Au Kenya, Netanyahu veut reconstruire une majorité mondiale pour Israël
Cela peut prendre une décennie, mais l’Etat juif réussira à changer les votes mondiaux en sa faveur, a dit le Premier ministre
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

NAIROBI, Kenya – Soulignant l’importance de sa visite actuelle dans quatre pays africains, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis dimanche de continuer à étendre les relations d’Israël avec le continent entier, pour au final éliminer la majorité dite automatique contre l’Etat juif dans les forums internationaux comme les Nations unies.
Après avoir conclu un sommet avec des dirigeants africains de sept pays à Entebbe, en Ouganda, Netanyahu a déclaré que le nombre de pays du continent cherchant à coopérer activement avec Israël continuerait d’augmenter.
Cela entraînera un changement du vote des nations africaines, a-t-il ajouté, mais il n’a pas annoncé de promesse concrète qui lui aurait été faite par les dirigeants qu’il avait rencontrés dans la journée.
« Nous voulons cette alliance, cette alliance peut changer au fur et à mesure, cela prendra du temps, mais nous avons placé un objectif, et nous changerons », a-t-il déclaré aux journalistes alors que son avion descendait vers l’aéroport de Nairobi.
« Cela peut prendre une décennie, mais nous changerons la majorité automatique contre Israël. C’est quelque chose qui n’a jamais été possible dans le passé… Nous sommes un pays avec des valeurs qui est recherché par les pays du monde. Nous avons beaucoup d’admirateurs dans le monde », a-t-il déclaré en réponse à une question du Times of Israël.
Les premiers signes d’un changement du vote ont déjà pu être vus en septembre dernier, à la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique à Vienne, pendant laquelle l’Egypte a proposé une résolution demandant un régime d’inspections internationales pour les installations nucléaires d’Israël. La résolution n’a pas rassemblé de majorité.
« Certains pays [africains] ont voté pour nous, ou du moins pas contre nous. Cette tendance va continuer », a déclaré le Premier ministre.
Netanyahu a également cité l’intention de la Tanzanie d’ouvrir sa première ambassade en Israël comme signe supplémentaire des relations qui se réchauffent entre le continent et l’Etat juif.

Après sa visite actuelle en Afrique de l’Est, Netanyahu prévoit une visite similaire dans la partie occidentale du continent dans le futur, a-t-il déclaré, refusant de citer les pays où il comptait se rendre.
Il a également rejeté des informations sur une nouvelle enquête contre lui. « Chaque fois que je vais à l’étranger, ils trouvent une enquête ou une autre. Cela n’a aucun sens », a-t-il déclaré.
Lundi, au début du sommet avec les dirigeants de sept états africains (Ouganda, Rwanda, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Soudan du Sud, Zambie), Netanyahu a parlé d’un « changement monumental dans les relations entre Israël et l’Afrique », déclarant que la rencontre au palais présidentiel d’Entebbe était « importante ».
« Je crois en l’Afrique. Je crois en votre futur et je crois en notre partenariat pour ce futur, a déclaré le Premier ministre. Et je pense que cette rencontre serait bientôt vue comme un tournant de la capacité d’Israël à toucher un grand nombre de pays africains, ce qui est notre objectif. »
Pendant un sommet régional sur le contre-terrorisme qui était organisé dans le cadre de la visite de Netanyahu à Entebbe, le Premier ministre et les présidents de sept pays africains ont publié une déclaration commune qui a renforcé le discours de Netanyahu.
« Ce sommet annonce le début d’une nouvelle ère dans les relations entre Israël et les pays d’Afrique », pouvait-on lire dans le communiqué.
Israël et les sept pays africains ont promis une plus grande coopération dans un grand nombre de domaines, principalement le contre-terrorisme et la technologie.

Les pays africains ont de plus déclaré qu’ils « attendaient avec impatience que l’Union africaine (UA) réaccorde rapidement le statut d’observateur à l’Etat d’Israël », était-il écrit dans le communiqué. « Cette mesure reflètera [notre] amitié et bénéficiera mutuellement aux deux parties. »
Israël avait autrefois le statut d’observateur à l’UA mais l’a perdue suite aux pressions des pays arabes d’Afrique du Nord il y a une décennie.
L’Autorité palestinienne bénéficie elle depuis plusieurs années d’une relation privilégiée avec l’UA, et son président Mahmoud Abbas est régulièrement invité aux sommets de l’organisation, qui lors de ses derniers sommets témoignait de « sa solidarité indéfectible au peuple palestinien » et condamnait « la politique israélienne d’occupation et d’agression ».
Le président kényan Uhuru Kenyatta et le Netanyahu se sont dits unis mardi dans la lutte contre le terrorisme, promettant une coopération accrue face à ce « défi » alors qu’Israël tente d’affirmer sa présence sur un continent qui l’a longtemps boudé.
« En travaillant ensemble, nous pouvons défaire encore plus vite ce fléau qu’est cette terreur », a affirmé Netanyahu lors d’une conférence de presse commune à Nairobi avec le président Kenyatta.
« Israël et le Kenya sont des alliés naturels, car ils font face aux mêmes défis », a-t-il ajouté, rappelant que les deux pays entretiennent des liens étroits depuis l’indépendance du Kenya en 1963.
« Il est important qu’Israël établisse une nouvelle relation avec l’Afrique », a de son côté soutenu Kenyatta. « Les problèmes plus larges auxquels nous faisons face actuellement sont différents de ceux auxquels nous devions faire face il y a 30 ans ».
Concernant la lutte contre le terrorisme, il a ajouté : « Israël doit faire face à ce défi depuis plus longtemps que nous en tant que pays et en tant que région ».
Rebondissant sur l’évènement marquant le 40e anniversaire de l’audacieuse opération de sauvetage d’otages d’Israël à l’aéroport d’Entebbe, Netanyahu a déclaré qu’il était remarquable que le président ougandais Yoweri Museveni ait dit pendant son discours qu’Israël avait eu raison de lancer un raid pour libérer les otages.
« Il est extraordinaire que le président d’un pays dans lequel nous sommes entrés, et où nous avons tué des soldats de ce pays, ait justifié nos actions et même organisé une cérémonie pour les commémorer », a déclaré Netanyahu aux journalistes voyageant avec lui.
Museveni s’est étrangement référé à Israël dans son discours comme à la « Palestine », mais Netanyahu a déclaré que le président lui avait ensuite expliqué qu’il avait voulu faire référence au territoire de la Palestine mandataire.
L’AFP a contribué à cet article.