Après les blogs et Facebook, la censure militaire se tourne vers WhatsApp
La police israélienne et United Hatzala résistent à la demande de laisser les censeurs rejoindre les groupes de journalistes
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël
Deux semaines après avoir ordonné que des douzaines de bloggeurs et d’utilisateurs de Facebook soumettent leurs contenus liés à la sécurité à vérification avant publication, la censure militaire d’Israël cherche à étendre encore sa supervision des conversations entre les porte-paroles des services de premier secours et les journalistes sur la populaire plate-forme de messagerie WhatsApp.
Dans une récente lettre envoyée au département des porte-paroles de la police israélienne, du service de premier secours United Hatzalah et à nombre d’autres organisations de la communauté, la censure militaire a demandé à être ajouté aux groupes de messagerie utilisés pour communiquer avec les médias.
Ces dernières années, les moyens de communication traditionnels entre les porte-paroles et les journalistes ont été complétés ou remplacés par des groupes WhatsApp permettant la diffusion rapide d’informations importantes.
« A la lumière des nombreux incidents de sécurité de ces derniers mois, l’unité [de censure militaire] a décidé de demander aux corps des porte-paroles des organisations avec qui nous travaillons de nous inclure dans le groupe WhatsApp de distribution [des communiqués de presse] », a demandé l’armée.
Le lettre a déclaré qu’il était important pour la censure d’être « à jour sur ce qu’il se passe en Israël », afin « de protéger l’équilibre entre la liberté d’expression et le droit du public israélien à savoir [sic] ».
Après l’annonce par la radio militaire d’une nouvelle demande mardi, le porte-parole de United Hatzalah Moti Elmaliach a envoyé un message au groupe de journalistes les informant qu’il s’opposait à la demande et n’ajouterait aucun représentants de la censure au groupe.
« Ma position est claire : le rôle de la censure militaire est de superviser les médias et pas d’interférer dans le discours entre les journalistes et leurs sources », a-t-il écrit.
Le département des porte-paroles de la police israélienne s’est aussi fortement opposé à cette demande, a annoncé la radio militaire.
En début de mois, il a été révélé que la censure militaire avait ordonné que 30 utilisateurs de Facebook et bloggeurs soumettent leurs contenus liés à la sécurité à une vérification avant qu’ils ne puissent être publiés.
La censure militaire, qui fait partie de la direction des renseignements militaires de l’armée israélienne, a l’autorité pour empêcher des informations d’être publiées dans les médias, mais est limitée dans sa pratique par la tendance fréquente des médias d’informations à contourner les restrictions en citant des « sources étrangères d’informations ».
Le besoin d’une permission préalable pour publier ce qui pourrait être interprété comme une information de sécurité sensible avait précédemment été restreinte aux médias d’informations établis, ainsi qu’aux organisations comme les services de premier secours et les conseils des communautés en première ligne. Ne pas demander ces permissions préalables est un crime.
A ce jour, les posts et les blogs des médias non établis avec des implications possibles pour la sécurité de l’Etat ont été repérés automatiquement par un programme informatique et à l’occasion avaient été censurés après leur publication. Mais pour la première fois, le nouveau chef de la censure militaire, Ariella Ben Avraham, a ordonné que les utilisateurs de Facebook et les bloggeurs, dont beaucoup traitent de sujets de sécurité, soumettent tout contenu pertinent pour une revue préalable. Ne pas agir ainsi, leur a-t-il été dit, constituerait une violation de l’état d’urgence qu’Israël a maintenu en place depuis sa fondation, et pourrait tomber sous le coup de la loi.
Sue Surkes a contribué à cet article.