Aliza Bin-Noun: « Nier le droit d’Israël à exister est une forme d’antisémitisme »
"Pour Israël, le plus grand problème est le renforcement de l'Iran en Syrie qui entend depuis là promouvoir son idéologie", avertit aussi l’ambassadrice israélienne
La semaine dernière, Aliza Bin-Noun, ambassadrice de France en Israël, s’est rendue dans le sud de la France à l’occasion de plusieurs évènements. Ainsi, elle est allée non seulement à Nice pour célébrer l’ouverture de la nouvelle liaison El Al Nice-Tel Aviv, mais également à Marseille – première ville jumelée avec Haifa – pour fêter les soixante-dix ans de relations diplomatiques entre Israël et la France. A cette occasion, elle a donné une interview au journal local La Provence.
Dans l’interview, l’ambassadrice s’est inquiétée de la hausse de l’antisémitisme en France. « Les faits antisémites ont augmenté de 74 % en France. C’est pour cela que la France s’est engagée de manière plus forte contre cette tendance, notamment en renforçant la lutte sur les réseaux sociaux et en liant, comme l’a annoncé Emmanuel Macron en février lors de la soirée du Crif, anti-sionisme et antisémitisme. On peut critiquer la politique du gouvernement israélien, c’est le jeu démocratique, mais nier le droit d’Israël à exister est une forme d’antisémitisme », a-t-elle expliqué.
Interrogée sur les relations entre Israël et la France, Aliza Bin-Noun a expliqué : « Nous avons de très bonnes relations, nous partageons les mêmes valeurs. La communauté juive française, la deuxième dans le monde, lie aussi nos deux pays. Il y a aussi beaucoup d’intérêts communs notamment en ce qui concerne les coopérations scientifique, technologique, économique et culturelle. Israël sert de modèle à la France en ce qui concerne notamment le développement des start-up. Nous sommes des pays amis même si parfois nous avons des points de vue différents, notamment, sur le sujet palestinien. »
Si elle se réjouit des relations positives avec la France, l’ambassadrice s’inquiète de celle avec les pays arabes voisins et de la situation sécuritaire au Moyen-Orient. « En Syrie, la guerre civile a permis à l’Iran de se renforcer dans la région. Avec son dossier nucléaire, de missiles balistiques, ses avatars libanais, Hezbollah, ou palestinien, Hamas, et yéménites, l’Iran inquiète les Israéliens. Dans le Sinaï, Daech est toujours actif malgré la bonne coopération que nous entretenons avec l’Égypte. Pour les Israéliens, leur pays reste menacé de destruction malgré les concessions territoriales (Sinaï, Sud-Liban, bande de Gaza) faites pour parvenir à la paix. Ce qui explique que la société est devenue plus à droite, notamment dans le sud du pays où les gens vivent sous la menace des roquettes palestiniennes », explique-t-elle.
Et de regretter qu’Israël n’ait pas de partenaire crédible pour la paix.
« Avec qui Israël peut-il discuter ? Le Hamas ne viendra jamais et l’Autorité palestinienne préfère les organisations internationales où elle obtient toujours une majorité contre Israël. »
« Pour Israël, le plus grand problème est le renforcement de l’Iran en Syrie qui entend depuis là promouvoir son idéologie, conclut-elle. La ligne rouge a été franchie, c’est pourquoi nous procédons à des frappes en Syrie. Nous ne pouvons pas laisser les Iraniens s’y renforcer. La menace pour notre sécurité est trop grande. Face à ces menaces nous coopérons aussi avec la France. »