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Washington qualifie de « génocide » les violences de l’armée birmane contre les Rohingyas

Environ 850 000 Rohingyas se trouvent dans des camps au Bangladesh voisin de la Birmanie et 600 000 autres membres de la communauté demeurent dans l'Etat Rakhine en Birmanie

Les réfugiés rohingyas musulmans entrent au Bangladesh depuis le Myanmar le 7 septembre 2017 (Crédit : Dan Kitwood/Getty Images)
Les réfugiés rohingyas musulmans entrent au Bangladesh depuis le Myanmar le 7 septembre 2017 (Crédit : Dan Kitwood/Getty Images)

Les Etats-Unis ont pour la première fois lundi déclaré officiellement que la minorité musulmane des Rohingyas avait été victime d’un « génocide » perpétré par l’armée birmane en 2016 et 2017.

« J’ai établi que des membres de l’armée birmane ont commis un génocide et des crimes contre l’humanité contre les Rohingyas en 2016 et 2017 », a déclaré à Washington le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Des preuves montrent « une intention claire derrière ces atrocités — une intention de détruire des Rohingyas, en totalité ou en partie », a-t-il ajouté. « Les intentions de l’armée sont allés au-delà du nettoyage ethnique, pour aller jusqu’à une véritable destruction » de cette minorité, selon lui.

Il a précisé qu’il s’agit de la huitième fois depuis l’Holocauste que les Etats-Unis reconnaissent officiellement l’existence d’un génocide.

Le secrétaire d’Etat s’exprimait lors d’une visite au musée de l’Holocauste à Washington, qui présente une exposition intitulée « Burma’s Path to Genocide » (le chemin de la Birmanie vers le génocide).

M. Blinken a déclaré en décembre lors d’une visite en Malaisie que les Etats-Unis cherchaient « très activement » à savoir si le traitement de la communauté rohingya pourrait « constituer un génocide ».

Des réfugiés rohingyas en pleurs durant une manifestation qui commémore le premier anniversaire de la répression militaire qui a conduit à un exode massif de la population rohingyas de Myanmar vers le Bangladesh, au camp de réfugiés Kutupalong à Ukhia, le 25 août 2018. (Crédit : AFP/Dibyangshu Sarkar)

Un rapport publié par le département d’Etat en 2018, cité par CNN, décrivait la violence contre les Rohingyas dans l’Etat Rakhine, dans l’Ouest de la Birmanie, comme « extrême, à grande échelle, généralisée et apparemment destinée à la fois à terroriser la population et à chasser les résidents rohingyas ».

Environ 850 000 Rohingyas se trouvent dans des camps au Bangladesh voisin de la Birmanie et 600 000 autres membres de la communauté demeurent dans l’Etat Rakhine en Birmanie.

« Cela aurait dû être fait depuis longtemps, toutefois je pense que la décision américaine va aider le processus devant la CIJ pour les Rohingyas », a estimé un réfugié rohingya dans l’un des camps où vivent les personnes déplacées par la crise, près de Sittwe, capitale de l’Etat Rakhine.

Thin Thin Hlaing, une militante pour les droits des Rohingyas, a également salué la décision américaine. « J’ai le sentiment de vivre dans un blackout mais à présent nous voyons une lumière parce qu’ils reconnaissent notre souffrance », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Je n’oublierai jamais les douloureuses histoires que j’ai entendues en 2017 auprès de membres de la communauté rohingya en Birmanie et au Bangladesh -des histoires de violences et de crimes contre l’humanité », a tweeté de son côté dimanche soir le sénateur américain de l’Oregon Jeff Merkley en commentant les informations sur la décision américaine à venir.

« C’est bien de voir l’administration effectuer ce pas tant attendu pour demander des comptes à ce régime brutal, ce à quoi je travaille depuis des années », a-t-il ajouté.

Davantage de sanctions

Si un génocide est juridiquement désigné contre la Birmanie, le pays pourrait subir des sanctions supplémentaires et de restrictions visant l’aide internationale, entre autres sanctions contre la junte militaire, a avancé le quotidien The New York Times.

Les Etats-Unis ont imposé une série de sanctions aux dirigeants birmans et, à l’instar d’autres pays occidentaux, restreignent depuis longtemps leurs exportations d’armes pour les militaires birmans, lesquels ont été accusés avant même le coup d’Etat militaire du 1er février 2021 de crimes contre l’humanité pour leurs exactions envers les Rohingyas.

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi. (Crédit : AP Photo/Aung Shine Oo)

Le dossier ouvert contre la Birmanie devant la CIJ par la Gambie en 2019 a été compliqué par le putsch qui a renversé Aung San Suu Kyi et son gouvernement civil, déclenchant des manifestations de masse et une répression sanglante.

La lauréate du prix Nobel de la paix, qui a été critiquée par des groupes de défense des droits de l’homme pour son implication dans la répression des Rohingyas, est à présent assignée à résidence et jugée par les mêmes généraux qu’elle a défendus auprès de La Haye.

Le 15 mars, un rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme portant sur la période ayant suivi le putsch a accusé l’armée birmane de possibles crimes contre l’humanité et crimes de guerre depuis le coup d’Etat et appelé la communauté internationale à prendre immédiatement des mesures.

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