A une commémoration du massacre de Munich, Herzog évoque les terrorismes d’hier et d’aujourd’hui
Le président israélien jure de toujours lutter contre le terrorisme ; le chef du CIO qualifie l'attaque de 1972 de "jour le plus sombre" de l'Olympisme
Le président Isaac Herzog a pris la parole lors d’un événement organisé mercredi à Tel Aviv à l’occasion de 50 ans du massacre des Jeux olympiques de Munich, affirmant que « la même haine obscure » était à l’origine du meurtre des athlètes israéliens et du meurtre récent d’une femme âgée à Holon, une banlieue de Tel Aviv.
Dans son discours, Herzog a rendu hommage aux onze Israéliens assassinés en 1972 ainsi qu’à Shulamit Rachel Ovadia, 84 ans, qui a été tuée mardi dans une attaque terroriste. Il a promis qu’Israël continuerait à défendre ses citoyens.
« L’attaque terroriste atroce qui a été commise hier à Holon, dans laquelle Shulamit Rachel Ovadia, une femme âgée, une femme qui avait une famille, a été tuée de manière choquante par un terroriste palestinien, est issue de la même haine obscure que nourrissaient les assassins dépravés de Munich. La même haine aveugle, affreuse, que nous ne laisserons pas gagner », a dit le président.
Le chef de l’État a déclaré que les Jeux Olympiques de Munich avaient été « les plus obscurs de toute l’Histoire des sports dans le monde ».
« C’est le moment où la torche olympique a été éteinte, soufflée, et où le drapeau à cinq anneaux a baigné dans le sang », a-t-il ajouté.
Des terroristes palestiniens du groupe Septembre noir étaient parvenus à s’infiltrer dans le village olympique. Ils avaient d’abord tué deux athlètes de l’équipe nationale israélienne et ils avaient pris neuf autres sportifs israéliens en otage en date du 5 septembre 1972. Les terroristes espéraient obtenir la libération de détenus palestiniens emprisonnés en Israël, ainsi que celle de deux extrémistes de gauche qui étaient alors incarcérés en Allemagne de l’Ouest. Les neuf otages et un agent de police allemand étaient morts pendant l’opération consécutive des forces allemandes, qui avaient tenté de mettre fin à cette prise d’otages.
Le corps sans vie de Mousa Sarsour – le Palestinien de 28 ans qui est soupçonné d’avoir tué Ovadia – a été découvert mercredi dans un bâtiment abandonné de Tel Aviv. La police privilégie l’hypothèse du suicide.
Se tenaient aux côtés de Herzog et de son épouse Michal, à cette cérémonie de commémoration de l’attentat des J.O. de Munich, des familles de victimes et des athlètes, le ministre de la Culture et des Sports Chili Tropper, le président du comité international olympique, Thomas Bach, la présidente de la commission nationale olympique israélienne Yael Arad.
Dans son discours, Bach a déclaré que l’attaque de Munich était l’un « des jours les plus sombres de l’Histoire de l’Olympisme » et constituait une agression contre les Jeux olympiques et leurs valeurs.
« Tout ce que défendaient les Jeux olympiques a été brisé, il y a cinquante ans, par l’attaque horrible commise contre l’équipe olympique israélienne », a-t-il dit. Il a présenté ses excuses pour les longues années mises par le Comité olympique pour rendre hommage « de manière digne » aux victimes israéliennes.
Un moment de silence avait été organisé lors de la cérémonie d’ouverture des J.O de Tokyo, l’année dernière – cela avait été la première fois que les organisateurs marquaient l’assassinat des athlètes israéliens en l’espace de presque un quart de siècle.
Dans la journée, Bach s’était rendu pour la toute première fois à Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah, accompagné par son épouse Claudia, Arad et Dani Dayan, le directeur du site.
A cette occasion, Dayan avait offert à Bach un livre, To Bear Witness: Holocaust Remembrance at Yad Vashem, un recueil d’informations sur le génocide.
« Les mots à eux seuls ne peuvent pas saisir l’horreur indicible de la Shoah. C’est ici, à Yad Vashem, que je réaffirme solennellement l’engagement du mouvement olympique tout entier en faveur de la non-discrimination et de la paix », avait écrit Bach dans le livre d’or avant d’ajouter : « Chaque être humain doit faire tout ce qui est en son pouvoir de façon à ce qu’un crime contre l’Humanité aussi odieux ne puisse jamais se répéter ».
Pendant la visite, Dayan avait souligné l’importance de l’histoire des athlètes juifs qui avaient été persécutés par le régime nazi.
« Une partie de la prise de conscience de la Shoah, c’est de savoir quelle était la vie des Juifs avant les atrocités ; c’est comprendre le rôle que le sport en compétition et la culture tenait dans la vie juive », avait-il expliqué.
Au début du mois, Herzog s’était rendu en Allemagne pour assister à une commémoration du massacre de Munich en présence du président allemand Frank-Walter Steinmeier. Il avait également prononcé un discours au Parlement allemand, le Bundestag, terminant son séjour par une visite du camp de concentration de Bergen-Belsen.
Ce déplacement officiel avait eu lieu après la conclusion d’un accord d’indemnisation entre les familles des victimes de l’attaque de Munich et le gouvernement allemand après la menace brandie, par les familles des athlètes assassinées, de boycotter la cérémonie de commémoration dans le contexte de ce conflit financier de longue date.
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.