A la rencontre d’une arrière-grand-mère de 90 ans, nouveau visage de JDate
Aux côtés de trois femmes seniors comme elle, Bea Slater est l'une des trois "yentas" choisies pour représenter le site juif de rencontres
WHIPPANY, New Jersey (New Jersey Jewish News via JTA) — Si Bea Slater avait été craintive, sa célébrité soudaine aurait pu lui paraître inconfortable. A l’âge de 90 ans, cette arrière-grand-mère a eu sa photo accrochée aux panneaux et sur les abribus de tout Manhattan et Brooklyn. Elle figurait même sur le toit au-dessus de Junior’s, la fameuse adresse où déguster les meilleurs cheesecakes de l’état.
Aux côtés de trois femmes qui ont presque son âge, elle est devenue le nouveau visage de JDate, le site juif de rencontres. Elles ne sont pas choisies pour incarner les rencontres entre seniors. JDate utilise leurs images pour suggérer qu’il y a des « yentas » comme elles qui élaborent les algorithmes du site afin de déterminer la rencontre parfaite.
L’une des publicités, qui montre Slater en train de travailler avec assiduité sur un ordinateur, dit : « Nulle en toupie. Mais excellente en code. » (Traduction : elle est une joueuse de toupie médiocre, mais elle est très compétente lorsqu’elle écrit des codes informatiques).
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Le concept « Powered by Yentas » est né dans l’esprit du rédacteur publicitaire et comédien de stand-up David Roth, qui a produit la campagne avec Hogarth Worldwide pour la société mère de JDate, Spark Networks SE.
Roth a déclaré que les grand-mères ont toujours oeuvré pour s’assurer que les jeunes juifs se rencontrent et procréent afin d’assurer la survie de la tribu.
« Bea est devenue une star instantanément », a-t-il déclaré. « Elle a l’un des visages les plus expressifs et comiques que j’ai jamais vus. Nous avons même été embarrassés – tellement nous avions de photos drôles de Bea qu’il fallait sélectionner. Elle a été hilarante lors des prises et cela a été un délice absolu de travailler avec elle ».
Slater, qui n’est pas une codeuse même si elle est une utilisatrice des réseaux sociaux qui maîtrise bien l’informatique, a accepté sans sourciller son statut de célébrité, profitant de tous ses aspects.
Lors d’un entretien à son domicile de Springfield dans le New Jersey, où elle vit depuis 65 ans, elle parle avec plaisir de sa famille (deux fils, Mitch et Jeff Slater; une fille, Diane Bedrin; quatre petits-enfants et six arrière-petits-enfants) et exprime son bonheur de devoir répondre à des questions sur la manière dont elle profite de sa toute nouvelle renommée.
« Quand ma photo sera dans le métro, alors là, je serai véritablement une star », s’amuse-t-elle.
Même si elle n’a jamais posé pour des photos professionnelles – et qu’elle était en quatrième la dernière fois qu’elle a joué la comédie – le travail devant l’objectif, lui, a été facile.
Slater, qui a grandi dans l’ouest de Philadelphie, était la fille d’un photographe. Elle a suivi l’exemple de son père à l’âge adulte, au moins jusqu’au moment où elle s’est consacrée à l’éducation de ses enfants.
Presque tous les murs de sa maison sont décorés de photos de famille, assemblées par son père et, après le décès de ce dernier, par son époux Jack, lui-même décédé en 2009.
Au mois de novembre, un ami avait fait savoir à son fils Mitch que JDate recherchait des femmes âgées pour une campagne marketing. Il en avait d’abord parlé à son frère aîné, Jeff, cadre dans le marketing – et qui avait rejeté l’idée, pensant que leur mère ne serait pas d’accord. Mais le plus jeune frère, conseiller financier, avait rappelé Jeff quelques minutes après pour lui dire que non seulement il s’était décidé à en parler à sa mère, mais que Bea avait accepté.
« J’ai dit : ‘On ne sait jamais’… » – ce qui semble d’ailleurs être sa réponse à pratiquement toutes les questions.
C’est un principe qu’elle s’applique à elle-même ainsi qu’à ceux qui l’entourent. Il y a quelques années, Slater a persuadé ainsi sa petite-fille Fanny Slater de participer à l’émission de la célèbre cheffe gastronomique Rachael Ray, « Great American Cookbook Competition ».
Slater se trouvait dans le public quand Fanny a été désignée gagnante et, au mois de février, la petite-fille et sa grand-mère apparaîtront dans l’émission « The Best Thing I Ever Ate » diffusée sur Cooking Channel.
Il y a quelques mois, Mitch, qui a un important cercle d’amis dans le show business, notamment Bruce Springsteen et son groupe, a permis à sa mère de présenter Steve Van Zandt (du groupe E Street Band du boss) et son groupe, Little Steven and the Disciples of Soul, sur la scène d’un concert à Staten Island. Elle admet avoir été nerveuse au moment où elle se trouvait seule sous les feux des projecteurs.
« Je ne voulais pas décevoir Steve », se souvient-elle. Plus tard, à son grand étonnement, Slater a été happée par des fans qui voulaient faire des selfies avec elle.
Slater a été choisie par l’agence de casting Donna Grossman. S’exprimant au nom de Grossman et de son équipe, Paul Bernstein a déclaré avoir auditionné environ 40 femmes, bien que beaucoup plus aient postulé. Ils recherchaient des « grands-mères juives authentiques de la fin des années 80/90 », a déclaré Bernstein. Slater et ses collègues se sont distinguées par « leur cœur, leur humour, leur style. Elles avaient toutes leur propre « chutzpah » et se sentaient bien dans leur peau. »
Les photographies pour JDate ont été confiées à Randal Ford, un photographe commercial très recherché.
Il y a environ 60 ans, Slater et son mari ont participé à la fondation de leur synagogue, Temple Shaarey Shalom, la congrégation libérale située près de chez elle. C’était une grande partie de leur vie et de celle de leurs enfants. Être sans Jack a été un défi, a reconnu Bea, et une grande partie de ses amis sont morts aussi, ou aujourd’hui très vieux. Malgré tout, elle fréquente encore les activités de la synagogue, conduit et mène une vie sociale active. Aujourd’hui, elle passe même des castings pour d’autres campagnes publicitaires.
Quand on lui demande ce que Jack penserait de sa célébrité, Slater rit.
« Il aurait dit : ‘Sais-tu dans quoi tu t’engages?’. Il était beaucoup plus conservateur que moi, » dit-elle.
Pour ce qui est d’utiliser JDate elle-même, elle est catégorique : elle n’a « aucun intérêt à rencontrer qui que ce soit. Je ne trouverai jamais quelqu’un d’aussi bon que mon mari. »
Mais comme beaucoup de grand-mères juives, Slater souhaite aider les autres à trouver l’amour.
« Il devrait y avoir plus d’argent investi la prochaine fois, » ajoute-t-elle, avec exactement le genre de scintillement dans les yeux qui lui a permis de séduire JDate.
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