BDS : Des universitaires israéliens exclus d’une conférence sud-africaine
Une professeure de la faculté Ben-Gurion, qui a le sentiment que les "chercheurs sont piégés par la politique", a dit n'avoir jamais fait face à des appels au boycott aussi féroces
La participation de professeurs israéliens à une conférence a été annulée dans une université d’Afrique du sud suite aux pressions exercées par des organisations qui soutiennent le boycott d’Israël.
La décision prise mardi par le comité organisateur de l’événement intitulé « Reconnaissance, réparation, réconciliation » qui doit avoir lieu la semaine prochaine à l’université de Stellenbosch a suivi la réception d’une lettre, la semaine dernière, écrite par un certain nombre de groupes soutenant le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) anti-israélien.
« Au vu de notre ancien passé colonial et d’apartheid propre, de notre combat pour la liberté et de l’héritage d’inégalité, de violences, de racisme et de traumatisme que nous vivons encore aujourd’hui, nous trouvons flagrante la fausse symétrie entre un État agresseur et le mouvement de résistance populaire. Nous ne pouvons pas être favorables à une initiative qui, dans les faits, ‘normalise’ l’apartheid israélien », dit le courrier.
Les groupes ont également mis en cause « l’absence apparente d’une représentation palestinienne authentique » et ont estimé que Mohammed Dajani, qui doit prendre part à la conférence, est « promu par le lobby pro-israélien comme appartenant à ce qu’on appelle la ligne palestinienne ‘modérée’. »
Pumla Gobodo-Madikizela, cheffe du comité organisateur, a indiqué qu’elle avait discuté avec les universitaires israéliens suite à la lettre et qu’ils « ont tous depuis renoncé à leur présence à la conférence. Ils ne font plus partie du programme ».
Selon le quotidien Haaretz, sept professeurs israéliens venant de trois établissements supérieurs différents devaient initialement y assister.
Tout en exprimant son soutien au boycott d’Israël, Gobodo-Madikizela a défendu la décision qui avait été prise d’ouvrir les portes de la conférence à des chercheurs israéliens, disant qu’aucun d’entre eux « ne représente le positionnement de l’Etat d’Israël contre les Palestiniens ».
La professeure Shifra Sagy de l’université Ben-Gurion à Beer Sheva, l’une des universitaires qui devait se rendre en Afrique du sud, a déclaré qu’elle n’avait vu auparavant de campagne aussi stridente de boycott à l’encontre d’universitaires israéliens.
« Je suis invitée à de nombreuses conférences dans des endroits qui ne sont pas nécessairement fans d’Israël. Je ne tais jamais mon identité, c’est complètement le contraire : Mes allocutions commencent avec la déclaration que je viens d’un lieu de conflit et j’explique comment ce fait peut influencer mes recherches », a-t-elle dit à Haaretz.
« Jusqu’à présent, je n’avais jamais vu une telle réaction. Mon sentiment, c’est que les chercheurs sont pris au piège par la politique », a ajouté Sagy.
Haim Hames, recteur de l’université Ben Gurion, a qualifié la décision des organisateurs de la conférence de renoncer à la présence des participants israélienne de « capitulation dangereuse », expliquant qu’elle sape les valeurs qui sont au coeur du discours universitaire.
« Au-delà de l’ignorance basique et du manque de compréhension de base de la situation en Israël, je ne peux que condamner l’appel au boycott de l’université israélienne », a-t-il dit à Haaretz.