Israël en guerre - Jour 490

Rechercher

Attentats janvier 2015 : au procès, l’interrogatoire impossible d’Ali Riza Polat

Présenté comme le "bras droit" d'Amédy Coulibaly, l'homme est soupçonné d'avoir aidé le tueur de l'Hyper Cacher et les frères Saïd et Chérif Kouachi à préparer leurs attentats

Un policier montant la garde le 21 janvier 2015 devant le magasin Hyper Cacher à Paris où quatre Juifs ont été  assassinés par Amédy Coulibaly, le 9 janvier 2015. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)
Un policier montant la garde le 21 janvier 2015 devant le magasin Hyper Cacher à Paris où quatre Juifs ont été assassinés par Amédy Coulibaly, le 9 janvier 2015. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)

« Baissez un peu le ton », « vous soufflez deux minutes, là ? », « vous m’écoutez ! » Face à l’explosif Ali Riza Polat, principal accusé au procès des attentats de janvier 2015, la cour d’assises spéciale de Paris a peiné lundi à sortir d’un interrogatoire cacophonique.

Coincé derrière la paroi vitrée, Ali Riza Polat s’agite, proteste, frappe du poing, hausse le ton à tout bout de champ. « Vous voulez absolument un coupable, mais ça va pas être moi ! », tempête ce Franco-turc de 35 ans, carrure corpulente, crâne rasé et chemise blanche.

Pendant les attentats, « j’étais chez moi. Je ne comprends pas en fait, il faut un bouc émissaire », insiste le trentenaire, seul des accusés présents devant la cour à répondre de « complicité » de crimes terroristes, passible de la réclusion criminelle à perpétuité.

« Moi je veux pas aller en prison pour ça, je veux pas aller en prison pour ça parce que j’ai rien à voir avec tout ça ! », répète-t-il à l’envi.

Présenté comme le « bras droit » d’Amédy Coulibaly, originaire comme lui de la cité de la Grande Borne à Grigny (Essonne), Ali Riza Polat est soupçonné d’avoir aidé le tueur de l’Hyper Cacher et les frères Saïd et Chérif Kouachi à préparer leurs attentats.

C’est lui, selon les enquêteurs, qui a organisé la recherche d’armes pour Amédy Coulibaly, notamment auprès du trafiquant Metin Karasular, chez qui une liste d’armes et de munitions avec des demandes de prix, rédigée de sa main, a été retrouvée.

C’est lui aussi qui a géré la vente de la Mini Cooper du jihadiste, qui aurait pu servir à financer les attentats.

Savait-il pour autant quel était son projet final ? Pour l’accusation, cela ne fait guère de doute, au vu de leur proximité amicale et religieuse et des multiples démarches accomplies à ses côtés.

La police française a publié cette photo d’Amédy Coulibaly, soupçonné d’avoir tué une policière à Montrouge le 8 janvier 2015, et quatre personnes dans un supermarché casher à Paris le 9 janvier 2015. (Crédit photo: AFP / Police française)

Mais Ali Riza Polat, lui, dément avoir eu connaissance de quoi que ce soit. « Je comprends pas. J’ai fait tout ça sans connaître les frères Kouachi, sans laisser une empreinte, une trace ADN ? », peste l’accusé, sourcils broussailleux et regard noir.

« Ce qu’il a fait, là, mais vous êtes malade ! Mais moi je suis pas là-dedans moi, mais moi faut pas me mêler à ça ! », poursuit-il en assurant avoir rendu des services à Amédy Coulibaly à cause d’une dette de 15 000 euros.

« Mon cerveau éclate »

Les éléments versés au dossier suggèrent toutefois qu’Ali Riza Polat semble avoir été pris de panique dans les jours qui ont suivi les attentats. Il s’est débarrassé de ses téléphones, il a fait détruire les puces de ses contacts et a même tenté de prendre la fuite.

Le 12 janvier 2015, l’accusé a ainsi pris l’avion pour le Liban, puis tenté sans succès de gagner la Syrie. Revenu en France une semaine plus tard, il est cette fois monté à bord d’un vol pour la Thaïlande via la Belgique, avant de revenir au bout de trois jours.

Pourquoi cette agitation ? « A ce moment-là, mon cerveau éclate, je suis affolé ! », jure l’accusé, qui nie avoir voulu rejoindre les rangs jihadistes. « Moi, chez l’Etat islamique, je fais même pas trente minutes, ils vont me tuer, je ne veux pas vivre sous la Charia, moi ! »

Face à la cour, Ali Riza Polat s’empêtre, parle d’un « enfant de pute » qui l’a « balancé », d’un « proxénète à deux francs qui raconte de la merde ».

« Attendez, attendez monsieur », l’interrompt le président Régis de Jorna, pour le ramener aux faits. Mais l’accusé continue. « Moi, j’ai jamais travaillé, j’ai fait des magouilles toute ma vie. Je veux de l’argent, c’est mon but dans la vie, je veux pas mourir pauvre ! »

« On fait une petite pause, on redescend un peu ! », tente de le calmer le magistrat, soucieux d’en savoir plus sur ses relations avec Amédy Coulibaly ou sur sa conversion à l’islam.

Mais, Ali Riza Polat poursuit son monologue. « Je regrette un truc de fou d’avoir arrêté de vendre de la drogue, j’étais bien quand je vendais de la drogue », assure-t-il crânement. Avant, soudain, d’hurler à nouveau: « moi, je me suis jamais levé un matin pour tuer qui que ce soit, monsieur ! »

Après deux heures de dialogue de sourds, Régis de Jorna annonce une suspension d’audience. « Pour vous et pour les oreilles des uns et des autres! », précise-t-il. L’interrogatoire doit durer deux jours.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.