AP/CPI: Israël annule les passeports du ministre des Affaires étrangères de l’AP
La délégation de Riyad Al-Maliki a été interrogée au retour de La Haye; le ministère des Affaires étrangères de l'AP: il s'agit de représailles à l'enquête sur les crimes de guerre
Le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne (AP), Riyad al-Maliki, s’est vu retirer un permis de voyage VIP pour les hauts responsables palestiniens et son entourage a été interrogé par les services de renseignement israéliens dimanche, lors d’un incident inhabituel survenu après la visite d’Al-Maliki à la Cour pénale internationale (CPI).
Le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a été informé par les autorités israéliennes que le laissez-passer d’Al-Maliki avait été annulé alors que le diplomate entrait par le passage d’Allenby, de la Jordanie vers la Cisjordanie, a déclaré au Times of Israel un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Ahmad al-Deek.
Le laissez-passer VIP permet normalement aux responsables et au personnel de l’Autorité palestinienne de passer les points de contrôle israéliens avec un minimum de frictions, mais selon al-Deek, l’entourage d’al-Maliki a été interrogé par le service de sécurité Shin Bet sur place.
« Le ministre a été retenu pendant environ une demi-heure et son équipe a été retardée pendant environ une heure, en tout et pour tout », a déclaré M. al-Deek.
Le Shin Bet s’est refusé à tout commentaire. Un responsable israélien a confirmé l’incident, mais a souligné que l’annulation du laissez-passer d’al-Maliki était une décision ponctuelle.
« Si c’est le cas, nous espérons que les Israéliens nous le clarifient », a déclaré al-Deek, notant que le ministère des Affaires étrangères de l’AP avait seulement été informé que le laissez-passer avait été annulé.
Le responsable israélien a refusé de préciser pourquoi le laissez-passer d’al-Maliki avait été révoqué. Le ministère des Affaires étrangères de l’AP a toutefois déclaré qu’Israël avait annulé le permis VIP en raison du soutien enthousiaste de Ramallah à l’enquête en cours de la CPI.
« Israël est incapable de résoudre les affaires par la loi, mais recourt plutôt à une politique d’intimidation, de sanctions et de menaces », a déclaré plus tard al-Deek dans des déclarations à l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne, WAFA.
M. Al-Maliki revenait d’une visite diplomatique en Europe, au cours de laquelle il s’est rendu à La Haye pour rencontrer la procureure en chef sortante de la CPI, Fatou Bensouda.
Bensouda a annoncé début mars qu’elle ouvrirait une enquête sur les actions commises par Israël et les Palestiniens en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est durant l’été 2014, mais en excluant le meurtre terroriste de trois adolescents israéliens qui a justement déclenché cette escalade.
Son annonce a été immédiatement saluée par l’Autorité palestinienne et vigoureusement condamnée par Israël.
Lors de la visite d’al-Maliki à La Haye, le diplomate palestinien a exhorté Bensouda à accélérer le rythme de l’enquête.
« Le ministre des Affaires étrangères a souligné […] l’importance d’accélérer les enquêtes sur les crimes commis sur le territoire de l’État de Palestine, de manière à garantir la justice pour les victimes et leurs familles au sein du peuple palestinien », a indiqué le bureau d’al-Maliki dans un communiqué.
L’annonce de l’enquête est intervenue moins d’un mois après que la Cour a estimé qu’elle était compétente pour ouvrir une enquête. Une enquête préliminaire visant à régler la question de la justiciabilité a pris plus de cinq ans.
Jeudi, le même jour que la rencontre entre M. al-Maliki et Mme Bensouda, la CPI a confirmé avoir envoyé à Israël et à l’Autorité palestinienne des mises en demeure concernant son enquête imminente sur de possibles crimes de guerre.
Ces lettres donnaient aux deux parties un mois pour demander le report de l’enquête, selon la CPI.