Assouline, sur les traces de ses ancêtres séfarades en Espagne
L'auteur juif d'origine marocaine, qui revendique une identité “française, espagnole, juive, européenne”, s'est temporairement installé en Espagne pour se plonger dans la "Shoah des séfarades"

Le romancier, biographe et journaliste français Pierre Assouline s’est lancé en Espagne dans une nouvelle aventure sur les traces de ses ancêtres séfarades brutalement expulsés en 1492, la « Shoah des séfarades », a-t-il confié dans un entretien à l’AFP.
Pierre Assouline, déjà auteur d’une trentaine de livres prépare cette fois un récit à la première personne qu’il espère publier en janvier chez l’éditeur Gallimard.
Son titre, il l’a déjà, en espagnol dans le texte : Vuelvo (Je reviens).
« Je ne sais pas si mon éditeur va être d’accord mais je vais me battre », dit-il dans un rire, en évoquant sa ressemblance avec le titre d’un film de Pedro Almodovar, « Volver » (Revenir).
Pierre Assouline, né à Casablanca en 1953, aborde enfin ce sujet si personnel : son identité séfarade, et sa déclinaison tant au niveau personnel que collectif.
« C’est un roman qui est dans l’Histoire, avec un grand H », résume-t-il, assurant que s’y mêleront la fiction, le journalisme et l’histoire, un peu à l’image des œuvres du romancier espagnol Javier Cercas Les soldats de Salamine, Anatomie d’un instant ou L’Imposteur.

Dans ce but Assouline s’est installé pendant un mois à la Casa Velazquez, un centre de création et de recherche français à Madrid, où il peut se plonger dans la lecture quand il ne voyage pas à travers l’Espagne.
« Quand j’étais enfant, mes parents parlaient tout le temps français à la maison, mais ma mère employait quelques expressions en espagnol, comme ‘vida mía’ (ma vie) ou ‘qué vergüenza’ (quelle honte !) », se souvient Assouline, en précisant que son livre de chevet est actuellement une anthologie de la poésie espagnole.
Profitant de son séjour, il rassemble aussi les papiers nécessaires à l’obtention de la nationalité espagnole que le gouvernement de Mariano Rajoy s’est engagé à accorder en juin 2015 aux descendants des séfarades chassés d’Espagne par les Rois Catholiques en 1492.
Réflexion sur l’identité
Pour écrire ce nouvel ouvrage, Assouline s’est replongé dans ses souvenirs, ceux des étés passés avec ses parents au bord de la mer, dans le sud de la péninsule, et ceux des nombreux voyages effectués en Espagne au cours de sa vie, notamment ces dernières années.
Ce livre se distinguera du reste de son œuvre car cette fois « le personnage principal n’est pas un être de fiction, c’est moi, et il va demander la nationalité espagnole et raconter tout ce qui passe » lors d’un parcours fait de voyages, de rencontres et d’enquêtes.
L’ouvrage est également une réflexion sur l’identité, une notion sans cesse débattue aujourd’hui en France selon l’auteur. Et qui est « toujours » associée « à quelque chose de négatif, elle est criminelle, elle est meurtrière, elle est raciste, elle est nationaliste, elle est intolérante… »
« Mais je me tue à dire aux gens : mais non, l’identité elle est multiple, et c’est positif », affirme Assouline qui revendique dans son livre la sienne : « française, espagnole, juive, européenne ».
Son nouveau livre est « un aller-retour permanent entre le passé séfarade et le présent », sur les secrets de cette communauté dans des villes espagnoles comme Barcelone, Séville ou Grenade et de son attachement à l’Espagne en dépit des souffrances endurées.

Après la prise de Grenade par les Rois catholiques en 1492, les Juifs d’Espagne ont été expulsés en quelques mois, condamnés à l’exil ou harcelés par l’Inquisition, pour ceux restés au pays.
Ils ont fui vers l’Afrique du nord, les Balkans, la Grèce, la Turquie et l’Amérique Latine. Un épisode de l’Histoire « considéré dans le vécu juif comme la Shoah des Séfarades », explique Assouline.
« Ils l’ont vécu comme un traumatisme terrible » mais malgré cela « depuis cinq siècles les Séfarades n’ont jamais cessé de parler espagnol et d’aimer l’Espagne. Allez comprendre ».
Sur la période où l’Espagne était sous domination musulmane, entre le VIIIe et le XVe siècle, des historiens ont écrit que ce fut « l’âge d’or des trois religions », un temps de cohabitation apaisée, mais Assouline n’y croit pas.
L’auteur déclare ne pas croire non plus à « la légende noire espagnole », qui dépeint la période de l’Inquisition de manière excessivement négative. « Je me situe entre les deux, j’essaie de faire la part des légendes », confie-t-il.
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.

Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel