Affaire 4000: L’accusation doit fournir ses éléments sur les méthodes policières
Selon les juges, la défense a reçu des documents incomplets ; ils demandent à l'accusation de remettre tout dossier sur les pressions présumées sur Shaul Elovitch

Les juges qui supervisent le procès du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour corruption ont ordonné lundi aux procureurs de remettre tous les documents concernant une prétendue tentative de la police de faire pression sur un autre accusé dans l’affaire pour qu’il révoque son avocat.
Un reportage diffusé à la fin de l’année dernière par la Douzième chaîne indiquait que la police avait employé des méthodes douteuses pour amener Or Elovitch, le fils de Shaul Elovitch, actionnaire majoritaire de Bezeq, à essayer de faire pression sur son père pour qu’il devienne témoin d’État.
Le tribunal de district de Jérusalem a indiqué qu’il y avait des différences problématiques entre les enregistrements des conversations et les transcriptions remises à la défense, et a exigé que les procureurs répondent de ces disparités.
Le tribunal a donné aux procureurs jusqu’au 1er septembre pour répondre s’ils disposent d’une transcription fidèle à la réalité de l’interrogatoire de police d’Or Elovitch. S’il existe une telle transcription, les procureurs ont reçu pour instruction d’expliquer quand ils ont eu connaissance de son existence et pourquoi elle n’a pas été remise à la défense. Les juges ont également demandé aux procureurs d’expliquer toute différence entre l’enregistrement de l’interrogatoire et la transcription qui a été remise aux avocats d’Elovitch.
Shaul Elovitch et son épouse Iris sont tous deux accusés de corruption dans l’affaire 4000, qui concerne des soupçons selon lesquels Netanyahu aurait offert des avantages réglementaires à Elovitch en échange d’une couverture positive de lui et de sa famille sur le site d’information Walla, propriété de Bezeq.

L’année dernière, la Douzième chaîne a rapporté que Shaul Elovitch, qui a été mis en garde à vue à deux reprises dans le cadre de l’enquête sur l’affaire 4000, a été une fois détenu dans un centre de détention qui disposait d’une salle réservée aux détenus pour parler librement avec leurs avocats, sans que la police n’écoute. Cependant, des micros auraient été installés dans cette pièce car le fils d’Elovitch y a été envoyé dans le cadre d’une tactique policière visant à obtenir un accord de témoin d’État.
Les enquêteurs de la police étaient convaincus que l’avocat Jack Chen – qui avait conseillé Netanyahu dans deux autres affaires le concernant, connues sous le nom d’affaires 1000 et 2000 – empêchait Elovitch d’accepter de témoigner contre le Premier ministre et de devenir témoin d’État, selon la Douzième chaîne.
Ils ont décidé d’utiliser son fils, Or – également arrêté par la police parce qu’il était soupçonné d’être impliqué dans l’affaire – pour tenter de le faire changer d’avocat.
Le reportage télévisé comportait des transcriptions d’un enregistrement de la pièce, dans lequel une enquêtrice parle avec le jeune Elovitch avant que le père n’entre.
« Je ne veux pas qu’il interprète cela comme une collaboration avec vous », dit Or Elovitch à l’enquêtrice. « Il est paranoïaque. »
L’enquêtrice répond que « c’est une salle de discussion pour les avocats. Il n’y aura pas d’autres occasions en or comme celle-ci, c’est votre chance ».
Elle quitte alors la pièce et Shaul Elovitch entre.
Or Elovitch dit à son père : « Ils me donnent l’impression que tu pourrais me faire sortir. Je crois comprendre que Jack [Chen] est un problème. »
Shaul Elovitch répond : « Je peux consulter une centaine d’avocats de plus et ça ne changera rien. Ils veulent faire de moi un témoin d’État. Ils m’ont tué. Il me faudra mentir pour être témoin parce que je n’ai rien à dire. Ils essaient actuellement de me faire avouer, avouer, avouer. »

Suite au reportage de l’année dernière, le procureur général Avichai Mandelblit a catégoriquement nié auprès de la direction de l’association du barreau israélien que la police ait fait pression sur les témoins d’État pour qu’ils mentent.
Netanyahu a comparu devant le tribunal de district de Jérusalem en mai pour le début de son procès, ce qui fait de lui le premier Premier ministre israélien en exercice à être jugé sur des accusations criminelles.
Le Premier ministre, qui est accusé de corruption, d’escroquerie et d’abus de confiance, a nié avoir commis des méfaits et a affirmé que l’accusation portée contre lui était une tentative des médias, de ses rivaux politiques, des forces de l’ordre et des procureurs pour le forcer à quitter ses fonctions.