Arnon Milchan reconnaît avoir demandé l’aide de Netanyahu pour l’exonération fiscale
Selon l'avocat de la défense, le producteur hollywoodien avait précédemment dit aux policiers ne pas avoir parlé de cette question avec le Premier ministre
Le magnat d’Hollywood au centre de l’une des affaires de corruption contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu a témoigné jeudi qu’il avait demandé au Premier ministre comment « résoudre » les problèmes d’exposition fiscale s’il revenait vivre en Israël.
S’exprimant au cours du cinquième jour de son témoignage, et de son troisième jour de contre-interrogatoire, Arnon Milchan a noté qu’il avait également rencontré le leader de Yesh Atid et le ministre des Finances de l’époque, Yaïr Lapid, sur cette question.
Mais en déclarant qu’il s’était entretenu avec Netanyahu à ce sujet, le magnat de 78 ans a apparemment contredit son propre témoignage précédemment donné à la police, dernier exemple en date de la frustration exprimée par les avocats à propos des modifications apportées.
L’affaire, appelée Affaire 1 000, tourne autour d’allégations selon lesquelles le Premier ministre aurait cherché à faire avancer la loi visant à augmenter la durée pendant laquelle les citoyens israéliens revenant de l’étranger pour vivre en Israël peuvent bénéficier d’exonérations fiscales sur les revenus étrangers, de 10 à 20 ans. La loi, qui a été adoptée en 2013 et qui a depuis été surnommée la « loi Milchan » par la presse, aurait bénéficié de manière significative au producteur.
L’acte d’accusation affirme que Netanyahu avait abusé de son autorité et de son pouvoir pour aider Milchan à obtenir des avantages, notamment l’extension de l’allègement fiscal et un nouveau visa, et que cet effort faisait partie d’une relation donnant-donnant entre les deux, le premier prodiguant du champagne de luxe et des cigares au Premier ministre et à son épouse.
Interrogé sur le fait qu’il avait déjà discuté de la question de l’exonération fiscale avec le Premier ministre, Milchan a admis à l’avocat de la défense, Amit Hadad, l’avoir fait.
« Il se peut que je lui en aie parlé. Je lui ai demandé comment résoudre ce problème », a déclaré Milchan au tribunal.
« Il y a des choses dont je peine à me souvenir », a simplement déclaré Milchan lorsque Me Hadad lui a rappelé qu’il avait dit à la police qu’il n’en avait pas parlé à Netanyahu.
En début de semaine, les procureurs ont exprimé leur mécontentement à l’égard de Milchan pour avoir donné au tribunal une version différente de celle qu’il avait donnée à la police au cours de l’enquête qui a duré plusieurs années. À l’époque, Me Hadad s’était plaint du fait que Milchan ait été incité à se souvenir de son témoignage initial.
Me Hadad a également posé des questions sur le visa américain de dix ans que Milchan avait obtenu au milieu des années 2010, après que sa demande initiale de permis de longue durée eut été rejetée. Milchan avait précédemment déclaré qu’il avait demandé l’aide de plusieurs fonctionnaires, dont le secrétaire d’État américain de l’époque, John Kerry.
« Netanyahu n’a pas aidé, nous pouvons passer à autre chose. Il s’était contenté de me répondre : ‘je ne donne pas de visas et je ne peux pas aider' », a déclaré Milchan, qui a été interrogé à plusieurs reprises sur cette question au cours des derniers jours.
Durant l’audience, Netanyahu est entré dans la salle du tribunal de Jérusalem pour observer les débats, plaisantant avec ses partisans à l’extérieur. « Vous êtes venus voir le meilleur spectacle de la ville », leur a-t-il dit. Le Premier ministre a nié tout acte répréhensible et a dépeint ses déboires judiciaires comme une tentative de l’écarter du pouvoir par des accusations forgées de toutes pièces.
Le contre-interrogatoire de Milchan reprendra dimanche.
Le producteur d’origine israélienne a témoigné à distance depuis l’hôtel Old Ship à Brighton, au Royaume-Uni. L’épouse du Premier ministre, Sara, qui aurait reçu de Milchan des bijoux de valeur et d’autres produits de luxe, s’est rendue à Londres pour assister en personne à son témoignage.
Au cours de l’audience de jeudi, la juge Rivka Friedman-Feldman a semblé réprimander tacitement Sara Netanyahu après qu’elle eut été vue en train d’embrasser et d’étreindre Milchan dans la salle où il devait témoigner, peu avant le début de l’audience.
« Ni Milchan, ni qui que soit d’autre, n’est autorisé à parler avec des personnes liées au procès. Quiconque est assis dans la salle ne peut pas parler à Milchan [et ce] jusqu’à la fin de son témoignage – ni dans la salle, ni en dehors », a insisté la juge Friedman-Feldman.