Berlin réagit aux allégations d’ingérence allemande et iranienne dans les manifestations
Réagissant aux propos de Galit Distel Atbaryan, ministre de la Diplomatie publique, l'ambassadeur allemand dénonce la comparaison entre son pays et l’Iran

L’ambassadeur d’Allemagne en Israël, Steffen Seibert, a réagi aux propos « décevants » de la ministre de la Diplomatie publique, Galit Distel Atbaryan, qui a déclaré que « l’argent allemand et iranien » se cachait derrière les manifestations antigouvernementales qui ont lieu actuellement et qui ont été provoquées par les projets du gouvernement de réformer le système judiciaire.
S’adressant mardi à la radio de l’armée, Atbaryan, du Likud, a déclaré que « le financement par des nations et des entités étrangères, dont la plupart sont antisémites, faire descendre dans la rue des gens sans leur dire que l’argent qui est derrière les manifestations vient de pays comme l’Allemagne ou l’Iran – Voilà la gauche [politique]. »
Seibert a dénoncé la comparaison faite par la ministre entre l’Allemagne, un allié d’Israël, et l’Iran, un ennemi juré qui a déclaré sa volonté d’anéantir l’Etat juif ouvertement.
« Nous sommes déçus de constater que la ministre Galit Distel a choisi de mentionner l’Allemagne, amie et partenaire démocratique d’Israël, aux côtés de l’Iran totalitaire, dans ce contexte », a déclaré Seibert, cité par le quotidien Haaretz.
« Je crois que dans ce pays épris de liberté, les Israéliens en général n’ont pas besoin d’instructions de l’étranger pour protester pour ce en quoi ils croient », a poursuivi le diplomate allemand.
Siebert a déclaré qu’il espérait rencontrer Atbaryan dans un avenir proche pour « en discuter personnellement. »

La coalition dirigée par Netanyahu pousse à une réforme radicale qui accroîtrait le contrôle du gouvernement sur le système judiciaire, lui permettrait d’annuler les décisions des tribunaux avec une faible majorité et lui donnerait les pleins pouvoirs sur les nominations judiciaires.
Les critiques disent que, avec d’autres projets de loi, ces réformes radicales auront un impact sur le caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système de freins et de contrepoids, en donnant un pouvoir presque total à l’exécutif et en éliminant toute mesure de protection des droits individuels ou des minorités.
Dans son interview à la radio de l’armée, Atbaryan s’en est prise aux opposants à la réforme judiciaire, les accusant d’utiliser les médias internationaux pour accroître la pression intérieure sur le gouvernement.
Faisant référence au mouvement pro-palestinien Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), Atbaryan a déclaré que « ce n’est plus le BDS de l’extérieur, mais le BDS [de l’intérieur d’Israël] ».
« Aucun d’entre nous, à droite, ne s’est jamais tourné vers des entités extérieures. Aucun d’entre nous n’a jamais briefé les journalistes à l’étranger contre Israël. Ni Netanyahu, ni personne au sein de la droite. Personne n’a incité à la rébellion comme le fait Ehud Barak », a-t-elle déclaré.
La semaine dernière, l’ancien premier ministre Ehud Barak a comparé les tentatives de réconciliation du président Isaac Herzog aux efforts d’apaisement de l’ancien premier ministre britannique Neville Chamberlain face au leader nazi Adolf Hitler.
Barak est ensuite revenu sur cette comparaison et s’est excusé.
Atbaryan a souligné qu’elle « ne mettait pas dans le même sac toutes les personnes qui ont participé aux manifestations ».
« Ce sont des gens bien, mes frères et sœurs. Je suis convaincue que beaucoup d’entre eux ne sont pas conscients de la vérité. Autant nous essayons de nous asseoir pour un débat respectueux et factuel, autant ils refusent. »
Abordant directement les réformes judiciaires défendues par le ministre de la Justice Yariv Levin, elle a déclaré que cette initiative « renforcera la démocratie et rétablira l’équilibre indispensable entre les instances et rendra au peuple ses pouvoirs. Israël, aujourd’hui, n’est pas démocratique. »