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Analyse

Adolescents kidnappés : quand la politique s’en mêle

Les querelles israélo-palestiniennes entre le Hamas et le Fatah et même à l'intérieurs d'Israël pourraient compliquer le retour des jeunes

Des soldats de la brigade Kfir pendant les recherches en cours, près de Hebron (Crédit : Porte-parole de l'armée israélienne/FLASH90)
Des soldats de la brigade Kfir pendant les recherches en cours, près de Hebron (Crédit : Porte-parole de l'armée israélienne/FLASH90)

Depuis que les trois adolescents ont été enlevés la semaine dernière, les objectifs d’Israël sont simples : les retrouver et punir leurs ravisseurs.

Mais cet effort intervient dans une période de plus en plus complexe dans les relations israélo-palestiniennes.

Israël tient l’Autorité palestinienne pour responsable de l’attaque, mais travaille également avec elle pour retrouver les adolescents. Mahmoud Abbas, président de l’AP, a condamné l’enlèvement, mais gouverne désormais avec le Hamas, qui a salué l’enlèvement.

Et tandis qu’Israël a promis de faire tout son possible pour ramener les garçons à la maison, la Knesset oeuvre pour empêcher des échanges de prisonniers contre des otages comme il y en a eu dans le passé.

Les adolescents ont été capturés le 12 juin, et dans sa première déclaration publique sur l’incident, deux nuits plus tard, Netanyahu n’a pas perdu de temps pour faire porter la responsabilité de l’enlèvement sur ​​le nouveau gouvernement palestinien d’union nationale formé à la suite d’un accord entre le Fatah, le parti d’Abbas et le Hamas.

« Nous tenons [Mahmoud Abbas] et l’Autorité palestinienne pour responsables de toutes les attaques contre Israël qui proviennent de leur territoire, que ce soit la Judée-Samarie et la bande de Gaza », a déclaré Netanyahu.

Dimanche, Netanyahu a dit qu’il savait « comme un fait avéré » que le Hamas avait perpétré l’attaque et il a de nouveau engagé l’Autorité palestinienne à rendre des comptes.

Mais la coordination entre Israël et l’Autorité palestinienne en matière de sécurité s’est poursuivie sans relâche. Les forces de sécurité de l’AP aident Israël à ratisser les zones sous contrôle palestinien pour trouver les adolescents.

Lundi, Abbas et Netanyahu se sont entretenus pour la première fois depuis plus d’un an.

Pour Shlomo Brom, directeur du programme des relations israélo-palestiniennes à l’Institut de sécurité nationale de l’Université de Tel Aviv, Netanyahu a tort de blâmer Mahmoud Abbas.

« C’est la dernière chose à faire, parce que aujourd’hui nous avons besoin des Palestiniens », déclare Brom. « La dernière chose à faire est de les affaiblir. »

L’accusation de Netanyahu selon laquelle le Hamas est responsable de l’enlèvement a été rejetée par les dirigeants du Hamas, mais d’un autre côté, ils s’en félicitent. Dimanche, le Premier ministre a reçu le soutien du Secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui a déclaré : « De nombreux indices indiquent l’implication du Hamas. »

Certains experts ont suggéré que le Hamas était la seule organisation en Cisjordanie assez sophistiquée pour mener à bien un tel enlèvement, mais qu’il n’y avait rien à gagner à confirmer les allégations israéliennes.

Prendre la responsabilité d’un enlèvement d’enfants, disent-ils, n’apporterait pas de sympathie internationale au Hamas et inciterait Israël à étendre ses opérations militaires.

Mardi, Israël a arrêté 41 responsables du Hamas et imposé des restrictions supplémentaires aux prisonniers du Hamas en Israël.

« Cela aurait été plus simple pour eux s’ils avaient enlevé des soldats », déclare Jonathan Fine, un expert en contre-terrorisme au Centre interdisciplinaire de Herzliya.

« Le fait qu’ils aient enlevé des adolescents ne joue pas en leur faveur sur l’arène internationale. Ils restent aujourd’hui silencieux pour des raisons tactiques, mais aussi en raison d’une peur croissante de ce qu’Israël pourrait faire. Si ces enfants devaient être exécutés, le Hamas paiera un prix extrêmement élevé. »

Que le Hamas puisse être derrière l’enlèvement met Abbas particulièrement mal à l’aise sur le plan politique.

Il a renoncé à la violence, mais a signé un accord d’unité avec le Hamas. Il a condamné l’enlèvement, mais des organes officiels de son parti, le Fatah, ont publié des caricatures vantant les ravisseurs. D’un côté, Abbas s’oppose à l’occupation israélienne de la Cisjordanie mais, de l’autre, il aide l’armée israélienne dans ses efforts de recherche.

Dans la foulée de l’enlèvement, l’Autorité palestinienne a gelé les pourparlers de réconciliation en cours avec le Hamas. Mais Fine
précise : Abbas « marche sur une corde très mince », car il est incapable de soutenir publiquement ni les efforts de l’armée israélienne ni le Hamas.

« Il ne fait aucun doute qu’il se trouve dans une situation catastrophique », ajoute Fine. « Il essayait de mettre Israël sur la touche d’un point de vue diplomatique, et à présent, le Hamas arrive et détruit tous ses efforts. Le Hamas l’a poignardé dans le dos. »

Dans le passé, lorsque les opérations militaires ne parvenaient pas à sauver des otages, Israël se tournait vers la libération de prisonniers palestiniens en échange de soldats ou de civils israéliens capturés.

En octobre 2011, Israël a libéré plus de 1 000 prisonniers en échange de Gilad Shalit, le soldat israélien capturé par le Hamas en 2006. L’année dernière, Israël a accepté de libérer plus de 100 prisonniers palestiniens comme condition préalable au début des pourparlers de paix avec les Palestiniens.

Mais l’opposition à de tels échanges s’est intensifiée parmi les députés de droite qui considèrent les échanges de prisonniers comme fondamentalement injustes et stratégiquement peu judicieux.

Quelques jours avant l’enlèvement, un projet de loi proposé par Ayelet Shaked (Habayit Hayehudi) visant à empêcher la libération des terroristes dans le cadre de ces échanges a été adopté en lecture préliminaire à la Knesset.

Suite à l’enlèvement, le président de Habayit Hayehudi, Naftali Bennett, a renforcé l’opposition de son parti à des échanges de prisonniers, déclarant lundi à la Deuxième chaîne : « Au cours des trente dernières années, le fait que nous ayons libéré environ 10 000 terroristes à habitué l’autre côté à l’idée que si vous kidnappez, ça vaut le coup parce que vous recevez 1 000 terroristes, 100 terroristes ».

Si Israël se montrait incapable de retrouver les adolescents, déclare Hillel Frisch, un expert sur ​​la politique palestinienne à l’université Bar-Ilan, la pression publique pour libérer les otages pourrait conduire à un échange de prisonniers, même si ça dessert les intérêts stratégiques israéliens.

Frisch ajoute : « J’ai mal pour ces trois garçons, mais l’ensemble de cette attaque montre la faillite [pour Israël] de cette politique de libération de prisonniers. Ils [les terroristes] y ont intérêt. C’est comme jouer au loto, tout en sachant que vous allez gagner. Tout ce dont ils ont besoin, c’est de faire une telle opération tous les 8 ou 10 ans ».

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