Après un clash sur un avant-poste, Gallant et Smotrich rencontrent Netanyahu
Le ministre de la Défense a aussi reçu des leaders d'implantations de Cisjordanie après avoir ordonné la destruction d'un avant-poste illégal
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui occupe aussi un poste de ministre délégué au ministère de la Défense, ont rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans la soirée de lundi – leur première rencontre depuis une prise de bec entre les deux hauts-responsables sur la démolition d’un avant-poste illégal en Cisjordanie.
Dimanche, des activistes radicaux du mouvement pro-implantation avaient tenté de rétablir l’avant-poste d’Or Chaim, dans le nord de la Cisjordanie. Les forces de la police et de l’Administration civile avaient évacué et détruit les structures érigées sur le site, vendredi, au lendemain de leur construction.
Cinq familles s’étaient installées, jeudi soir, à Or Chaim, un avant-poste situé aux abords de l’implantation Migdalim et surplombant « l’autoroute de la trans- Samarie ». Parmi les activistes impliqués, le petit-fils de feu le rabbin Chaim Druckman, célèbre personnalité du mouvement sioniste religieux qui a aussi donné son nom à l’avant-poste.
Les structures avaient été démolies vendredi sur ordre de Gallant, attisant les tensions dans la coalition entre le parti du Likud de Netanyahu et les factions ultra-nationalistes Hatzionout HaDatit et Otzma Yehudit.
Smotrich avait indiqué qu’il avait ordonné à l’Administration civile, une agence au sein du ministère de la Défense, de stopper l’évacuation d’Or Chaim mais Gallant, pour sa part, avait autorisé l’initiative.
Selon les accords de coalition qui ont été signés entre le Likud et Hatzionout HaDatit, Smotrich est devenu ministre au sein du ministère de la Défense et il a pris le contrôle de l’Administration civile, qui est en charge des affaires civiles en Cisjordanie – notamment des actions entreprises contre les constructions illégales.
L’objectif poursuivi par ce transfert de pouvoir était de permettre à Smotrich – qui est aussi ministre des Finances – de réduire les actions entreprises contre les constructions illégales israéliennes, conformément à son idéologie pro-implantations. A ce poste, il est aussi en droit de prendre des mesures plus fortes contre les constructions illégales palestiniennes, en accord avec son opposition véhémente à l’établissement d’un État palestinien.
Toutefois, un ancien conseiller juridique de l’establishment de la Défense a confié la semaine dernière, lors d’un entretien, que pour que Smotrich puisse bénéficier d’une autorité indépendante au sein du ministère et qu’il puisse donner des ordres au Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) et à l’Administration civile, le gouvernement devrait amender deux Lois fondamentales quasi-constitutionnelles – celle portant sur le gouvernement et celle portant sur l’armée.
Les trois ministres issus de Hatzionout HaDatit avaient boycotté la réunion du cabinet de dimanche en signe de protestation contre la décision prise par Gallant de s’opposer à l’ordre donné par Smotrich. Netanyahu, pour sa part, avait apporté son soutien Gallant dans une déclaration.
La réunion qui a eu lieu lundi soir en présence de Gallant, de Smotrich, de Netanyahu a été initialement signalée par la Treizième chaîne et elle a été confirmée par un porte-parole de l’un des trois politiciens au Times of Israel.
Le trio devrait s’entretenir à nouveau mardi.
Lundi dans la journée, Gallant a rencontré les leaders de quinze conseils d’implantations régionales et locales en Cisjordanie, a annoncé son bureau.
Le ministre a déclaré à son auditoire que « la bataille pour la Zone C est une question centrale. Dans ces territoires, nous sommes responsables des affaires sécuritaires et des affaires civiles et nous devons nous assurer que nous contrôlons la situation et que nous imposons la loi et l’ordre ».
Les ONGs et les activistes de droite prétendent que les constructions palestiniennes non-autorisés qui sont faites dans la zone C de la Cisjordanie, placée sous le contrôle total des Israéliens, ne sont pas soumises au même traitement que les constructions israéliennes érigées, là aussi, sans permis de construire, et que les constructions palestiniennes en grand nombre entrent dans le cadre d’un effort coordonné visant à établir une contiguïté territoriale entre les Zones A et B du territoire, sous contrôle palestinien mais géographiquement fragmentées.
Selon l’organisation Regavim de droite, qui traque les constructions palestiniennes illégales en Cisjordanie, plus de 5 500 structures de ce type ont été construites dans la Zone C en 2022.
Même si le nombre de constructions illégales israéliennes est bien inférieur, selon Regavim, des milliers de logements sont construits avec le permis approprié dans les implantations israéliennes de Cisjordanie, chaque année.
Le groupe La Paix Maintenant a fait savoir que les travaux de construction de 22 987 logements avaient commencé entre 2010 et 2021.
Les permis de construire sont très rarement délivrés aux Palestiniens – ce qui, selon eux, ne leur laisse guère d’autre choix que de construire illégalement leur habitation. Les dispositions des Accords intermédiaires d’Oslo, en 1995, prévoyaient que le contrôle de la Zone C serait graduellement transféré à l’Autorité palestinienne.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.