Audrey Kichelewsky sur les traces de criminels de guerre polonais
Issue d'une famille juive polonaise, elle est la lauréate du Prix espoir 2018 de l'Université de Strasbourg
« Il y a une dimension personnelle » dans ces recherches, avoue Audrey Kichelewsky, maître de conférences à Strasbourg.
« J’ai fait des études d’Histoire pour connaitre l’histoire de ma famille ». Audrey Kichelewsky est la lauréate du Prix espoir 2018 de l’Université de Strasbourg pour ses recherches sur les criminels de guerre polonais.
Aujourd’hui, elle se rend régulièrement en Pologne, « où elle scrute les archives judiciaires de l’Institut de la mémoire nationale sur les traces des procès des criminels de guerre, » lit-on sur le site de l’Université de Strasbourg où elle enseigne.
« Les procès contre les nazis ayant déjà fait largement l’objet de travaux », selon Kichelewsky, « j’ai opté pour les procès moins connus de la deuxième vague, dans les années 60. Il y en a eu des milliers. »
Après ses recherches et la publication en mai 2018 de son livre Les survivants qui traite des Juifs de Pologne de 1945 à nos jours, l’historienne est sollicitée « pour commenter certaines actualités du pays » notamment après les « événements récents qui ont eu lieu en Pologne ».
Depuis l’adoption de la loi controversée sur la Shoah, l’antisémitisme semble n’avoir cessé de croître en Pologne.
Une situation dénoncée par les représentants des institutions juives locales qui évoquent « un climat croissant d’intolérance, de xénophobie et d’antisémitisme dans le pays. Le discours de haine s’échappe du cadre d’internet et se répand dans l’espace public; le nombre de menaces et d’insultes dirigées contre les institutions juives ne cesse d’augmenter ».
La loi dite de la Shoah, un amendement à la loi de l’Institut national du souvenir du pays, a été adoptée en février dernier. Elle rend illégal le fait de blâmer la nation polonaise pour les crimes commis par les nazis. En juin, le Parlement l’a modifiée pour en faire un délit au civil plutôt qu’un délit pénal.