Abbas demande pourquoi il n’y a pas d’État palestinien, et répond à la question
Le chef de l’AP s’est déchaîné contre l’intransigeance d’Israël et la complicité du monde - mais ses propres mots ont mis en évidence sa mauvaise foi
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Le discours du chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à l’Assemblée générale des Nations unies, vendredi, renfermait de nombreuses questions.
Parmi celles qu’il a posées au public, à New York et dans le reste du monde, qui le regardait, plutôt avec sympathie : Pourquoi les Palestiniens vivent-ils encore sous contrôle militaire ? Pourquoi, après des centaines et des centaines de résolutions pro-palestiniennes adoptées par l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, les Palestiniens n’ont-ils toujours pas obtenu le statut de membre à part entière de l’ONU ? Pourquoi n’ont-ils pas encore d’État ? Et que doivent-ils faire de plus pour en obtenir un ?
Je ne suis pas sourd aux aspirations de son peuple à l’indépendance. Je ne suis pas non plus indifférent à l’effet corrosif du contrôle ininterrompu d’Israël sur les vies palestiniennes. Et je suis profondément conscient de la menace qui pèse sur la démocratie juive d’Israël si nous ne pouvons pas nous séparer de millions de Palestiniens.
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Néanmoins, j’ai trouvé que les réponses aux questions, pleines de frustration et d’incompréhension d’Abbas, se trouvaient dans son discours.
Il a dit vouloir sincèrement la paix avec Israël, mais certains passages de son discours remettaient sans ambiguïté en cause la légitimité d’Israël.
Il a dénoncé la Déclaration Balfour – « bien sûr, vous ne vous en souvenez pas », a-t-il dit, « parce que nous sommes les seuls à en subir les conséquences ». Il a décrit Israël comme une puissance colonisatrice depuis 75 ans – c’est-à-dire depuis sa renaissance historique en 1948 : « Le peuple israélien veut-il rester un peuple colonisateur pour toujours ? », a-t-il demandé. « C’est ce qu’il est depuis 75 ans. »
Il a évacué toute trace de judaïsme de sa Jérusalem « éternelle », dans laquelle il n’y aurait que des lieux saints musulmans et chrétiens, sous l’inlassable et implacable férule israélienne.
Dans son récit, il n’y avait aucune reconnaissance, aucun signe de compréhension, de la raison pour laquelle Israël pourrait hésiter à céder des terres pourtant considérées pour le peuple palestinien.
Il y a eu des passages très forts sur des enfants morts à Gaza, et cette Une du New York Times faite de visages de jeunes gens tués lors du conflit de mai 2021.
Mais il n’a pas mentionné qu’Israël avait démantelé ses implantations et retiré tous ses soldats de Gaza en 2005. Aucune mention non plus du Hamas, qui a pris le pouvoir et provoqué un conflit avec Israël, qui utilise sa population civile comme bouclier humain lors de ses attaques à la roquette contre Israël, qui confisque toutes les ressources pour acheter des armes. Tout cela en passant sous silence que ce territoire sur lequel Abbas revendique la souveraineté ne fait qu’alimenter les forces qui veulent notre disparition.
Dans son récit, la guerre de 11 jours de l’an dernier entre le Hamas et Israël était le dernier en date des « 50 massacres » perpétrés par Israël contre les Palestiniens depuis 1948 ; au moins cette fois, il s’est abstenu de les appeler des « holocaustes ».
En outre, son évocation des héroïques « martyrs » qui « éclairent de leur sang le chemin vers la liberté et l’indépendance » est venue contredire son affirmation selon laquelle les Palestiniens « n’auront pas recours aux armes… ne feront pas usage de la violence… n’utiliseront pas le terrorisme ».
Abbas est si sourd ou indifférent à sa propre mauvaise foi qu’il a consacré une partie de son discours au cas de Nasser Abu Hamid. Abbas a admis qu’Abu Hamid « avait commis un crime », mais il l’a décrit comme un martyr héroïque qui mourait aujourd’hui en prison, négligé par les médecins israéliens, sans que même sa mère puisse lui rendre visite.
Abu Hamid, qui souffre d’un cancer, purge plusieurs peines de prison à vie pour le meurtre de sept Israéliens et la tentative de meurtre de 12 autres.
Les prisonniers palestiniens « sont la conscience vivante de notre peuple », a déclaré Abbas, déroulant la sempiternelle justification des tueurs d’Israéliens, défendant les terroristes à qui son Autorité palestinienne verse des salaires, alimentant ainsi la prochaine génération de meurtriers. « Martyrs vivants », les a-t-il appelés.
Des héros « condamnés à quatre ou cinq peines d’emprisonnement à perpétuité », a-t-il précisé ; pas des petits délinquants, ceux-là.
Abbas a avancé des arguments de poids sur l’expansion des implantations, qui réduit progressivement la viabilité d’un État palestinien, et sur la montée dangereuse des organisations extrémistes juives israéliennes.
Et il a salué la déclaration du Premier ministre Yair Lapid, à la même tribune, jeudi, favorable à une solution à deux États. « Nous lui en sommes reconnaissants ; c’est évidemment une évolution positive », a-t-il déclaré.
Mais il a ignoré la « seule condition » fixée par Lapid pour la mise en œuvre de ce projet : « Que ce futur État palestinien soit pacifique. Qu’il ne devienne pas une autre base terroriste à partir de laquelle le bien-être et l’existence même d’Israël seraient menacés. »
Pendant trois quarts d’heure, le chef de l’Autorité palestinienne a fulminé contre le refus d’Israël d’accorder aux Palestiniens la pleine souveraineté sur le territoire qu’ils revendiquent, et a condamné la communauté internationale, dirigée par les États-Unis, pour ne pas lui avoir forcé la main. Il a exprimé toute son indignation et toute son amertume face à l’intransigeance brutale d’Israël et s’est dit perplexe face à la complicité du monde.
Mais son discours contient toutes les clefs.
À l’instar de son prédécesseur Yasser Arafat – que personne ne regrette –, il continue de refuser d’admettre la légitimité d’Israël en tant que patrie historique et revivifiée des Juifs, encourage son peuple à croire que c’est une puissance coloniale qui peut être évincée, incite et récompense l’hostilité meurtrière à son égard.
En une phrase, Lapid a indiqué jeudi à Abbas la voie vers l’indépendance palestinienne : « Déposez vos armes, et il y aura la paix. »
Mais comme toujours, tragiquement, pour notre peuple comme pour le sien, le dirigeant palestinien n’a pas voulu écouter.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel