Affaire 1000 : Milchan ne pensait pas mal faire avec ses cadeaux à Netanyahu
Le producteur dit qu'il aurait dû se renseigner avant d'offrir des cadeaux aux Netanyahu ; Selon l'acte d'accusation, il l'a fait pendant des années et obtenu des faveurs en retour

Le producteur israélien d’Hollywood Arnon Milchan, une figure clé dans les allégations de fraude contre Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi qu’il n’avait pas réalisé que les cadeaux qu’il avait offerts au Premier ministre et à sa femme allaient faire l’objet d’une enquête criminelle.
« Je ne pensais pas que c’était une chose effroyable d’offrir des cadeaux à un ami », a déclaré Milchan à la Treizième chaîne d’information.
« J’ai été inquiété pendant deux ans et demi », a-t-il déclaré. « Vous vous couchez en y pensant le soir, vous vous levez en y pensant le matin, vous continuez à travailler et vous masquez votre peur de l’injustice, mais avec le recul, peut-être aurai-je dû consulter quelqu’un ».
La semaine dernière, le procureur général Avichai Mandelblit a annoncé sa décision d’inculper Netanyahu de délits criminels dans trois affaires distinctes contre lui, y compris des pots-de-vin dans l’enquête approfondie sur la corruption de Bezeq, en attendant une audience.
Dans l’affaire 1000, l’affaire dans laquelle Milchan est impliqué, les allégations indiquent une relation illicite à long terme et étendue entre le Premier ministre et le producteur hollywoodien. A la demande des Netanyahu, Milchan a fourni pendant des années à Benjamin et Sara Netanyahu « un approvisionnement continu » de « boîtes de cigares » et de « caisses de champagne », affirme Mandelblit.

En 2016, Milchan a également fourni des bijoux à Sara Netanyahu, à sa demande et à la connaissance du Premier ministre. Avec les cigares et le champagne fournis de la même façon par l’homme d’affaires australien James Packer, la valeur de ces marchandises s’élèverait à quelque 176 000 euros.
En échange, entre autres choses, dont le fait d’aider Milchan avec son visa américain, le Premier ministre aurait cherché, au nom de Milchan, à élargir les dispositions d’une loi controversée sur les exonérations fiscales qui reste en vigueur malgré les réserves des autorités fiscales israéliennes, qui estiment que cela facilite le blanchiment d’argent.
La loi accorde une exonération d’impôt sur le revenu et une exonération de déclaration fiscale sur le revenu gagné à l’étranger par les nouveaux immigrants et les résidents de retour pour une période de 10 ans ; Milchan avait bénéficié financièrement de ses dispositions en tant que résident de retour au pays et avait demandé que ces dispositions soient prolongées de dix années supplémentaires, et Netanyahu aurait essayé d’y remédier.
Le Premier ministre aurait également agi pour promouvoir les intérêts économiques de Milchan en raison de sa participation dans la Dixième chaîne de télévision israélienne (rebaptisée depuis) et dans la Deuxième chaîne de télévision (rebaptisée depuis), et il aurait utilisé les relations de Milchan pour tenter de conclure d’autres accords médiatiques prétendument illicites. Dans ce cas, Netanyahu sera accusé de fraude et d’abus de confiance. Les poursuites contre Milchan ont été classées.

« En tant qu’ami de Netanyahu pendant de nombreuses années, c’est une cicatrice que je porte », a dit Milchan, lorsqu’on lui a demandé quelle était sa relation avec le Premier ministre. « Si on me permettait de le rencontrer et de lui parler quelques minutes, je pourrais partager ce que je ressens et comprendre ce qu’il s’est réellement passé ».
« Cela me fait de la peine que nous en soyons là », a ajouté Milchan. « Ça me fait mal lorsque je voyage à l’étranger, que le sujet principal n’est pas la science et les réalisations, mais la corruption ».
Netanyahu sera également accusé de fraude et d’abus de confiance dans l’affaire 2000, ainsi que de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans l’affaire 4000, à moins qu’il ne puisse persuader Mandelblit de reconsidérer sa position au cours du processus d’audience.
Le Premier ministre a nié tout acte répréhensible dans les trois affaires et a allégué que les enquêtes menées contre lui étaient une « chasse aux sorcières » impliquant la gauche, les médias et la police, faisant pression sans relâche sur un procureur général « faible » qui partage leur objectif.