A Ryad, Trump fustige les « néoconservateurs » et les « interventionnistes »
Le président républicain a signé avec le prince héritier saoudien un "partenariat économique stratégique", l'exécutif américain ayant estimé le montant revenant aux Etats-Unis à 600 milliards de dollars

En visite d’État en Arabie saoudite, principalement destinée à sécuriser des investissements de plusieurs milliards de dollars, le président milliardaire a critiqué à la fois la gauche et la droite américaines, qu’il accuse d’interventionnisme sous couvert de « construction nationale » mais leur reproche d’avoir « détruit bien plus de pays qu’ils n’en ont construit ».
Reçu avec tous les égards à Ryad, le président républicain, accompagné de plusieurs grands patrons dont son allié Elon Musk, a signé mardi avec le prince héritier Mohammed ben Salmane un « partenariat économique stratégique », l’exécutif américain ayant estimé le montant revenant aux Etats-Unis à 600 milliards de dollars.
Parmi les contrats annoncés mardi, l’Arabie saoudite doit, selon un communiqué américain, acheter pour 142 milliards de dollars d’équipements militaires « de pointe ».
La Maison Blanche a aussi annoncé des accords dans l’intelligence artificielle, les technologies et l’énergie.
Le prince héritier saoudien a réservé au milliardaire républicain de 78 ans, sensible à la pompe protocolaire, un accueil sur mesure, avec escorte d’avions de combat, garde à cheval et fastes royaux.
La cordialité évidente entre les deux hommes, que l’on a vu deviser avec animation et force sourires, a marqué la journée.

« Je pense vraiment que nous nous apprécions beaucoup », a insisté le président américain.
L’enjeu pour les pays du Golfe est de s’assurer le soutien d’un président impulsif, qui prône un désengagement militaire et stratégique des Etats-Unis, en dehors des environs géographiques immédiats de la première puissance mondiale.
Le président américain a mis un point d’honneur, dans son discours mardi, à critiquer de manière véhémente les stratégies diplomatiques basées sur des exigences démocratiques.
Il a livré une louange appuyée des gouvernements de la région, en critiquant les stratégies diplomatiques occidentales « interventionnistes ».
Saluant l’ « extraordinaire transformation » économique de l’Arabie saoudite comme d’autres monarchies pétrolières du Golfe, il a ajouté qu’elle « n’est pas venue d’Occidentaux interventionnistes ou de gens venant dans leurs beaux avions pour vous dire comment vivre ou gouverner. »« En fin de compte, les soi-disant bâtisseurs de nations ont détruit bien plus de nations qu’ils n’en ont construites et les interventionnistes sont intervenus dans des sociétés complexes qu’ils ne comprenaient même pas eux-mêmes », a-t-il poursuivi.
« Les merveilles rutilantes de Ryad et d’Abou Dhabi n’ont pas été créées par les soi-disant ‘bâtisseurs de nations’, les néoconservateurs ou les organisations libérales à but non lucratif. »

« Au contraire, la naissance d’un Moyen-Orient moderne a été le fait des habitants de la région eux-mêmes – les gens qui sont ici, les gens qui ont vécu ici toute leur vie, développant leurs propres pays souverains, poursuivant leurs propres visions et traçant leur propre destin à leur manière. »
« Vous avez réalisé un miracle moderne à la façon arabe », a ajouté Trump. Ces commentaires reflètent la bataille croissante entre l’aile isolationniste du parti républicain, plus favorable à Trump, et les conservateurs belliqueux, plus fervents défenseurs d’Israël, le président ayant clairement indiqué dans ses remarques qu’il se rangeait du côté du premier camp.
Ce dernier groupe a critiqué les efforts de l’envoyé spécial américain Steve Witkoff pour négocier un accord nucléaire avec l’Iran et les efforts de l’envoyé spécial américain Adam Boehler pour négocier directement avec le Hamas au début de l’année. Le cercle rapproché de Trump a ardemment défendu Witkoff, tandis que Trump lui-même a maintenu Boehler au poste d’envoyé pour les otages, malgré les efforts des républicains belliqueux et des hauts fonctionnaires israéliens pour le mettre sur la touche.
Mercredi, l’étape qatarie de Donald Trump s’annonce sûrement aussi chaleureuse, mais compliquée par un scandale politique.
L’opposition démocrate aux Etats-Unis lui reproche d’avoir accepté « le plus gros pot-de-vin étranger de l’histoire récente ».
La famille royale du Qatar a offert à Donald Trump un Boeing 747-8 pour remplacer au moins provisoirement son avion officiel, et pour l’utiliser après son mandat.
Le président américain a répliqué que l’avion était un « cadeau temporaire ».