de l’Holocauste est une priorité. Au cours des trois générations où l’on a recueilli les comptes-rendus des victimes pour traduire les coupables en justice, ces témoins involontaires ont reçu peu d’attention.

Lors de l’enseignement de la Shoah aux jeunes adultes, certains programmes – comme « Facing History and Ourselves » – demandent aux élèves de s’imaginer en tant que spectateurs, en insistant sur le rôle que ce groupe a eu en permettant le génocide.

Comme le regretté survivant d’Auschwitz italien Primo Levi, l’a si bien décrit : « les monstres existent mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux. Plus dangereux sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à agir sans poser de questions ».

Photographié le 2 novembre, 2015, l'un des wagons à bête utilisés pour transporter des juifs hongrois à Auschwitz-Birkenau au cours de l'été 1944 (Crédit : Matt Lebovic / The Times of Israel)
Photographié le 2 novembre, 2015, l’un des wagons à bête utilisés pour transporter des juifs hongrois à Auschwitz-Birkenau au cours de l’été 1944 (Crédit : Matt Lebovic / The Times of Israel)

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