Après 8 meurtres ce week-end dans une communauté arabe, Ben Gvir exige une réponse policière
Le ministre chargé de la police aurait sévi auprès des autorités policières pour les convaincre d'utiliser la nouvelle loi permettant l'utilisation d'ordonnances administratives contre les suspects de crimes

À la suite de l’assassinat de huit personnes au sein de la communauté arabe, le week-end dernier, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a demandé aux forces de police d’émettre des ordonnances administratives contre les suspects de crime en application de la loi très controversée qui, selon ses critiques, enfreint le droit de chacun à une procédure légale.
« Je me suis battu pour faire passer cette loi… Et vous [la police] ne faites rien. C’est intolérable », a-t-il dit lundi en admonestant un groupe d’officiers supérieurs, selon la Treizième chaîne.
Ben Gvir faisait ici allusion à la loi adoptée en décembre dernier autorisant la police à restreindre la liberté de mouvement et d’expression des suspects sur la base de preuves tenues secrètes.
Selon les organisations de défense des droits de l’homme, cette loi piétine les droits à une procédure légale et introduit une procédure spéciales pour les Arabes israéliens.
Cette rencontre entre Ben Gvir et les forces de l’ordre avait été organisée par le chef de la police israélienne, Daniel Levy, qui a lui aussi fait la leçon à ses officiers : « On vous a nommés pour garantir la sécurité publique. Où étaient les forces supposées se trouver sur le terrain ? »
Levy s’est plaint du fait que les agents de la police des frontières n’aient pas été présents dans le centre d’Israël, ce week-end. Il aurait en effet demandé que des membres de la très controversée Garde nationale soient stationnés à Ramle, dans le centre du pays, théâtre d’un triple homicide, vendredi soir, annonciateur de plusieurs autres d’homicides ce week-end –, mais les policiers auraient en fait été déployés dans le sud d’Israël.

C’est ainsi que Ben Gvir et Levy ont réagi à la vague de crimes violents qui a endeuillé la communauté arabe israélienne le week-end dernier et fait huit morts, avec un taux d’homicide devenu incontrôlable en secteur arabe.
La grande majorité des homicides qui surviennent au sein de la communauté arabe ne sont pas résolus par les forces de l’ordre, ce qui fait dire à nombre de dirigeants communautaires que la police se focalise sur des choses qui n’en valent pas la peine et refuse de travailler avec les politiciens arabes locaux pour mener de front la lutte contre les crimes violents.
Aucune arrestation n’a encore été signalée dans les six incidents qui ont émaillé le week-end dernier.
Vendredi matin, Khaled Sawaed, 61 ans, a été abattu dans sa voiture à Shfaram, dans le nord du pays, alors qu’il se rendait à son travail. Selon les médias arabes locaux, le fils de la victime, Raslan, âgé de 27 ans, a été tué dans des circonstances semblables il y a de cela deux ans.
Plus tard dans la nuit, trois hommes d’une trentaine d’années – Bilal Abu Ghanem, Salah Afifi et Bahaa Oumayra – ont été abattus à Ramle, dans le cadre d’une probable vengeance pour le double homicide des frères Matin et Jamal al-Shmali, moins de 24 heures plus tôt.
???? הנרצחים אמש בחברה הערבית:
ענן נאסר נרצח בפיצוץ רכב בעראבה אל-בטוף. בנוסף 3 נרצחים ברמלה: סאלח אל-עפיפי, בהאא עמירה ובילאל אבו ג'אנם.
ברמלה היעד לרצח היה בעל עסק נרגילות, השנים האחרים היו לקוחות שניסו להגוף את הרוצחים ונורו ונרצחו בעצמם.
וכך עלה מספר הנרצחים בחברה הערבית מתחילת… pic.twitter.com/z8N7o66OdA— Asslan Khalil (@KhalilAsslan) April 12, 2025
Dans la nuit de vendredi à samedi, c’est Anan Nassar, 50 ans, qui a été tué dans un attentat à la voiture piégée à Arraba, ville jusqu’ici tranquille du nord du pays mais qui fait face à une emprise croissante de la criminalité liée aux gangs depuis la dernière année.
Tôt dimanche matin enfin, deux hommes ont été abattus, sans lien apparent entre les deux incidents. Mohammed Abd Tarabieh, 28 ans, a été tué à Sakhnin, dans le nord : c’est le centre hospitalier de Galilée à Nahariya qui a constaté le décès. La seconde victime, Elias Mutran, 31 ans, marié et père de deux enfants, a été abattu à Nazareth peu avant 7 heures du matin : c’est l’hôpital anglais de la ville qui a constaté le décès.
Mutran n’avait pas de casier judiciaire, a fait savoir la police, Kan ajoutant que des proches du défunt estimaient qu’il avait été tué par accident au moment où il s’était arrêté dans une boulangerie, en route pour son travail.
Quelques heures plus tard, à Tira, Marwan Amrur, 51 ans, père de quatre enfants, a été grièvement blessé lors d’une fusillade : l’hôpital a constaté le décès. Au moment des faits, il se trouvait en voiture avec sa femme, légèrement blessée par les coups de feu.

Il y a eu pas moins de 76 homicides au sein de la communauté arabe depuis début 2025, soit la même tendance qu’en 2024 et 2023, selon l’organisation des Accords d’Abraham. Le groupe défenseur de la coexistence a enregistré une hausse sans précédent des crimes violents au sein de la communauté arabe lors des deux premières années de mandat de Ben Gvir, qui a compétence sur la police.
En 2023, première année de mandat de Ben Gvir, le taux d’homicides au sein de la communauté arabe a atteint des sommets, à près du double des niveaux de l’année précédente. Le ministre avait vidé de sa substance un programme mis en place par son prédécesseur, Omer Barlev, avec les dirigeants municipaux arabes pour lutter contre la criminalité au sein de la communauté arabe.
Dans un rapport tardif publié en début d’année, le cabinet de Ben Gvir a confirmé que les homicides au sein des communautés arabes avaient plus que doublé en 2023. Son cabinet n’a pas encore publié les chiffres 2024.