Israël en guerre - Jour 494

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Opinion

Adieu, Herzi Halevi, incarnation en uniforme de notre tragédie, chef de notre riposte

Résilient et honnête, le chef d'état-major sait parfaitement que rien ne pourra jamais masquer les conséquences catastrophiques de l'échec de l'armée à accorder du crédit aux éléments qui indiquaient que le Hamas se préparait à envahir

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le chef d'état-major de Tsahal, Herzi Halevi, assiste à une cérémonie marquant l'anniversaire du calendrier hébraïque de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem, le 27 octobre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)
Le chef d'état-major de Tsahal, Herzi Halevi, assiste à une cérémonie marquant l'anniversaire du calendrier hébraïque de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, au cimetière militaire du Mont Herzl à Jérusalem, le 27 octobre 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Ainsi, nous disons adieu à Herzi Halevi, le chef d’état-major qui assurait le commandement de l’armée lorsque le Hamas avait fait irruption à travers une frontière outrageusement mal protégée pour se livrer, pendant une journée, à l’attaque la plus meurtrière et la plus sanglante de toute l’Histoire moderne de notre pays.

« La principale mission de l’armée israélienne est de protéger les citoyens du pays. Nous avons échoué en cela », a dit sans détours Halevi à la nation traumatisée dans la soirée de mardi, dans une déclaration filmée où il a annoncé sa démission.

Le chef d’état-major, solennel, a fait une apparition marquée par la tragédie. Et c’était évident que cela en serait ainsi. Homme honnête, résilient et tenace, il est aussi l’incarnation ambulante et en uniforme de l’homme épuisé par la tragédie israélienne sans précédent que lui-même, les autres hauts-responsables de Tsahal et les maîtres politiques du pays ont été dans l’incapacité d’empêcher.

Halevi a affirmé – une affirmation légitime – qu’il partait au moment où « l’armée israélienne a le dessus » sur tous les fronts, des fronts qui s’étaient embrasés dans le sillage du 7 octobre 2023. Sa capacité – et la capacité du chef du chef du Commandement du Sud Yaron Finkelman, autre démissionnaire de premier plan – à reprendre son sang-froid au milieu des horreurs de cette journée du 7 octobre et à passer rapidement à l’offensive contre le Hamas, tout en s’efforçant de décourager une invasion potentiellement encore plus dévastatrice du Hezbollah dans le nord, avait témoigné d’un esprit patriotique, déterminé. Elle avait aussi témoigné d’un engagement de toute une vie : celui de la défense du pays et de ses citoyens.

Mais comme Halevi en est parfaitement conscient, rien ne peut et rien ne pourra jamais masquer l’ampleur et les conséquences catastrophiques de l’incapacité inexplicable de Tsahal – alors sous le commandement de Halevi – à accorder ne serait-ce qu’un minimum de crédit aux éléments qui laissaient clairement penser que le Hamas préparait son invasion. Rien ne pourra jamais masquer le fait qu’aucune mesure, ne serait-ce que la plus minimale, n’ait alors été prise pour contrer ce projet sanglant. « Je porte en moi les conséquences de ce jour terrible depuis lors et je les porterai en moi jusqu’à la fin de ma vie », a-t-il dit. Et cela ne fait aucun doute.

Halevi a également jugé nécessaire d’évoquer quinze mois de mensonges et de désinformation concernant la vulnérabilité et l’impuissance d’Israël ce jour-là – ce qui témoigne du caractère impénétrable des différents échecs, avant et pendant le 7 octobre, et de leur exploitation par tous les adeptes des théories du complot, dont un grand nombre cherchent à absoudre le Premier ministre Benjamin Netanyahu de ses propres responsabilités – incomparables – dans ce qui s’était passé.

« Personne n’a caché d’informations », a dit avec vigueur le chef d’état-major, qui a subi les agressions verbales répétées du Premier ministre et de ministres malveillants qui cherchaient à lui faire porter la quasi-totalité de la responsabilité du 7 octobre, en prétendant que lui, le numéro un de l’armée, aux côtés des autres chefs de la sécurité, avaient tenu Netanyahu dans l’ignorance ; en poussant à la marge le fait que les politiques adoptées par le Premier ministre avaient permis, depuis des années, de financer le Hamas ; en ignorant les mises en garde faites, en 2023, sur des clivages qui, au sein de la société israélienne, enhardissaient nos ennemis et enfin avec ces plaintes sur une guerre qui n’était pas encore gagnée, quelques semaines à peine après le début du conflit. « Personne ne savait ce qui était sur le point de se produire. Personne n’a aidé l’ennemi à commettre ses brutalités », a ajouté Halevi.

Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi (à gauche), rencontre le chef du commandement sud, le général de division Yaron Finkelman, dans le nord de la bande de Gaza, le 6 février 2024. (Crédit : armée israélienne)

Herzi Halevi avait clairement indiqué, dès le début de la guerre, qu’il reconnaissait sa culpabilité dans le désastre et qu’il partirait dès que le ministre de la Défense le lui demanderait ou – s’il ne le lui demandait pas – dès qu’il estimerait que le moment était venu. En l’occurrence, avec un ministre de la Défense qu’il considérait comme un partenaire, Yoav Gallant, qui a été démis de ses fonctions et avec un autre qu’il ne considère guère comme un partenaire, Israel Katz, qui lui a fait clairement comprendre qu’il serait poussé du toit si lui-même ne sautait pas, Halevi a fixé la date de son départ au 6 mars – une date qui coïncide avec la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, un accord qui a ouvert la porte à la remise en liberté des otages et qu’il appelait de ses vœux avec insistance depuis des mois.

Est-ce un signal de sa confiance dans la réussite des négociations de la deuxième phase et de la troisième phase de l’accord, est-ce un signal de sa possible conviction qu’une reprise de combats intensifs, à Gaza, n’est dorénavant plus à l’ordre du jour ? Ou, au contraire, est-ce que cela indique que nous sommes actuellement dans une période de calme tout relatif et que Netanyahu et Katz ont estimé que ces quelques semaines seraient mieux utilisées pour choisir son successeur à la tête de l’armée, dans un premier temps, pour que dans un second temps, comme l’a dit Halevi lui-même mardi, le chef d’état-major soit en mesure de « transférer le commandement de Tsahal de manière complète et responsable à mon remplaçant ? »

Comme il l’a fait tout au long de son mandat infernal – un mandat qui avait commencé à peine une semaine après que le ministre de la Justice Yariv Levin eut dévoilé son plan ultra-controversé de destruction du système judiciaire indépendant en Israël, ce qui avait provoqué une onde de choc dans une armée israélienne fortement dépendante de ses réservistes civils – Halevi, dans sa lettre de démission et sa déclaration télévisée, a tenté de rester à l’écart de la politique partisane.

Après avoir dit et répété à la hiérarchie politique que l’armée israélienne avait désespérément besoin de toute la main-d’œuvre possible et qu’elle se préparait à intégrer tous les hommes haredim éligibles au service d’ici l’été 2026, il n’a pas évoqué les efforts livrés par Katz pour faire avancer un projet de loi qui garantirait, dans l’improbable meilleur des cas, que pas plus de 50 % des hommes de la communauté intègreraient les rangs de Tsahal… à l’horizon 2032.

Il a également fait part de la nécessité d’établir une commission d’enquête indépendante efficace sur le 7 octobre – un impératif qui semble évident pour établir ce qui avait mal tourné et garantir qu’une telle attaque ne se reproduira jamais – dans un cadre constructif, a-t-il noté, plutôt que conflictuel.

« À l’issue des investigations qui ont été lancées par l’armée, nous comprendrons mieux ce qui nous est arrivé, pourquoi c’est arrivé et quelle solution apporter », a dit Halevi qui a promis que ces enquêtes internes seraient terminées avant son départ de son poste. Mais, a-t-il fait remarquer, « les enquête militaires se concentrent uniquement sur l’armée et elles ne peuvent pas englober toutes les causes et tous les domaines qui sont susceptibles d’empêcher que des événements similaires se produisent à l’avenir ». Par conséquent, « une commission d’enquête ou tout autre instance extérieure sera en mesure d’enquêter et de tout examiner – et elle pourra compter sur la transparence totale de Tsahal. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à gauche), le ministre de la Défense Yoav Gallant (à droite) et le chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi, à la base militaire « Bahad 1 » dans le sud d’Israël, le 7 mars 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

La commission d’enquête d’État requise – l’instance qui jouit des pouvoirs les plus larges, selon la loi israélienne, elle a notamment le droit d’assigner des témoins à comparaître – a fait l’objet d’une résistance acharnée de la part de Netanyahu, qui sait que ses conclusions et ses recommandations seront probablement dévastatrices pour lui personnellement.

Il est probable que le Premier ministre ne répondra pas à cet appel du pied de Halevi, chef d’état-major sortant, en faveur de l’établissement de cette commission.

Nul doute qu’il ne suivra pas non plus l’exemple donné par Halevi en matière de prise de responsabilité, concernant ce qui est exigé de la part de ceux qui, suffisamment bien placés pour le faire, pouvaient empêcher la catastrophe du 7 octobre, et qui ont épouvantablement échoué à la prévenir.

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