Bill Clinton à Billy Crystal : « Je pense tous les jours à l’échec des accords d’Oslo »
Lors d’un entretien au Beacon Theatre, l’ex-président déplore l’échec des pourparlers de paix israélo-palestiniens, tout en défendant Israël après le 7 octobre
NEW YORK – L’échec des accords d’Oslo reste très présent à l’esprit de l’ancien président des États-Unis, Bill Clinton. Ces accords, censés établir une solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien, se sont effondrés six semaines avant la fin de son mandat [en 2001].
« Cela m’a brisé le cœur. J’y pense tous les jours », a confié Clinton, depuis un fauteuil en cuir marron, sur la scène du Beacon Theater.
L’entretien, mené par l’acteur et humoriste Billy Crystal, portait sur les nouvelles mémoires de Clinton, Citizen : My Life After the White House [Citoyen : Ma vie après la Maison-Blanche].
Et bien que leur conversation variée ait été ponctuée par des moments d’humour — la description par Clinton de sa désorientation durant quelques semaines après avoir quitté la Maison Blanche, car « personne ne jouait de chanson lorsque j’entrais dans une pièce », a suscité des rires — elle a surtout adopté un ton sérieux, voire poignant.
Après avoir présenté l’homme qui a été le 42e président des Etats-Unis, Crystal, le visage soucieux, s’est tourné vers Clinton, lui a demandé son avis sur les dernières élections présidentielles.
« Que s’est-il passé ? Où allons-nous ? » a demandé Crystal.
À peine la question posée, une spectatrice s’est levée et a crié des propos pour la plupart inintelligibles à propos d’une guerre nucléaire imminente. Clinton a attendu que le public se calme avant de répondre.
« Avant tout, partout dans le monde, les gouvernements en place perdent leurs sièges, qu’ils soient à droite, à gauche ou au centre. Peu importe que Biden quitte son poste après avoir créé le plus grand nombre d’emplois de l’histoire… Nous traversons une période difficile sur les questions du carburant, de la nourriture et du logement », a expliqué Clinton.
Tout en saluant le plan économique de la vice-présidente Kamala Harris, il a reconnu qu’elle faisait face à « un réel mécontentement dû à l’inflation et au temps qu’il faut pour en ressentir les bénéfices. Nous commençons à peine à récolter les fruits des trois plus grands succès législatifs de Biden », a-t-il ajouté.
L’ex-président a ajouté que Trump avait su exploiter les craintes liées à l’immigration et au « chaos à la frontière », ajoutant que « le grand don du président Trump était d’exciter tout le monde et de susciter la colère ».
Comme si cela avait été prévu, une deuxième chahuteuse s’est levée de son siège en criant : « Mettez fin à la guerre à Gaza, arrêtez d’armer
l’Ukraine ! »
« Où étiez-vous le 7 octobre ? », a demandé Bill Clinton à la personne en question, ajoutant qu’il était « très facile de critiquer Israël depuis l’endroit confortable où nous nous trouvons ce soir ».
Tout en évoquant sa carrière de défenseur des droits de l’homme après la présidence, qui l’a mené de l’Inde à la Louisiane, et ses amitiés avec l’ancien président sud-africain Nelson Mandela et l’ancien président américain George W. Bush, Bill Clinton a passé une grande partie de la soirée à parler du conflit israélo-palestinien.
« Il est important », a-t-il souligné,
« que les gens comprennent ce qui a provoqué la guerre actuelle » à Gaza, une guerre déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, au cours duquel des membres du groupe ont assassiné plus de 1 200 hommes, femmes et enfants dans le sud d’Israël et ont enlevé 251 personnes pour les emmener dans la bande de Gaza.
« Lorsque le Hamas a décidé de faire ce qu’il a fait et de conclure un accord avec l’Iran, avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah et avec les Houthis, les jeux étaient faits. Bien que je ne sois pas d’accord avec la politique de Netanyahu – je ne pense pas que le problème sera résolu par la force – ce n’est pas une coïncidence si la zone la plus dévastée en Israël le 7 octobre était celle des kibboutzim le long de la frontière. C’est précisément là que vivaient les Israéliens les plus favorables à un État palestinien tel que celui que nous avions proposé sous ma présidence », a-t-il déclaré.
Clinton a ensuite orienté la conversation sur les accords d’Oslo et sur le fait que ces accords auraient donné aux Palestiniens un État sur 96 % de la Cisjordanie et 4 % d’Israël, sur des terres qu’ils auraient choisies, et qu’ils leur auraient également eu leur aéroport et un port de mer.
Six semaines avant que Clinton ne quitte la Maison Blanche, Yasser Arafat s’est rendu dans le Bureau ovale.
« Je lui ai demandé s’il comptait signer [l’accord] et il m’a répondu : ‘Oui, je vais signer’. Il ne l’a jamais fait. [Le Premier ministre Yitzhak] Rabin a été tué et depuis la situation n’a fait qu’empirer. »
« Nous devons comprendre, tous les acteurs concernés doivent comprendre, que trop de personnes sont mortes. Il nous faut un cessez-le-feu et ramener les otages chez eux », a ajouté Clinton.