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Bnei Brak: La police a cherché à « se venger » dans les heurts, disent les Haredim

Litzman accuse la police de "sanctions collectives" après les violences anti-confinement qui ont blessé sept policiers ; Netanyahu critique les émeutiers

La police fait fonctionner le confinement à Bnei Brak, le 21 janvier 2020. (Crédit : Police israélienne)
La police fait fonctionner le confinement à Bnei Brak, le 21 janvier 2020. (Crédit : Police israélienne)

Vendredi, les politiciens ultra-orthodoxes s’en sont violemment pris à la police après des échauffourées majeures qui ont eu lieu pendant la nuit à Bnei Brak. Des policiers et des émeutiers opposés aux directives de confinement se sont affrontés et les forces de l’ordre ont rapporté que les agents avaient été « brutalement attaqués ».

Les heurts, qui ont commencé jeudi soir et qui ont continué jusqu’aux premières lueurs de l’aube, vendredi matin, ont éclaté après que des manifestants dénonçant le confinement ont blessé une policière en patrouille dans cette ville majoritairement ultra-orthodoxe.

Au moins six personnes ont été arrêtées pour troubles à l’ordre public. Sept policiers ont été blessés, ont noté les forces de l’ordre.

Ces heurts violents ont été condamnés par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a juré de réprimer sévèrement toutes les personnes ayant contrevenu aux mesures adoptées dans le cadre du confinement et ayant agressé des membres de la police israélienne. Mais, pour leur part, les alliés ultra-orthodoxes de Netanyahu s’en sont pris aux forces de l’ordre auxquelles ils ont attribué la responsabilité de ces émeutes.

Le nouveau ministre du Logement et ancien ministre de la Santé Yaakov Litzman, lors de sa cérémonie d’investiture au ministère du Logement à Jérusalem, le 18 mai 2020. (Olivier FitoussiFlash90)

« Ce à quoi nous avons assisté ce soir à Bnei Brak, c’est à une vengeance agressive d’agents qui avaient été incités à la violence », s’est emporté le ministre du Logement Yaakov Litzman, qui dirige le parti YaHadout HaTorah, dans un communiqué.

Il a accusé les forces de l’ordre d’avoir appliqué une « sanction collective » aux 200 000 habitants de Bnei Brak, ajoutant néanmoins que toutes les violences devaient être dénoncées, y compris celles commises contre les policiers.

« Je condamne néanmoins avec force l’ordre qui a été donné d’envoyer une compagnie d’agents qui a sorti toute sa colère sur les passants à l’aide de matraques, en utilisant des grenades incapacitantes et des canons à eau et en mettant en péril, pendant toute la nuit, de nombreuses personnes », a-t-il continué.

Il a appelé le ministre de la Sécurité intérieure Amir Ohana et le chef de la police, Yaakov Shabtai, à réclamer des « clarifications » concernant la conduite des agents.

La police arrête un homme dans la ville ultra-orthodoxe de Bnei Brak pendant des affrontements suite aux restrictions entraînées par le coronavirus, le 22 janvier 2021. (Capture d’écran/YouTube)

Comme Litzman, le vice-ministre Meir Porush de YaHadout HaTorah a déclaré que la police s’était comportée « comme dans le cadre d’une campagne de représailles violente ».

Le maire de Bnei Brak, Abraham Rubinstein, a expliqué qu’il avait discuté avec Shabtai et qu’il avait demandé l’ouverture d’une enquête interne de la police concernant l’usage de grenades incapacitantes. Il a aussi accusé les forces de l’ordre d’avoir voulu « se venger », affirmant que les agissements des policiers n’avaient été aucunement liés à la mise en œuvre du confinement.

« Bnei Brak n’est pas un no man’s land où il serait permis de se déchaîner de manière indiscriminée », aurait dit Rubinstein, des propos repris par le site d’information Ynet.

La police a émis ultérieurement un communiqué rejetant ces critiques. Elle a fait savoir que ses agents avaient été « brutalement agressés ».

« L’escalade des violences survenue la nuit dernière à Bnei Brak a été entraînée par des comportements criminels et dangereux », a noté la police.

Elle a juré de « faire appliquer le confinement sans compromis » et de répondre à toutes les violences contre les membres des forces de l’ordre.

La police a aussi indiqué que les émeutiers « faisaient honte au public tout entier » et qu’ils portaient préjudice à la santé des Israéliens ultra-orthodoxes en contrevenant aux règles et en agressant les policiers.

« Malheureusement, ce n’est pas le seul cas, cette semaine, où des agents qui tentent de faire respecter les directives induites par le coronavirus sont attaqués, et ce phénomène ne cesse de se répéter », a précisé un communiqué distinct.

Kobi Shabtai, nouveau chef de la police, le 28 septembre 2017. (Moshe Shai / Flash90)

Shabtai a juré que la police répondrait « de manière décisive » aux agressions commises contre les policiers et qu’elle continuerait à faire appliquer les mesures de confinement.

« L’intensité de l’imposition nécessaire des règles sera déterminée par l’ampleur des violations et le comportement des personnes qui y contreviennent, conformément à la loi », a-t-il dit.

Le commissaire de la police israélienne a aussi appelé à revoir à la hausse les amendes distribuées aux institutions qui n’adhèrent pas aux directives du confinement et il a aussi demandé aux « Israéliennes et Israéliens qui respectent la loi » de dénoncer les émeutiers de Bnei Brak.

« Que vous appréciez ou non les mesures mises en place pour lutter contre le coronavirus, le rôle de la police est de les faire respecter », a écrit sur Twitter, pour sa part, Amir Ohana, dont le ministère est responsable des forces de l’ordre.

Ohana, membre du Likud de Netanyahu, a déclaré que toutes les attaques contre les policiers « ne sauront passer inaperçues ». Il a ajouté que la majorité des résidents de Bnei Brak respectait la loi et que les habitants avaient, la nuit dernière, vécu une « injustice ».

Cette déclaration avait suivi un autre tweet d’Ohana dans lequel il avait condamné les violences en évoquant « un crime méprisable et une profanation du nom de Dieu par des crapules », promettant une réponse rapide.

Les affrontements ont commencé quand des dizaines d’émeutiers ont attaqué deux membres des forces de l’ordre qui se trouvaient dans une voiture de patrouille, à Bnei Brak, blessant légèrement une policière. Des images de l’attaque montrent la foule entourant la voiture, jetant des pierres dans sa direction et brisant ses vitres à l’aide de barres métalliques, alors que certains manifestants tentent d’ouvrir les portes.

Les agents se trouvaient dans un véhicule civil banalisé. Il est difficile de dire pour le moment s’ils portaient l’uniforme ou, le cas échéant, ce qui a permis aux protestataires de les identifier. Selon certains médias israéliens, il s’agissait d’une équipe d’enquêteurs.

Les hommes s’étaient réunis dans le cadre d’une manifestation dénonçant la fermeture d’une yeshiva de la ville qui avait ouvert ses portes en violation des restrictions du confinement.

De plus, environ une heure après l’attaque initiale, des membres de l’unité spéciale Yasam de la police israélienne ont mené une opération dans une yeshiva de la ville – apparemment la même institution qui avait été impliquée dans l’incident précédent. L’entrée des officiers de l’unité a entraîné de vives perturbations dans toute la ville, certains résidents bloquant les routes et incendiant des poubelles et des pneus. Certains habitants de Bnei Brak ont qualifié les agents de « nazis » et les policiers ont utilisé des moyens de dispersion d’émeutes, et notamment des grenades lacrymogènes.

Les émeutiers appartenaient à une faction extrémiste du mouvement hassidique Vizhnitz, selon les médias.

Les affrontements violents avec la police concernant l’application du confinement national visant à maîtriser la pandémie de coronavirus sont presque quotidiens dans certains pans de la communauté ultra-orthodoxe. D’autres groupes, au sein de la population haredi, se soumettent pour leur part aux restrictions.

Des critiques ont accusé Netanyahu de répugner à réprimer les Haredim afin de ne pas entraîner la colère de ses partenaires de coalition ultra-orthodoxes.

Vendredi également, la police a dispersé des dizaines de personnes qui s’étaient réunies dans deux synagogues de l’implantation ultra-orthodoxe de Beitar Illit, et a distribué des amendes. Un homme a été arrêté, soupçonné d’avoir mordu un agent à la main, selon la chaîne publique Kan.

Dans le quartier Mea Sharim de Jérusalem, bastion de sectes hassidiques anti-sionistes, la police a fait savoir qu’un journaliste avait été agressé par des émeutiers après avoir tenté d’utiliser sa caméra. Les agents recherchent actuellement les éventuels auteurs de cette agression.

Le journaliste, un cameraman israélien travaillant pour une chaîne de télévision danoise, a été blessé à la main et au front par des pierres et des poubelles ont été lancées dans sa direction, a fait savoir la Douzième chaîne.

« Cela fait déjà vingt ans que je travaille à Jérusalem et j’ai couvert toutes sortes d’événements », a-t-il confié à la chaîne. « Jamais je n’aurais pu imaginé assister un jour à un tel niveau de violence, c’était fou. »

La police a aussi empêché une yeshiva ultra-orthodoxe d’Ashdod d’ouvrir ses portes, en violation des restrictions décidées dans le cadre du confinement. L’établissement avait continué à accueillir des élèves malgré des tentatives répétées de le faire fermer.

Les opérations de la police visant à faire fermer une yeshiva qui était ouverte en violation des règles du coronavirus à Ashdod, le 22 janvier 2020. (Crédit : Police israélienne)

Les policiers ont monté la garde devant la yeshiva Grudna pour s’assurer que personne ne pourrait y pénétrer. Elle est affiliée à la Faction de Jérusalem, une secte extrémiste et anti-sioniste.

Certains ultra-orthodoxes rassemblés devant le bâtiment ont hué les policiers et ont tenté d’entrer malgré tout dans le bâtiment. Il n’y aurait pas eu d’affrontements.

Ce raid de vendredi avait suivi de nombreuses tentatives de faire fermer la yeshiva, dont les administrateurs avaient refusé de se soumettre à l’obligation d’arrêter les cours en présentiel décidée dans le cadre du confinement national. Dans un reportage diffusé cette semaine, la Douzième chaîne avait rapporté que le séminaire était resté ouvert, même si l’opérateur d’une ligne d’urgence avait affirmé de manière répétée et à tort que l’établissement recevait des élèves à besoins particuliers.

Des émeutes avaient eu lieu, au début du mois, dans une autre yeshiva appartenant à la Faction de Jérusalem, quand la police avait été déployée pour la faire fermer.

Le responsable du gouvernement en charge de la réponse contre le coronavirus dans la communauté ultra-orthodoxe, Roni Numa, a estimé cette semaine que 15 % des écoles haredim étaient restées ouvertes pendant le confinement actuel, ajoutant qu’environ 12 000 étudiants ultra-orthodoxes avaient contracté le coronavirus au cours du dernier mois.

La police a renforcé ses opérations dans la communauté suite à des informations parues dans les médias qui avaient laissé entendre que la mise en vigueur du confinement, au sein de la population haredi, avait été laxiste de la part des forces de l’ordre, avec des chiffres révélant que le nombre d’amendes distribuées dans ces quartiers étaient significativement plus bas que ce n’était le cas dans la population générale.

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