Berlin : Une femme condamnée pour usage d’un slogan anti-Israël
Selon la Cour, l'utilisation, quelques jours après le pogrom du 7 octobre, "ne pouvait être comprise que comme un déni du droit à l'existence d'Israël et une approbation de l'attaque"
La justice allemande a condamné mardi une femme de 22 ans à une amende de 600 euros pour avoir scandé le slogan très controversé « De la rivière à la mer » considéré comme antisémite et anti-Israël lors d’une manifestation organisée quelques temps après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.
Ce verdict du tribunal de première instance de Berlin a été dénoncé par son avocat comme une volonté de « punir » la jeune femme.
« C’est un jour sombre pour la liberté d’expression », a estimé Me Alexander Gorsky auprès de l’AFP.
« Le tribunal a criminalisé cette phrase […] alors que ma cliente voulait seulement exprimer l’espoir d’un avenir de coexistence démocratique entre tous les habitants de la région », a-t-il assuré, ajoutant qu’il allait faire appel du jugement.
Or, le slogan « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre » est régulièrement scandé dans les manifestations anti-Israël dans le monde depuis le début de la guerre entre Israël et le groupe terroriste palestinien à Gaza.
La phrase, telle qu’employée par le Hamas, est considérée par ses détracteurs comme antisémite car niant l’existence d’Israël ou appelant à son élimination. D’autres pensent qu’il s’agit simplement d’un appel à l’égalité entre Palestiniens et Israéliens.
Le tribunal a jugé que la jeune femme, identifiée seulement comme Ava M., avait de facto endossé les crimes du Hamas en scandant ce slogan lors d’une manifestation non autorisée le 11 octobre dans le quartier multiculturel berlinois de Neukölln, soit quelques jours seulement après l’assaut barbare et sadique du 7 octobre sur le sol israélien perpétré par le Hamas, explique-t-il dans un communiqué.
« Dans ce contexte concret, ce slogan ne peut être compris que comme une négation du droit à l’existence d’Israël et une approbation de l’attaque », a-t-il jugé.
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tuant près de 1 200 personnes, principalement des civils, tout en prenant 251 otages de tous âges, en commettant de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
La police allemande a pris des mesures sévères à l’encontre de toute déclaration publique ou écrite à caractère antisémite ou anti-Israël, ou glorifiant la violence ou le terrorisme, dans le cadre de la vague de manifestations contre la guerre en cours à Gaza.
Pourtant, un rapport publié en juin par l’Association fédérale des départements de recherche et d’information sur l’antisémitisme fait état d’une augmentation de 80 % des actes antisémites en Allemagne par rapport à l’année précédente, avec un taux moyen de treize cas par jour l’année dernière. Plus de la moitié des 4 782 actes de ce type enregistrés en 2023 se sont produits après le pogrom du 7 octobre.
En avril, la police berlinoise a ouvert une enquête sur un rassemblement anti-Israël et pro-palestinien dans les quartiers de Kreuzberg et Neukölln, au cours duquel les manifestants auraient scandé « Mort aux Juifs » et « Mort à Israël », des expressions qui, si elles sont vérifiées, pourraient constituer des infractions pénales en vertu des lois allemandes strictes sur l’incitation à la haine datant de l’après-Seconde Guerre mondiale.
En novembre dernier, le ministère allemand de l’Intérieur a interdit toutes activités liées au groupe terroriste palestinien du Hamas sur son sol.