À Safed, une porteuse du Covid-19 accouche prématurément par césarienne
La mère souffrait d'importants troubles respiratoires ; le bébé va bien, mais ne reçoit pas de visites, ses parents étant malades et la famille vivant dans un foyer épidémique
Dans une salle d’accouchement, en pleine pandémie de coronavirus, des médecins ont su réagir vite et ont procédé à une césarienne sur une femme enceinte, quelques secondes avant que le bébé ne puisse pâtir de la dégradation de l’état de santé de sa mère
L’accouchement de la patiente de 27 ans, atteinte de Covid-19 et hospitalisée à Safed, n’était pas prévu avant sept semaines. Mais quand, dimanche soir, elle a montré des signes de détresse respiratoire, les médecins ont estimé que le bébé pourrait souffrir du manque d’oxygène.
« Elle était devenue très fébrile, avec une respiration haletante », relate la chirurgienne et cheffe du département d’échographie obstétrique Yael Shaki-Tamir au Times of Israël.
« Elle avait du mal à respirer et était très perturbée. Quand nous avons pris ses constantes, nous avons réalisé qu’elle n’allait pas bien, et c’était très déconcertant ».

La mère, qui avait été admise quatre jours plus tôt dans un état modéré, a été placée sous respirateur, quelques minutes avant la césarienne, et si son état s’est désormais stabilisé, elle a toutefois besoin d’assistance respiratoire. Le nourrisson a été testé négatif au coronavirus, et à part certains troubles respiratoires liés à la prématurité, son état de santé est bon, précise Yael Shaki-Tamir.
Mais il y a un revers de médaille poignant à ce sauvetage. La mère ne peut pas voir son bébé par crainte de lui transmettre le coronavirus. Et le père qui est hospitalisé à Ziv non plus puisqu’il est également porteur du virus. Et leur ville de Deir al-Asad, très touchée par le virus, fait l’objet d’un confinement et a été désignée « zone restreinte », aucun proche ne peut donc leur rendre visite.
« Le père a dit que toute la famille est malade », indique Yael Shaki-Tamir. « C’est triste. Il y a un bébé et aucun membre de la famille pour le prendre dans ses bras. »
Quand la mère a été hospitalisée la semaine dernière, elle ne présentait que des symptômes légers, des céphalées et des troubles respiratoires légers. Mais dimanche soir, « nous avons compris que son état se dégradait », raconte la chirurgienne. Ils ont évalué la situation avec elle, et à l’aide de son mari qui interprétait de l’hébreu à l’arabe, il a été décidé vers minuit de procéder à la césarienne.

Son infection au coronavirus a entraîné plusieurs complications. La Fédération mondiale des sociétés de médecins anesthésistes a averti que le risque d’infection est particulièrement élevé lorsque les patients reçoivent un sédatif. « Tout le monde était vêtu d’équipements de protection, mais nous sommes quand même sortis de la pièce pour l’anesthésie », explique Yael Shaki-Tamir.
Les directives concernant la présence des personnes dans la salle à ce moment-là étaient si compliquées que l’infirmière en chef était postée à l’entrée de la salle pour orienter les allers et venus.
Une anesthésie générale était nécessaire en raison des symptômes du coronavirus, précise Yael Shaki-Tamir, expliquant que la mère ne pouvait pas s’allonger sur le dos, car elle avait trop de mal à respirer.
Elle a décrit l’opération comme « mouvementée et loin d’être une césarienne de routine », ajoutant que cela ressemblait plus à une nuit à l’armée qu’à une salle d’accouchement. « J’avais le sentiment d’être dans une opération militaire », commente-t-elle. « C’était comme quand j’étais dans l’armée de l’Air. »