Abbas : le gel des implantations, condition de la poursuite des négociations
Mahmoud Abbas assure que la coopération sécuritaire entre Israël et l’AP ne sera pas compromise en cas d’échec des négociations
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
RAMALLAH – Les Palestiniens prolongeront les négociations avec Israël de neuf mois si l’Etat hébreu accepte de commencer immédiatement à mener des pourparlers sur la question des frontières du futur Etat palestinien et de geler les constructions dans les implantations, a déclaré mardi le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Et d’assurer que la coordination en matière sécuritaire avec Israël se poursuivra indépendamment de l’issue des négociations.
S’exprimant face à des journalistes israéliens à Ramallah mardi après-midi, Abbas a déclaré qu’il avait rejeté une demande formulée par la partie israélienne d’expulser un certain nombre de prisonniers palestiniens pré-Oslo – incluant des citoyens arabes israéliens – dont la libération était prévue dans le cadre d’un accord conclu par l’Etat hébreu avec le secrétaire d’État, John Kerry.
Après avoir souhaité de joyeuses fêtes de Pessah en hébreu aux Israéliens, le président de l’Autorité palestinienne a affirmé que la seule exigence posée par la partie palestinienne pour la prolongation des négociations au-delà de leur date butoir du 29 avril est qu’Israël accepte de discuter des frontières pour une période n’excédant pas les trois mois.
Période durant laquelle l’Etat hébreu devra geler totalement les constructions juives au-delà de la Ligne verte.
« Si Israël croit en la solution à deux Etats, asseyons-nous autour de la table et voyons où Israël se situe. En d’autres termes, définissons les frontières », a déclaré Abbas.
Les Palestiniens ont à plusieurs reprises dénoncé le refus israélien de présenter des cartes délimitant ses frontières au cours des dernières rondes de négociations, relancées en juillet 2013.
Dans une déclaration à bien des égards conciliante à l’adresse de l’opinion publique israélienne, Abbas a assuré que l’objectif de ses récentes demandes d’adhésion unilatérales à quinze traités et organisations internationales n’était pas d’isoler Israël sur la scène internationale, mais plutôt de parvenir à un accord de paix honorable.
« Nous ne souhaitons pas isoler Israël, ni l’aliéner de ses voisins. Nous voulons mettre fin à un épisode douloureux de l’histoire de nos nations et tourner une nouvelle page. »
Par ailleurs, Abbas a insisté sur le fait que les Palestiniens ne mettraient en aucun cas un terme à la coopération en matière sécuritaire avec Israël « tant que je suis là ».
« Je ne considère pas que la coordination sécuritaire avec Israël soit honteuse », a souligné Abbas, en référence aux critiques du Hamas en ce sens. « Le Hamas maintient la coordination sécuritaire avec Israël… Je considère que cette coordination reste obligatoire. Elle est obligatoire que les négociations existent, qu’elles réussissent ou qu’elles
échouent ».
Selon Abbas, l’Autorité palestinienne s’effondrera en cas d’échec des pourparlers de paix.
Israël se verra alors contraint de reprendre la responsabilité sur tous les aspects de la vie civile palestinienne en Cisjordanie en matière de santé, d’éducation et de sécurité, à l’instar de la période précédant la signature des accords d’Oslo en septembre 1993.