AP : Ne plus payer les terroristes serait un « suicide politique »
Un représentant palestinien accuse aussi le gouvernement israélien de faire de la politique politicienne en décidant de déduire les impôts qu'il perçoit pour le compte de l'AP

Un haut responsable palestinien a insisté mardi sur le fait que les Palestiniens ne peuvent pas arrêter de verser des salaires aux prisonniers de sécurité ou aux familles des agresseurs abattus.
Il a fait cette déclaration deux jours après la réunion du cabinet de sécurité israélien qui a approuvé la retenue de 502 697 000 de shekels (125,6 millions d’euros) au titre des impôts qu’Israël est censé percevoir au nom de l’Autorité palestinienne.
Le cabinet de sécurité a pris cette décision dans le but de commencer à appliquer une nouvelle loi qui permet à Israël de prélever sur les impôts perçus pour Ramallah les sommes qui sont versées aux prisonniers de sécurité et les familles des agresseurs assassinés, y compris les terroristes.
« Ces paiements sont l’une des questions les plus sensibles de la société palestinienne », a déclaré au Times of Israel ce fonctionnaire, qui a pris la parole sous couvert de l’anonymat. « Si l’AP les supprime, ce serait un suicide politique, surtout vu la situation politique délicate ».
Les responsables palestiniens ont condamné Israël pour avoir décidé de confisquer le demi-milliard de shekels, arguant qu’il s’agit de « piraterie » des fonds palestiniens.
Des responsables israéliens ont défendu la décision du cabinet de sécurité, faisant valoir que les paiements de l’Autorité palestinienne incitent à la violence et au terrorisme.
Des sondages ont révélé que l’écrasante majorité des Palestiniens s’opposent à ce que l’Autorité palestinienne suspende ses paiements aux prisonniers de sécurité, y compris les terroristes qui ont tué des civils israéliens.

Une enquête publiée en juillet 2017 par le Palestinian Center for Policy and Survey Research a révélé que 91 % des Palestiniens étaient contre l’idée de les arrêter.
Le responsable palestinien a également accusé le gouvernement israélien d’avoir décidé de retenir les fonds à des fins politiciennes.
« Au lieu d’essayer de faire avancer le processus de paix, le gouvernement israélien soulève cette question à des fins politiques », a-t-il déclaré, notant des informations selon lesquelles des responsables israéliens de la sécurité se seraient opposés à la rétention de fonds à l’AP.
Un porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu a refusé de répondre aux commentaires du responsable palestinien.
Les responsables israéliens de la sécurité soutiennent depuis longtemps le renforcement de l’Autorité palestinienne et font valoir que les initiatives visant à l’affaiblir pourraient déstabiliser la situation en Cisjordanie et nuire à la capacité de ses forces de sécurité à lutter contre le terrorisme.
Le responsable palestinien a également déclaré qu’Israël en retenant les impôts pourrait affecter la capacité de l’Autorité palestinienne à payer à ses employés la totalité de leurs salaires.
« L’AP se trouve dans une situation économique très difficile. Par rapport à 2013, elle reçoit aujourd’hui 70 % d’aide étrangère en moins », a-t-il déclaré. « Sans tous les impôts, j’ai bien peur que l’AP ne puisse pas assurer à nos travailleurs de toucher leur plein salaire ».
Quelque 140 000 Palestiniens de Cisjordanie travaillent pour l’Autorité palestinienne, ce qui représente environ un tiers du revenu palestinien dans le territoire.
Reuters a rapporté que des responsables palestiniens ont déclaré qu’Israël perçoit et transfère actuellement 803 282 580 de shekels (201 millions d’euros) à l’Autorité palestinienne chaque mois.
Avi Dichter, le président de la Commission de défense de la Knesset, a déclaré qu’Israël va étaler la retenue de l’argent des impôts sur 12 mois.
Si Israël devait continuer à récupérer une somme d’impôts équivalente à celle prévue dans le rapport Reuters, il déduirait environ 5 % de ce qu’il transfère actuellement à l’AP sur une base mensuelle.
Cependant, des responsables palestiniens, dont Hussein al-Sheikh, un proche confident du président de l’AP Mahmoud Abbas, ont déclaré qu’ils n’accepteraient de recevoir aucune partie des fonds publics si Israël ne leur remet pas la totalité de la somme.