Allemagne: vers un procès pour 2 suspects du meurtre de Walter Lüebcke
Le principal suspect, néo-nazi, doit être jugé pour "meurtre aggravé" et "tentative de meurtre aggravé" de l'élu pro-migrants

Le parquet fédéral allemand a requis mercredi le renvoi en procès d’un néo-nazi et de son complice présumé dans le meurtre en 2019 d’un élu conservateur favorable à l’accueil des migrants, crime qui avait choqué le pays.
Le principal suspect, Stephan Ernst, 45 ans, doit être jugé pour « meurtre aggravé » et « tentative de meurtre aggravé », incrimination la plus grave punie de la réclusion à perpétuité, selon le parquet fédéral de Karlsruhe, chargé des affaires les plus sensibles.
Le procès, s’il est confirmé, se tiendra devant la cour régionale de Francfort.
Walter Lüebcke avait été tué le 1er juin 2019 d’une balle dans la tête sur la terrasse de son domicile de Cassel (Hesse, centre ouest). Rapidement interpellé, le suspect, sympathisant néo-nazi, était dans un premier temps passé aux aveux, avant de se rétracter et d’accuser son complice présumé.
Celui-ci, simplement présenté par le parquet fédéral comme Markus H., est accusé de l’avoir entraîné au tir en forêt, « y compris avec l’arme utilisée » pour le meurtre, selon le parquet fédéral, pour lequel il n’était « pas au courant des plans réels de l’attaque ».
Les deux suspects ont également, selon les enquêteurs, assisté à une réunion publique au cours de laquelle Walter Lüebcke avait apporté son soutien à la politique d’accueil des migrants décidée en 2015 par la chancelière Angela Merkel.
Stephan Ernst, accusé aussi d’une tentative de meurtre à l’arme blanche en 2016 d’un demandeur d’asile irakien, a projeté de plus en plus sa haine xénophobe, « à partir de cette réunion », sur Walter Lüebcke, estime le parquet.
La menace d’attentats d’extrême droite, sous-estimée dans les années 2000 lorsque les meurtres de huit immigrés turcs, d’un Grec et d’une policière allemande étaient à tort traités comme des règlements de comptes, inquiète de plus en plus les autorités allemandes.
En octobre 2019, un terroriste d’extrême droite avait tenté en vain de pénétrer, le jour de Yom Kippour, dans une synagogue de Halle (Saxe-Anhalt, est) pour y perpétrer un massacre. Il avait avant son interpellation tué une passante et un homme dans un snack.
En février, un homme a tué neuf personnes d’origine étrangère dans deux bars de Hanau, près de Francfort (Hesse), avant de se suicider.
Des groupes soupçonnés de préparer des attaques xénophobes ou antisémites sont régulièrement démantelés.
Pour le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, le terrorisme d’extrême droite représente « la plus grande menace pour la sécurité de l’Allemagne ».