Israël en guerre - Jour 472

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Après les Etats-Unis, Israël annonce se retirer de l’Unesco

"L'Unesco est devenue le théâtre de l'absurde où l'on déforme l'histoire au lieu de la préserver", a déclaré Benjamin Netanyahu

Le Premier ministre  Benjamin Netanyahu devant la 72e session de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 19 septembre 2017. (Crédit :  Timothy A. Clary/AFP)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant la 72e session de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 19 septembre 2017. (Crédit : Timothy A. Clary/AFP)

Israël a annoncé jeudi se retirer de l’Unesco comme les Etats-Unis à cause du parti pris anti-israélien, selon lui, de l’organisation onusienne devenue un « théâtre de l’absurde ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu « a donné pour instruction au ministère des Affaires étrangères de préparer le retrait d’Israël de l’organisation, parallèlement aux Etats-Unis », a dit son bureau dans un communiqué.

« L’Unesco est devenue le théâtre de l’absurde où l’on déforme l’histoire au lieu de la préserver », a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt, s’exprimant jeudi après l’annonce du retrait de Washington de l’Organisation des Nations unies pour la Science et la Culture, citant des considérations financières et le « préjugé anti-israélien » de l’organisation, l’ambassadeur d’Israël à l’UNESCO, Carmel Shama-Hacohen a déclaré que ces dernières années l’UNESCO est devenue « une organisation absurde qui s’est perdue en faveur des considérations politiques de certains pays » et que sa « recommandation personnelle au Premier ministre Benjamin Netanyahu est de faire de même et de se retirer immédiatement [de l’UNESCO]. »

« Nous entrons dans une nouvelle ère aux Nations unies, celle où, quand on pratique la discrimination contre Israël, il faut en payer le prix », a déclaré dans un communiqué Danny Danon, ambassadeur d’Israël auprès de l’ONU.

Israël a perdu son droit de vote à l’UNESCO en 2013, suite à sa décision de suspendre les versement de ses cotisations à l’organisation suite à sa décision d’accorder la pleine adhésion à la Palestine en 2011.

Les États-Unis ont eux aussi perdu leurs droits de vote pendant la même période car ils n’ont pas payé 80 millions de dollars, somme qu’ils doivent verser annuellement, depuis 2011.

L’actuelle directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, la Bulgare Irina Bokova, a dit « regretter profondément » la décision américaine, annoncée la première, à ses yeux préjudiciable au multilatéralisme.

Des regrets partagés par la France, qui héberge le siège de l’Unesco, par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui souligne « le rôle majeur des Etats-Unis à l’Unesco depuis sa fondation » en 1946, et par Moscou qui a déploré « une triste nouvelle ».

Pour la France, le retrait américain plaide pour sa propre candidate, Audrey Azoulay, 45 ans, ancienne ministre de la Culture qui a recueilli autant de voix que lui mercredi – 18 sur les 30 nécessaires pour être élu -, comblant l’écart qui les séparait encore la veille.

« Notre candidature à la direction générale de l’Organisation prend, dans ces circonstances, une signification nouvelle », selon le gouvernement.

Le feu couve pourtant depuis des années sur fond de positions controversées de l’Unesco sur Jérusalem et Hébron, défendues par les pays arabes.

En 2011, l’admission de la Palestine au sein de l’Unesco a accentué la crise et entraîné la suspension des contributions financières d’Israël et des Etats-Unis, égales à plus de 20% du budget de l’agence.

En juillet, ces derniers avaient d’ailleurs prévenu qu’ils réexaminaient leurs liens avec l’Unesco, qualifiant d' »affront à l’histoire » la décision de l’organisation de déclarer la vieille ville de Hébron, en Cisjordanie, « zone protégée » du patrimoine mondial. Une décision qualifiée alors de « délirante » par Israël.

Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat américain, à  Washington, le 8 juin 2017. (Crédit : capture d'écran)
Heather Nauert, porte-parole du département d’Etat américain, à Washington, le 8 juin 2017. (Crédit : capture d’écran)

La porte-parole du département d’Etat américain Heather Nauert a expliqué que l’argument « financier » avait aussi pesé.

« Nous avions des arriérés de l’ordre de 550 millions de dollars » vis-à-vis de l’Unesco, « est-ce qu’on veut continuer à payer plus d’argent » pour une organisation aux « partis pris anti-Israël ? » a-t-elle demandé. Elle a rappelé que Washington souhaite en outre une réforme en profondeur de l’ONU dans son ensemble.

Après son retrait, qui ne sera effectif que fin 2018 conformément aux statuts de l’Unesco, Washington souhaite y demeurer observateur.

Pour François Heisbourg, conseiller de la Fondation de la recherche stratégique (FRS), « c’est une conséquence logique », compte tenu de la position américaine sur la question israélo-palestinienne.

Un tel retrait n’est pas inédit: il y eut un précédent en 1984, sous Ronald Reagan, alors motivé par l’inutilité supposée et les débordements budgétaires de l’Unesco. Les Etats-Unis n’avaient réintégré l’organisation qu’en 2002.

« Relativement petite », « ne touchant pas des intérêts vitaux », « l’Unesco est une cible plus facile que d’autres » et « par ailleurs, elle est allée plus loin que les autres organisations du système des Nations unies en termes de reconnaissance de l’Autorité palestinienne », note M. Heisbourg.

Audrey Azoulay, ministre française de la Culture, au Sénat, le 12 février 2016. (Crédit : capture d'écran YouTube/Public Sénat)
Audrey Azoulay, ministre française de la Culture, au Sénat, le 12 février 2016. (Crédit : capture d’écran YouTube/Public Sénat)

Les annonces américaine et israélienne interviennent au moment où l’élection hautement politique du successeur d’Irina Bokova, entamée lundi, entre dans une phase décisive, cristallisant d’autres tensions dans cette organisation en mal de réformes et de consensus. Et qui doit faire avec les arriérés de contribution de ses membres.

Lors d’un quatrième tour de vote jeudi soir, les 58 pays membres du Conseil exécutif ne sont parvenus à désigner qu’un seul des deux finalistes, le Qatari Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari, qui a reçu 22 voix.

Arrivées en seconde position ex-aequo avec 18 voix chacune, les candidates française Audrey Azoulay et égyptienne Moushira Khattab devront être départagées vendredi par un nouveau vote, à 12H00 GMT.

Hamad bin Abdoulaziz Al-Kawari ne fait pas l’unanimité parmi les pays arabes qui ont rompu cette année leurs relations diplomatiques avec Doha. L’Egypte et l’Arabie saoudite notamment s’en inquiètent même s’ils ont largement revendiqué le poste pour leur groupe, qui ne l’a jamais occupé.

En outre, de vieux soupçons d’antisémitisme à l’encontre du candidat qatari ont resurgi ces derniers jours, relayés notamment par le Centre Simon Wiesenthal Europe et la Ligue anti-diffamation (ADL) aux Etats-Unis.

Il lui est en particulier reproché un silence présumé face à la présence de livres antisémites au cours de foires du livre lorsqu’il était ministre de la Culture.

Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari (Crédit : Wikimedia / Creative Commons)
Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari (Crédit : Wikimedia / Creative Commons)

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